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Le gouvernement accusé de recruter des mercenaires somaliens - Le HCR s’inquiète

Somali women with baby in Basateen Obinna Anyadike/IRIN
Le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a exprimé ses préoccupations quant aux allégations émises dans les médias d’opposition à l’encontre du gouvernement yéménite, accusé de recruter des réfugiés somaliens comme mercenaires pour l’aider à réprimer un mouvement de protestation de plus en plus important pour le départ du président Ali Abdullah Saleh.

Selon Hala Al-Horany, responsable de la protection au HCR, dans la ville d’Aden (sud), l’organisme a enquêté et s’est longuement entretenu avec les chefs des communautés de réfugiés, mais il n’a pu trouver aucune preuve, même anecdotique, du recrutement, par le gouvernement, de mercenaires au sein de l’importante population somalienne réfugiée au Yémen.

« Nous sommes préoccupés par cette situation, que nous continuons de surveiller car elle a de graves implications en matière de protection des réfugiés à court et long termes », a dit Mme Al-Horany à IRIN. « Nous avons également mené des opérations de sensibilisation au sein des communautés ; nous les avons averties qu’il ne fallait pas participer aux manifestations, et encore moins s’engager comme mercenaire ».

Les accusations de recrutement de mercenaires ont été formulées par les médias d’opposition, notamment la chaîne de télévision Aden Live ; selon le HCR, elles ont également été relayées par les réseaux sociaux tels que Facebook. Elles rappellent d’autres informations, provenant de Libye, selon lesquelles le chef de l’Etat Mouammar Kadhafi, en difficulté, recruterait des combattants étrangers ; une situation qui a abouti à la persécution des immigrés et des travailleurs d’Afrique subsaharienne, accusés – par les opposants de M. Kadhafi – de soutenir le régime.

Hali Mahaji Abdi, bénévole à l’ADRA, un organisme d’aide au développement, à Basateen, un quartier d’Aden principalement peuplé de Somaliens, a expliqué à IRIN qu’elle n’avait entendu aucune rumeur sur le recrutement de mercenaires ; pour elle, il s’agit d’une idée absurde : « La Somalie est en guerre et nous avons trouvé la liberté ici, au Yémen ; comment les Somaliens pourraient-ils venir combattre au Yémen ? ».

Selon les estimations, il y aurait 181 561 réfugiés somaliens au Yémen, dont la plupart résident en milieu urbain et se sont vu accorder le statut de réfugié prima facie par un gouvernement qui a adopté une politique d’ouverture. La Somalie est déchirée par le conflit depuis la destitution de l’ancien président Siad Barre en 1991.

A Aden, les manifestants hostiles au gouvernement se plaignent amèrement de la brutalité dont auraient fait preuve les forces de l’ordre au cours d’échauffourées qui ont fait plus d’une vingtaine de morts depuis le 16 février. En revanche, parmi les personnes interrogées par IRIN, aucune n’a évoqué la menace de mercenaires somaliens.

Elles se sont néanmoins accordées à dire que le recrutement et l’entraînement des mercenaires, s’ils avaient lieu, se dérouleraient dans la région reculée et montagneuse d’Abyan, dans le sud, où opère al-Qaeda, et qui compte plusieurs bases militaires yéménites.

Les manifestations menacent les moyens de subsistance des Somaliens

Le président Saleh, au pouvoir depuis 32 ans, se trouve confronté à une opposition de plus en plus forte dans l’ensemble du pays, en particulier chez les jeunes, qui réclament davantage d’emplois, une répartition plus équitable des richesses et la fin de la corruption. A Aden, les manifestants ont bloqué les rues de plusieurs quartiers, lançant des barricades pendant les troubles et paralysant une bonne partie de la ville.

Cette situation est problématique pour les réfugiés somaliens, qui sont autorisés à travailler au Yémen mais qui gagnent généralement leur vie en mendiant ou en travaillant au jour le jour comme laveurs de voitures ou comme domestiques.

« Six ou sept personnes louent une chambre et essayent de se débrouiller, mais le loyer est cher [environ 35 dollars par mois]. Certaines femmes ne peuvent pas sortir pour aller travailler, ou reviennent tôt car elles craignent de se retrouver au milieu des manifestations », a dit Nasiha Omar d’INTERSOS, une organisation non gouvernementale (ONG) qui dirige un centre d’accueil pour les réfugiés de Basateen.

Mme Al-Horany a indiqué qu’il avait été demandé à l’ADRA d’être « plus inclusive » dans le ciblage des bénéficiaires de son aide financière, pour les aider à faire face, le cas échéant, à une augmentation de leurs besoins.

« Tout peut arriver, c’est pourquoi nous mettons à jour notre plan d’urgence, nous formons les réfugiés et nous les aidons à former des comités conjoints avec nos [ONG] partenaires pour gérer les services essentiels au cas où la situation exploserait », a-t-elle ajouté.

Ironiquement, si les violences politiques prennent de l’ampleur à Aden, il est possible que l’on observe, dans le quartier apolitique de Basateen, un afflux de population en quête de stabilité et de services disponibles. « Ces dernières semaines, lorsque les routes qui mènent aux hôpitaux des autres quartiers ont été bloquées, on a vu les Yéménites qui vivaient dans les quartiers voisins affluer à Basateen pour se rendre au centre de santé primaire du quartier », a indiqué Mme Al-Horany.

oa/cb –nh/amz

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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