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La pauvreté, un danger pour les communautés de mineurs de diamants à l’est

A rough diamond Wikimedia Commons
Un diamant brut provenant du Zimbabwe – la nouvelle richesse de Manica
Des milliers de personnes qui dépendent de l’extraction des diamants dans les régions orientales de la République centrafricaine (RCA) gagnent un salaire de misère et sont harcelées sans relâche par des groups armés locaux et étrangers, révèle une nouvelle étude de l’International Crisis Group (ICG).

Pauvreté et criminalité sont caractéristiques du secteur du diamant en Centrafrique, selon le rapport intitulé De dangereuses petites pierres : les diamants en République centrafricaine.

« L’incapacité des mineurs artisanaux à échapper à la pauvreté handicape le développement dans les régions minières et augmente le risque de voir les jeunes hommes et femmes rejoindre les groupes rebelles, dans l’espoir d’améliorer leur sort », indique le rapport.

Le faible niveau d’éducation, le coût élevé de l’extraction et les limites de la production ont eu des conséquences néfastes. « Les mineurs ignorent pour la plupart la valeur véritable d’un diamant, et même s’ils la connaissent, ils sont obligés de vendre au prix proposé, quelquefois par un contrat écrit, au collecteur qui a financé le travail…Un collecteur peut ainsi acheter un diamant d’un carat à un mineur pour 80 000 francs CFA [160 dollars] et le vendre à un bureau d’achat pour 200 ou 300 000 francs CFA, » a dit le rapport.

Les coûts supplémentaires, tels que la location de l’équipement et les frais de permis, rendent l’existence extrêmement précaire, surtout pour ceux qui ont à nourrir une famille nombreuse.

Les dépôts diamantifères en RCA sont alluviaux, ce qui rend l’extraction plus difficile et l’exploitation minière industrielle moins viable. A présent, la production est fondée sur la méthode des essais et des erreurs et sur l’utilisation de pelles et de paniers pour ramasser le gravier dans le lit des rivières. On estime qu’entre 80 et 100 000 mineurs dépendent de l’extraction artisanale pour leur subsistance.

Le rapport de l’ICG recommande de formaliser le secteur minier, afin de réduire les coûts liés à l’extraction, d’améliorer les conditions de vie et de diminuer le nombre de réseaux miniers illégaux. Une mauvaise application de la loi profite aux mineurs illégaux et aux négociants, ainsi qu’aux bandits dans les zones minières. L’étude préconise aussi l’expansion des activités de subsistance, y compris l’agriculture. Selon le Fonds des Nations Unies pour l’enfance, la malnutrition chronique en RCA résulte, en particulier, de la perte de revenus dans les zones minières.

Des groupes armés comme la Convention des patriotes pour la justice et la paix (CPJP) et l’Union des forces démocratiques pour le rassemblement (UFDR) demeurent actifs dans la partie est de la zone diamantifère, faisant de « l’est un endroit où il est dangereux de vivre et se déplacer », a dit le rapport qui note que, si les bénéfices issus des diamants ne sont pas la seule explication de l’activité rebelle, ils ont néanmoins contribué à la difficulté de mettre fin à ces rébellions en RCA.

La connexion tchadienne

Fin novembre, la CPJP s’est emparée de la ville de Birao dans la province nord-est de Vakaga, provoquant des déplacements de population après le départ des troupes de la mission des Nations Unies qui y étaient déployées. Depuis, la CPJP a été évincée par une troupe commune de soldats de RCA et du Tchad.

La mission des Nations Unies en RCA et au Tchad a été établie en 2007 pour protéger les civils, faciliter l’aide humanitaire et protéger le personnel des Nations Unies dans l’est du Tchad et le nord-est de la RCA. Elle s’est terminée en mai à la demande du gouvernement tchadien qui a promis de prendre l’entière responsabilité de la protection des civils sur son territoire.

Selon un rapport du 1er décembre par le Secrétaire général des Nations Unies, M. Ban Ki-moon, au Conseil de sécurité de l’ONU, les risques dans le nord-est sont dus à des problèmes ethniques, économiques et politiques, et la sécurité reste « stable, mais fragile », car les forces de sécurité à Birao ne disposent que de capacités limitées pour repousser d’éventuelles attaques.

La menace de la LRA

M. Ban a ajouté que l’Armée de résistance du Seigneur (la LRA), un groupe rebelle ougandais, représentait également une menace, même si les principales sources de l’insécurité étaient le banditisme et les personnes qui traversent la région avec des armes à vendre. La menace la plus directe, a dit M. Ban, provient des groupes d’opposition armés à l’intérieur du pays, en particulier la CPJP.

Selon l’IGC, la présence de la LRA plus au sud est « une raison supplémentaire pour l’UFDR de retarder le désarmement ». La décision prise en juillet par le président Francois Bozizé, à savoir forcer les soldats ougandais à la poursuite de la LRA en RCA à quitter Sam Ouandja dans la province de Haute Kotto en échange d’un soutien international plus important, a laissé un vide qui a été rempli par l’UDFR.

Le manque de forces de maintien de la paix, suite au départ de l’armée ougandaise, provoque des inquiétudes, car « les troupes [ougandaises] fournissaient au moins un certain degré de protection aux civils, » a dit le groupe de plaidoyer Resolve.

Dans certaines parties du sud-est, l’insécurité due à la présence de la LRA, force souvent les habitants à quitter leurs villages. La population de M’Boki, Zémio, Rafaï et Obo et des environs, dans les provinces du Mbomou et du Haut-Mbomou, a presque doublé, ce qui n’est pas sans conséquences sur les ressources en eau et en nourriture, selon le Comité international de la Croix-Rouge.

Ces deux provinces bordent la Province Orientale de la République démocratique du Congo et la région de l’Equatoria occidental au Sud Soudan, qui ont été également la cible d’une série d’attaques de la LRA, ce qui a récemment poussé les agences humanitaires à lancer un appel en faveur d’une action internationale contre la LRA.

aw/cb – og/amz

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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