« La philosophie de l’aide [au Népal] est axée sur un effort de réduction de la pauvreté dans les régions rurales en assurant l’accès – accès à l’eau, à l’éducation, aux marchés, et pour assurer l’accès, il faut passer par les routes rurales », a dit David Petley, titulaire de la chaire des dangers et des risques à l’université de Durham, au Royaume-Uni. « Ce n’est pas que je ne sois pas d’accord avec tout cela, mais il faut penser davantage à la route et à la société qui vit autour de cette route ».
Les chercheurs attribuent la recrudescence des glissements de terrain ces 15 dernières années à la construction inconsidérée de routes en travers de versants instables, aux fortes pluies, tombant sur des terres déboisées, et aux déplacements tectoniques observés sur le crête des montagnes de l’Himalaya, relativement jeune. Mais il arrive souvent que des décès surviennent lorsque des communautés apparaissent le long de ces routes mal conçues.
« Tant qu’on a un bulldozer, ces routes peuvent supporter un glissement de terrain », a dit M. Petley. « Ce n’est plus vraiment le cas lorsque des gens vivent le long de la route ».
Lorsqu’une route est construite en travers d’un versant, les terres de soutènement sont retirées et le risque de glissements de terrain devient plus important – en particulier pendant la saison des pluies, de juin à octobre.
« On ne peut pas simplement construire une route qui suit le contour, il faut faire très attention à la pente et à la manière d’entailler le flanc du coteau », a dit Amit Kumar, principal responsable de projet du programme de gestion des risques de catastrophes urbaines de l’Asia Disaster Preparedness Center (ADPC), un organisme sis à Bangkok.
Glissements de terrain entre 1971 et 2006 | |
Bilan des morts : 3 889 | |
Blessés : 1 188 | |
Bâtiments détruits : 16 799 | |
Bâtiments endommagés : 1 209 | |
Pertes foncières : 21 797 hectares | |
Têtes de bétail décimées : 9 046 | |
Source: National Society for Earthquake Technology - Népal, 2008 |
Des terres saturées d’eaux de pluie
Cette année, pendant la saison des moussons, les précipitations (les plus abondantes observées depuis huit ans) ont provoqué en août 33 glissements de terrain, ensevelissant des milliers de logements et coûtant la vie à 100 habitants. Bien qu’il s’agisse d’une diminution par rapport aux 43 glissements de terrain qui avaient fait plus de 150 morts l’année dernière, selon l’International Landslide Centre, une organisation non gouvernementale (ONG) britannique, la tendance générale de ces 28 dernières années révèle que l’augmentation du nombre de routes a entraîné une recrudescence des glissements de terrain. L’augmentation notable du nombre de victimes observée à partir du milieu de l’année 1990 correspond au développement de la construction routière dans les districts des collines.
« On peut vraiment suivre les glissements de terrain le long des nouvelles constructions routières rurales », a dit Rita Jayasawal, chargée de la coordination nationale pour le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) au Népal.
Lorsque l’histoire se répète
L’Asie, qui compte un grand nombre de régions sujettes aux glissements de terrain – de l’Inde aux Philippines – est le continent le plus touché par les glissements de terrain, en partie parce qu’elle se situe le long de lignes de faille actives, selon l’ADPC.
Dès lors, la plupart des menaces de glissements de terrain à venir seront liées aux séismes, et non aux précipitations, selon l’ADPC. « Le Népal devrait subir un grand séisme catastrophique », a dit Mme Jayasawal. « C’est donc notre priorité première en termes de préparation ».
Selon les prévisions établies par l’ADPC dans son évaluation, les zones les plus dangereuses se trouveront dans les districts des collines, dans le centre du pays ; notamment à Katmandou, la capitale, qui compte presque un million d’habitants. A l’inverse, des glissements de terrain causés par la pluie et les mauvaises infrastructures devraient avoir lieu dans l’ensemble du pays, en étant plus concentrés dans les collines du centre et de l’est du pays.
Si la plupart des forces de la nature sont incontrôlables, la construction de routes plus sûres et la sensibilisation aux signaux d’alerte – notamment l’eau qui déborde du bord d’une falaise, les arbres penchés vers la terre ou les fissures dans la montagne – peuvent sauver des vies, a dit M. Kumar.
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