Autour d’un feu, Farouk partage du thé, du pain et du fromage avec cinq autres veilleurs de son quartier.
« L’autre jour, nous avons trouvé une mitrailleuse dans l’une des voitures qui est arrivée ici », a-t-il dit, ajoutant qu’ils ont déjà remis entre les mains de l’armée deux suspects armés.
Depuis le début des manifestations contre le régime dans toute l’Égypte, le 25 janvier, les patrouilles de police normales ne sont plus effectuées et certaines prisons ne sont plus gardées, ce qui occasionne un vide sécuritaire sans précédent.
De nombreux citoyens ont réagi en mettant sur pied leurs propres groupes informels de sécurité pour protéger les rues, les voitures, les commerces, les maisons et les propriétés.
La télévision d’État met l’accent sur les risques sécuritaires. Elle montre des milliers d’hommes et de femmes en train de pénétrer par effraction dans les supermarchés et les commerces et de les piller. L’hypermarché Carrefour est l’un des endroits qui a été totalement vidé de son contenu.
À Nasr City, des voleurs des quartiers pauvres voisins profitent de l’absence de la police pour cambrioler les maisons. Nombre d’entre eux possèdent des armes automatiques, et Farouk et ses amis ont dû s’armer comme ils le pouvaient : ils ont une épée, des couteaux, des bâtons et une arme à feu.
« Nous sommes prêts à dissuader les voleurs qui viennent ici », a dit Mohsen Khalil, un enseignant de 28 ans, un ami de Farouk et l’un des surveillants. « Nous ne méritons pas de vivre si nous sommes incapables de protéger nos familles...L’un de mes voisins a été abattu par des voleurs il y a quelques jours. C’est pour ça que tout le monde est sur le qui-vive ».
Des détenus en liberté
Les rapports des médias selon lesquels des milliers de prisonniers se seraient évadés aggravent la situation sécuritaire.
Personne ne sait exactement comment et pourquoi ils ont réussi à s’évader, mais on raconte que des hommes masqués et armés sont entrés dans les prisons, ont tué les gardiens et libéré les détenus avant de mettre le feu aux bâtiments. Certains gardiens ont dit que les prisonniers s’étaient emparés de grandes quantités d’armes avant de prendre la fuite.
De temps en temps, Farouk et Khalil entendent des coups de feu. Ils racontent qu’ils voient des détenus passer en voiture et tirer en l’air pour faire peur aux résidents avant de cambrioler leur maison. D’autres disent qu’ils utilisent des haut-parleurs pour demander aux résidents de certaines zones d’amener leurs objets de valeur dans la rue et les menacer de les abattre s’ils ne se plient pas à leurs exigences.
« Ils sont partout ici », a dit Farouk. « Ce sont de véritables tueurs : ils sont prêts à tirer sur n’importe qui ».
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