1. Accueil
  2. East Africa
  3. Somalia

Le voyage dangereux vers « la terre du lait et du miel » s’achève par l’ expulsion

US Navy personnel tow a disabled skiff carrying 52 Somali migrants. Gulf of Aden Wikimedia Commons
Selon le Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, le HCR, sur les 78 487 Ethiopiens et Somaliens qui ont fait la traversée vers le Yémen en partant de la Somalie et de Djibouti en 2009, 685 sont décédés en mer
Hawa Aden a quitté Bosasso, une ville côtière dans la région autonome autoproclamée du Puntland, en 2009, pour un voyage dangereux en bateau à travers le golfe d’Aden vers le Yémen, puis elle a marché 20 jours pour atteindre l’Arabie saoudite.

« J’étais épuisée et terrifiée quand nous sommes arrivés là-bas [Yémen] mais en même temps j’étais heureuse », a dit Mme Aden à IRIN. « J’ai cru que j’étais arrivé à la terre du lait et du miel [l’Arabie saoudite] ».

Des centaines de Somaliens entreprennent ce périlleux voyage vers l’Arabie saoudite via le Yémen, mais beaucoup d’entre eux finissent par être expulsés.

Selon le Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, le HCR, sur les 78 487 Ethiopiens et Somaliens qui ont fait la traversée vers le Yémen en partant de la Somalie et de Djibouti en 2009, 685 sont décédés en mer.

Huit femmes et sept hommes venant de Somalie accompagnaient Hawa Aden pendant son voyage. Ils ont tous réussi à atteindre l’Arabie saoudite où Mme Aden a trouvé du travail comme employée domestique dans une petite ville.

« J’ai travaillé là-bas pendant un an et demi ; ce n’était pas parfait mais au moins je pouvais envoyer de l’argent aux membres de ma famille, qui étaient tous dans des camps de personnes déplacées en Somalie », a-t-elle dit.
Un jour, elle a décidé de se rendre à Djeddah et elle a aussitôt été arrêtée par la police saoudienne.

« J’ai été emprisonnée avec beaucoup d’autres Somaliens, et plus tard expulsée vers Mogadiscio », a dit Hawa Aden. « Je suis partie avec les vêtements que je portais. Ils ne voulaient même pas m’autoriser à récupérer mon dernier salaire ».

Hawa Aden a eu la chance de pouvoir, au moins, travailler pendant plus d’un an, à l’inverse d’Ayan Abukar, 18 ans, qui s’est rendue en Arabie Saoudite via Bosasso, la Mer Rouge et le Yémen, et qui a été arrêtée trois mois après son arrivée.

« J’étais en route vers mon travail quand ils m’ont arrêtée », a dit Ayan Abukar. « Je n’avais travaillé que trois mois et n’ai réussi à envoyer de l’argent à ma famille que pour un mois ».

Son retour, à l’improviste à Mogadiscio, a brisé le cœur de ses parents : « Ils pensaient que j’étais en Arabie saoudite, en train de travailler – jusqu’à ce que je me présente sur leur palier. Ma famille est très pauvre. J’étais leur seule source de revenus », a-t-elle expliqué.

Ayan Abukar est déterminée à réessayer. “Je sais que le voyage est dangereux et je risque d’être à nouveau expulsée mais je n’ai pas d’autre option. Il n’y a que la mort ici ».

Mohamed Abdirahman Ilmi, 19 ans, a vécu la même expérience. Il a quitté Bosasso en janvier 2009. « Cela ne nous a pris que 12 jours pour atteindre l’Arabie saoudite ; nous avons voyagé de nuit et sommes entrés en Arabie saoudite quand les gardes étaient endormis », a-t-il dit.

Il a ajouté qu’il avait travaillé pendant presque deux ans et a réussi à envoyé de l’argent à sa famille à Mogadiscio. « Je voulais aussi économiser suffisamment d’argents pour partir dans un endroit où je pourrais aller à l’université ».

Il a quitté la Somalie parce que Mogadiscio était trop dangereux, « surtout si vous êtes un jeune homme. Tout le monde veut vous faire rentrer dans l’armée [la milice] », a-t-il expliqué.

Il avait été arrêté en Arabie saoudite avec d’autres jeunes Somaliens alors qu’ils essayaient d’acheter de la nourriture. « En prison, les gardes étaient incroyablement cruels ; si vous demandiez quelque chose ou posiez une question, ils vous privaient de nourriture et d’eau ».

Il a ajouté qu’il y avait des bastonnades et d’autres abus. « Priez pour ne jamais finir dans une prison saoudienne », a-t-il dit.

M. Ilmi a dit qu’il ne retenterait pas le voyage depuis Bosasso. « Nous avons à peine survécu au dernier voyage ; je vais tenter ma chance et m’inscrire dans une des universités ici. Peut être est ce la raison pour laquelle Dieu m’a renvoyé ici ».

Expulsions critiquées

Le HCR a dit qu’environ 10 000 Somaliens avaient été expulsés d’Arabie saoudite en 2010.
Roberta Russo, porte-parole du HCR, a dit à IRIN que « La grande majorité des expulsés ne sont pas connus du HCR, car ils ne se sont pas inscrit dans notre bureau [en Arabie saoudite]. Nous avons très peu d’informations à leur sujet [en Arabie saoudite] et aussi quand ils sont renvoyés à Mogadiscio ».

Mme Russo a dit que le HCR « condamnait fermement les expulsions vers Mogadiscio. Elles représentent, en ce moment, une condamnation à mort. Nous demandons à tous les gouvernements de ne pas renvoyer les Somaliens à Mogadiscio, où les droits de l’homme sont bafoués tous les jours, et où les civils sont blessés et tués par les combats ».

Human Rights Watch (HRW), dans un communiqué publié le 22 décembre 2010, a demandé au gouvernement saoudien d’arrêter les expulsions de Somaliens vers Mogadiscio.

« Expulser quelqu’un vers une zone de guerre comme Mogadiscio est inhumain, mais renvoyer des enfants va au-delà de la compréhension », selon Rona Peligal, directrice de la division Afrique d’HRW, comme cité dans le communiqué.

Contactés par IRIN, les responsables saoudiens ont refusé de commenter sur cette question.
Sheikh Ali Raage, un savant musulman, a dit à IRIN que les expulsions n’étaient pas compatibles avec l’Islam. « L’Islam préconise la protection pour ceux qui fuient les combats, la faim et tout autre trouble, qu’ils soient musulmans ou non-musulmans », a-t-il expliqué.

Il a ajouté qu’ils [les réfugiés] devraient bénéficier des besoins de base, comme la nourriture, l’abri et la sécurité.
Les expulsions ont lieu alors que les combats s’intensifient entre les forces gouvernementales, soutenues par les forces de maintien de la paix de l’Union Africaine, et les insurgés islamistes al-Shebab qui contrôlent une grande partie de la Somalie centrale et du sud, y compris la majorité de Mogadiscio.

Depuis 1990, plus d’1,4 million de Somaliens sont des déplacés internes dans leur propre pays, et au moins 600 000 se sont réfugiés dans les pays voisins.

ah/mw –sk/amz

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

Partager cet article

Get the day’s top headlines in your inbox every morning

Starting at just $5 a month, you can become a member of The New Humanitarian and receive our premium newsletter, DAWNS Digest.

DAWNS Digest has been the trusted essential morning read for global aid and foreign policy professionals for more than 10 years.

Government, media, global governance organisations, NGOs, academics, and more subscribe to DAWNS to receive the day’s top global headlines of news and analysis in their inboxes every weekday morning.

It’s the perfect way to start your day.

Become a member of The New Humanitarian today and you’ll automatically be subscribed to DAWNS Digest – free of charge.

Become a member of The New Humanitarian

Support our journalism and become more involved in our community. Help us deliver informative, accessible, independent journalism that you can trust and provides accountability to the millions of people affected by crises worldwide.

Join