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Chômage et prix alimentaires aggravent la faim

Badal Miah, 24, says raddish sales have plummeted in the wake of Cyclone Sidr in Barguna District, southern Bangladesh. David Swanson/IRIN
La conjonction de la hausse du chômage et des prix alimentaires, et de la stagnation de l’économie se fait sentir au Bangladesh, où de plus en plus de personnes ont du mal à survivre.

« Si je n’ai pas de travail demain ou si je tombe malade, toute ma famille va avoir faim », a dit Nur Islam, un habitant de Dacca qui tire un rickshaw dans la ville pour trois dollars par jour, pour pouvoir nourrir sa femme et ses trois enfants.

Selon les chiffres gouvernementaux, près de 40 pour cent des 16 millions de Bangladais vivent avec moins d’un dollar par jour et souffrent d’insécurité alimentaire. La hausse du chômage, l’inflation, le ralentissement économique et les imprévisibles désastres liés à la météo s’ajoutent à la rapidité de la croissance démographique pour enfoncer encore davantage le pays dans la crise alimentaire.

« Au cours des dernières années, de terribles cyclones et inondations, l’augmentation dramatique des prix alimentaires de 2008 et la récession globale ont eu un impact sur la croissance économique du Bangladesh, provoquant la dégradation de la sécurité alimentaire et de la situation nutritionnelle dans le pays », a dit à IRIN Emamul Haque, porte-parole du Programme alimentaire mondial (PAM) au Bangladesh.

D’après le PAM, le nombre de personnes dont la consommation alimentaire est inférieure aux apports journaliers recommandés est passé de 47 millions en 1990 à 56 millions en 2005. Suite aux inondations et au cyclone Sidr de 2007, ce chiffre a atteint un sommet en 2008 avec 65 millions de personnes affectées.

Trop pauvres pour acheter la nourriture

Une étude du Bureau des statistiques du Bangladesh (BBS) indique que près de 60 pour cent des foyers confrontés à l’insécurité alimentaire affirment souffrir de la faim parce que leurs revenus ne sont pas suffisants.

« Le manque de croissance économique est la principale raison de l’insécurité alimentaire au Bangladesh. Parfois la nourriture est disponible, mais les pauvres n’ont pas de pouvoir d’achat », a dit Quazi Shahabuddin, chercheur et ex-directeur du Bangladesh Institute of Development Studies. (Institut bangladais des études sur le développement)

Pour la Banque asiatique de développement, l’économie tourne au ralenti, les investissements stagnent et les exportations sont en baisse. Les chiffres du gouvernement montrent que le taux de chômage a atteint 5,1 pour cent en 2009 alors qu’il était de 4,2 pour cent en 2006, ce qui correspond à 2,7 millions de chômeurs en 2009, contre 2,1 en 2006.

Dans le même temps, l’inflation concernant des prix alimentaires a fait un bond de 0,3 pour cent en juin 2009 à 10,9 pour cent en février 2010, constate une étude de la Banque mondiale en avril. En mars dernier, le prix du riz à Dacca avait augmenté de 17,8 pour cent par rapport à mars 2009.

Men queue up for much needed government relief in Patuakhali District, southern Bangladesh, in the wake of Cyclone Sidr on 15 November. More than 3,000 people were killed when the category four storm struck the country's coastal belt.
Photo: David Swanson/IRIN
Des hommes font la queue pour recevoir l’aide alimentaire après le passage du cyclone Sidr
Plus de bouches à nourrir, moins à manger


Si la tendance actuelle à l’accroissement démographique – deux millions de personnes par an – continue, le Bangladesh devra faire face à des pénuries alimentaires encore plus sévères dans les prochaines années, atteignant un niveau critique en 2050, selon une étude d’Unnayan Onneshan, un groupe de recherche basé à Dacca.

Le changement climatique a aussi sa part dans l’insécurité alimentaire et fait craindre une réduction de la production de riz. Dans un rapport publié en mai, des experts estiment que, suite au changement climatique, la production de riz au Bangladesh risque de baisser de 80 millions de tonnes d’ici 2050, soit une réduction annuelle d’environ 3,9 pour cent.

« Le sol est sévèrement dégradé dans de nombreuses régions du pays ; l’eau est de plus en plus rare pour l’irrigation et les désastres naturels causent régulièrement des dégâts dans la production agricole », a dit Shenggen Fan, président de l’International Food Policy Research Institute (IFPRI ou Institut international de recherche sur les politiques alimentaires), à l’occasion du récent Bangladesh Food Security Investment Forum (Forum bangladais sur les investissements en sécurité alimentaire).

L’ampleur de cette insécurité alimentaire a de graves conséquences sur la santé de la population : près de sept millions d’enfants de moins de cinq ans souffrent d'insuffisance pondérale et trois millions de malnutrition aigüe, selon le PAM.

« Avec l’Inde, le Bangladesh a le plus grand pourcentage au monde de nouveaux-nés de faible poids à la naissance. La malnutrition par manque de micronutriments – la faim silencieuse – atteint également des taux alarmants au Bangladesh, touchant près de 30 millions de femmes et 12 millions d’enfants de moins de cinq ans », a dit John Aylieff, le représentant du PAM dans ce pays.

« Nous avons clairement l’impératif moral de faire face au problème de la malnutrition au Bangladesh. Mais il nous faut aussi reconnaître que la résolution des problèmes de malnutrition aurait un impact économique [bénéfique] considérable », a dit M. Aylieff. Il a mentionné une étude récente estimant que l’anémie par déficience en fer parmi les enfants bangladais causait à elle seule la perte de plus de quatre milliards de dollars de Produit intérieur brut (PIB) par an.

mw/mc/at/cb/og/ail

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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