« Nous avons vu plusieurs familles de gitans arrivées au camp se faire refouler à l’entrée par d’autres victimes et certains organisateurs de l’ONG qui le dirigeait. Les femmes étaient en pleurs car elles n’avaient nulle part où aller », a déclaré à IRIN Imdad Imran, 30 ans, victime des crues.
« Les gens nous traitent de “malpropres” ou de voleurs. Nous campons au bord de la route parce que nous savons que d’autres victimes des crues n’aimeraient pas que nous vivions près d’elles, dans les camps », a confié Bala Din, un gitan de 60 ans, qui vit au bord d’une route, avec une trentaine d’autres membres de la communauté, depuis que les crues ont forcé les populations à évacuer les villages du district de Muzaffargarh, dans le sud-ouest de la province du Punjab, au début du mois d’août.
De temps à autre, les travailleurs humanitaires leur distribuent des vivres, a-t-il dit. « Mais nous avons souvent faim, contrairement aux résidents des camps ». Les gitans nomades qui vivent aux quatre coins du pays sont souvent victimes de préjudices.
Ils ne sont pas les seuls. A la suite des crues, d’autres groupes se sont également vu refuser des secours pour des raisons identitaires. Dans le district voisin de Dera Ghazi Khan, dans la province du Punjab, les villageois de la secte des Ahmadis, considérés comme non musulmans selon la loi pakistanaise, se sont vu refuser l’entrée aux camps après avoir fui leur région d’origine, le long de l’Indus.
« Les religieux de la région ont commencé à exiger que ces Ahmadis n’aient pas accès aux camps. La police les soutient. Cela a touché 500 familles », a déclaré à IRIN Qamar Suleiman, porte-parole de la communauté ahmadie, depuis la ville de Rabwah, dans le centre du Punjab. Des plaintes semblables ont été formulées dans les districts de Muzaffargarh et de Rajanpur, non loin de là.
« C’est la communauté ahmadie elle-même qui a aidé ces gens. Certains ont été conduits à Rabwah, d’autres ont reçu de l’aide à Dera Ghazi Khan », a déclaré M. Suleiman.
Hassan Iqbal, commissaire de Dera Ghazi Khan, a déclaré aux médias : « les Ahmadis devraient venir me voir directement s’ils sont victimes de discrimination ».
Insensibilité culturelle ?
Dans d’autres cas, une insensibilité culturelle semble se répercuter sur les secours apportés aux minorités. A Karachi, environ 600 victimes des crues issues de la communauté hindoue ont manifesté après avoir reçu du bœuf (une viande que leur religion leur interdit de consommer). Les responsables gouvernementaux ont attribué l’incident à un malentendu.
« Il y a peut-être eu des cas où certains Hindous se sont vu refuser une place dans les camps lde la province dud Sind, mais dans certains cas, les musulmans se sont eux aussi vu refuser des placesd. Cette crise causée par les crues est d’une ampleur telle que ce genre de problème doit arriver, au beau milieu de tout ce chaos, mais la discrimination n’en est peut-être pas la raison », a déclaré à IRIN Amarnath Motumal, leader de la communauté hindoue, depuis Karachi. Selon M. Motumal, la discrimination contre les minorités religieuses est répandue, et de nombreux incidents sont survenus sans rapport avec les crues elles-mêmes.
« Nous sommes venus ici, à Muzaffargarh, pour être hébergés par des parents qui nous ont offert de nous accueillir. Mais je n’arrive pas à trouver un emploi car les gens disent qu’ils préfèrent aider les musulmans », a confié Ram Lal, un Hindou de 40 ans, originaire de la région de Ghotki, au Sind.
Il y a également eu des exemples encourageants d’harmonie entre personnes de fois différentes. Dans d’autres cas, en revanche, le désespoir causé par le manque de nourriture a donné lieu à des manifestations de partialité.
« Nous avons vu des musulmans repousser des sikhs et des hindous aux points de distribution alimentaire, et nous avons dû intervenir pour nous assurer qu’ils recevaient des vivres », a rapporté un responsable administratif du district, sous couvert de l’anonymat, depuis Sukkur, au Sind.
« Lorsque nous distribuons des secours, nous ne faisons aucune distinction liée à la religion, aux castes ou aux relations », a assuré Amjad Jamal, porte-parole du Programme alimentaire mondial (PAM), depuis Islamabad.
Mais les préoccupations relatives à la discrimination restent vives, la Commission des droits de l’Homme du Pakistan, un organisme indépendant, s’étant déclarée choquée par le déni d’hébergement et de secours auquel se heurtent les victimes des crues issues de la communauté ahmadie.
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