Selon la déclaration de Gary Lewis, représentant de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (UNODC) pour l’Asie du Sud-Est, lors de la publication de la dernière évaluation régionale, la présence combinée d’argent, de drogue et d’armes à feu dans un contexte de pauvreté et de conflit constitue un terrain propice à la multiplication de la production et du trafic de drogue.
Depuis 2006, la superficie des terres utilisées pour la production d’opium a régulièrement augmenté au Myanmar, le deuxième producteur de pavot à opium du monde après l’Afghanistan.
En 2010, le nombre de producteurs d’opium était estimé à 1,2 million et la superficie cultivée avait atteint 38 100 hectares, ce qui représente une augmentation de 20 pour cent par rapport à 2009. Selon ce même rapport, la part du Myanmar dans la production mondiale d’opium est ainsi passée de cinq pour cent en 2009 à 14 pour cent en 2010.
Augmentation de la production de méthamphétamine
Parallèlement à la hausse de la production d’opium, les experts témoignent d’une multiplication par trois des saisies de comprimés de méthamphétamine au Myanmar et dans toute la région au cours de l’année.
Selon le rapport, la plus grande partie de la production est destinée à l’exportation dans la région et à l’international. Cependant, les spécialistes ont fait part de leur inquiétude face à l’apparente augmentation de la consommation de stimulants de type amphétamine (ATS) au Myanmar, qui en est le plus grand producteur mondial.
« Il y a maintenant un double problème de production d’opium et de trafic de stimulants de type amphétamine », a dit M. Lewis. « Il faut proposer aux communautés locales d’autres façons de gagner leur vie ».
Peu de possibilités et un accès limité
Avec l’aggravation de l’insécurité alimentaire, la production d’opium et le trafic d’ATS sont devenus des sources de revenus encore plus attrayantes.
« Nous devons agir sur les conditions qui motivent ce comportement », a dit M. Lewis.
Selon le rapport, sur 1,2 million de cultivateurs de pavot, 77 pour cent le font pour s’acheter de la nourriture, tandis que neuf pour cent, soit 100 000 fermiers, le font pour leur consommation personnelle.
Toujours selon ce rapport, environ 40 pour cent des habitants des villages producteurs de pavot de la province de Shan, au nord-est, d’où provient 92 pour cent de la production nationale, n’auront pas suffisamment de nourriture pour tenir toute l’année. Ce chiffre s’élevait l’an dernier à 28 pour cent.
Dans la région, quatre foyers sur dix cultivent du pavot à opium. La plupart des usines de fabrication y sont également installées.
Selon les sondages, certains agriculteurs qui avaient arrêté de cultiver de l’opium l’année dernière s’y sont remis cette année pour rembourser des emprunts contractés pour acheter de la nourriture. Il ne sera pas facile de convaincre les agriculteurs d’abandonner la culture de pavot, qui est la plus lucrative.
Enfin, dans une situation de conflit entre des groupes ethniques minoritaires et le gouvernement, il est difficile d’accéder aux zones vulnérables. « L’accès constitue toujours un problème », a dit Jason Eligh, représentant par intérim de l’UNODC au Myanmar.
« Il est clair que la production et le trafic de drogue dans ce contexte ne peuvent être ignorés », a dit M. Lewis. « Nous demandons davantage de ressources et qu’une plus grande attention soit accordée à la sécurité des habitants [notamment] dans l’État de Shan ».
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