En Amérique latine, les enfants d’origine indigène sont plus susceptibles que les autres – entre 1,6 et 2,5 fois - d’être sous-alimentés.
Au Népal, une étude a révélé que 23 pour cent des enfants de la majorité chinoise étaient en insuffisance pondérale, contre 34 pour cent des enfants des minorités ethniques des montagnes nordiques, et 45 pour cent des enfants des régions montagneuses du centre et des zones du littoral.
Et il ne s’agit là que de quelques exemples d’exclusion sociale et de la manière dont celle-ci limite la réalisation universelle des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD), selon un nouveau rapport de Naila Kabeer, professeur à l’Institute for Development Studies (IDS) ; le rapport, intitulé Can the MDGs provide a pathway to social justice? The challenges of intersecting inequalities ?Les OMD peuvent-ils ouvrir la voie à la justice sociale ? Les défis des inégalités corrélées?, a été publié par l’IDS et le Fonds pour la réalisation des OMD.
A l’ouverture du sommet de trois jours tenu à New York, Ban Ki-moon, Secrétaire général des Nations Unies, a exhorté les dirigeants mondiaux à « rester fidèles » pour assurer l’atteinte des objectifs d’ici à 2015.
« Fidèles à notre identité de communauté internationale bâtie sur une fondation de solidarité. Fidèles à l’engagement que vous avez pris en vue de mettre fin aux conditions deshumanisantes de l’extrême pauvreté ».
Ban Ki-moon a également souligné qu’être « fidèle signifie traiter les inégalités qui existent à la fois dans et entre les pays. Même dans les pays qui ont accompli des progrès impressionnants, les inégalités rongent la cohésion sociale ».
Ce concept a été souligné de nouveau dans le rapport de résultats publié le 22 septembre : « Nous sommes extrêmement inquiets ... de constater que le nombre de personnes qui vivent dans la pauvreté extrême et qui ont faim dépasse le milliard, et que les inégalités entre et dans les pays restent une difficulté considérable ».
« Je pense qu’un certain nombre d’organismes des Nations Unies, dont [le Fonds des Nations Unies pour l'enfance] l’UNICEF en particulier, tentent de souligner les inégalités et l’exclusion sociale dans le cadre de leurs activités ces dernières années, donc l’idée elle-même n’est pas révolutionnaire », a dit Mme Kabeer à IRIN, par email. « Mais parfois, une idée met du temps à s’installer dans la conscience institutionnelle ».
« Il était peut-être temps, au moment du sommet, que cette idée d’inégalité finisse par émerger. En dressant le bilan des progrès accomplis en vue d’atteindre les OMD, il est devenu clair que la plupart des progrès avaient été principalement accomplis par les segments de population pauvres faciles à atteindre ; les populations les plus vulnérables, en revanche, sont très à la traîne ».
Dans leur forme originale, les OMD ne traitent pas de « justice sociale ». « Ils [les OMD] sont essentiellement formulés de façon à mesurer les progrès “moyens” accomplis par rapport aux objectifs. Si ces mesures permettent de constater les progrès globaux accomplis aux plans national ou mondial, elles n’indiquent pas si ces progrès sont généraux ou équitables », a écrit Mme Kabeer.
La revue The Lancet s’est faite l’écho de ce point de vue dans un article publié le 13 septembre, en collaboration avec le London International Development Centre : « Les OMD nous permettent de nous intéresser en priorité à l’accès à des niveaux de prestation minimum en matière de santé, d’éducation ou de revenus, mais ils ne vont pas jusqu’à traiter les relations sociales inégales qui vont de pair avec le dépassement du seuil minimum de suffisance... La pauvreté est considérée comme le défi à relever, et non les inégalités ; dès lors, les pays riches sont dispensés de fixer, eux aussi, leurs propres objectifs ».
« Il était peut-être temps, au moment du sommet, que cette idée d’inégalité finisse par émerger » |
« ... Les bailleurs et les gouvernements n’aiment pas beaucoup parler d’inégalité. L’accent mis sur le genre [dans le rapport de résultats sur les OMD] va les y contraindre, mais il existe d’autres formes d’inégalités qui doivent aussi être traitées », écrit Lawrence Haddad, directeur de l’IDS, dans son blog, intitulé Development Horizons.
« La récente analyse statistique réalisée par Andy Sumner, membre de l’IDS, démontre peut-être de la manière la plus frappante la nécessité de résoudre les inégalités pour accélérer les progrès en vue d’atteindre les OMD. Cette analyse révèle en effet que trois quarts de la population pauvre du monde ne vivent plus dans les pays “à faible revenu”. Les statistiques montrent que la pauvreté est tout autant une question d’inégalité à l’intérieur même des pays qu’un manque absolu de ressources dans un pays ».
Une nouvelle approche
Pour traiter les inégalités et l’injustice, il faudra adopter une approche de mise en œuvre des OMD complètement différente, selon Mme Kabeer ; il faudra notamment lancer des programmes de protection sociale, en assurant des transferts en espèces et en nature, ainsi que des programmes de travaux publics et d’alimentation scolaire, et des programmes d’assurance communautaires. « A l’heure actuelle, ils permettent d’aider plus de 150 millions de ménages dans les pays pauvres, selon les estimations, et profitent à environ un demi-milliard de personnes », écrit Mme Kabeer.
Bien que les dirigeants mondiaux se soient engagés, le 22 septembre, à consacrer 40 milliards de dollars de plus à l’éradication de la pauvreté, il sera difficile d’assurer de tels avantages sans l’adhésion des communautés ; sans initiatives gouvernementales de lutte ciblée contre la discrimination ; et sans traiter les inégalités structurelles globales, par exemple, dans le secteur du commerce.
« Le rapport de résultats sur les OMD est excellent dans son analyse des problèmes – il évoque l’importance de l’égalité, des droits humains et de la gouvernance participative - mais la section Actions est décevante – les moyens de surmonter ces difficultés n’y sont guère abordés de manière pratique », a estimé Mme Kabeer.
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