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Forcés de vendre du bétail pour une poignée de dollars

Cattle in Zinder region, Southern Niger Anne Isabelle Leclercq/IRIN
Du bétail dans la région de Zinder, dans le sud du Niger
Les Nigériens vont vraisemblablement mettre plusieurs années à se remettre de la vente de leur bétail, affaibli par la sécheresse qui sévit dans la région du Sahel, pour une fraction de sa valeur normale.

Selon les estimations approximatives du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), la sécheresse menace près de 70 pour cent du cheptel.

« Reconstituer un troupeau sans aide peut prendre jusqu’à dix ans », a dit à IRIN le responsable de l’Association pour la redynamisation de l'élevage au Niger (AREN), Dodo Boureima. « L’année prochaine, les gens ne pourront pas vivre de leur bétail ».

Avec des pluies abondantes et l’aide du gouvernement et de la communauté internationale, les éleveurs devraient se remettre de leurs pertes en deux à trois ans, a dit Nourou Tall, responsable des programmes d’urgence de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).

Dans un pays où près des trois quarts des habitants, dont le nombre s’élève à environ 13,4 millions, dépendent au moins en partie de leur bétail, les animaux représentent une certaine sécurité économique : ils procurent du lait et de la viande pour les familles, de l’argent pour la nourriture, l’éducation et la santé et une dot pour les mariages.

Les éleveurs qui subissent les pertes les plus importantes pourraient se voir obligés de changer de métier, de garder le bétail d’autres personnes ou de chercher du travail dans les villages et les villes, a dit M. Boureima.

Aider les éleveurs de bétail

Le directeur du développement pastoral du ministère nigérien de l’Élevage et des Industries animales, Haido Abdul Malik, a voyagé à travers le pays au cours de deux dernières semaines afin d’évaluer les conditions d’élevage. Il s’inquiète de ce qu’il a vu : presque plus de pâturages, de la nourriture pour le bétail de plus en plus chère et des animaux faibles ou malades.

« Nous venons de rencontrer un éleveur qui avait 50 animaux qui ne pouvaient plus bouger. Nous en avons vu plusieurs qui étaient morts », a dit M. Malik à IRIN. « Nous avons vu du bétail d’une valeur de 150 000 francs CFA (300 dollars) être vendu à des bouchers pour 3 000 francs CFA (6 dollars). Ce n’est même pas suffisant pour acheter un sac de fourrage ».

Afin de protéger les éleveurs les plus pauvres, des organisations comme la FAO, Vétérinaires sans frontières (VSF) et le CICR achètent les têtes de bétail les plus faibles à des tarifs plus élevés que leur valeur marchande.

Au cours des deux derniers mois, dans le nord du Niger, le CICR a acheté et abattu près de 20 000 têtes de bétail et traité 60 000 autres contre les parasites. Le Comité a payé l’équivalent de deux mois de nourriture pour trois bêtes et la viande des animaux abattus a été redistribuée aux membres des communautés les plus vulnérables.

Les organisations vendent également du fourrage à des tarifs inférieurs aux prix courants, distribuent des vitamines et vaccinent les animaux pour les protéger des maladies.

A child with camels, donkeys and goats at the watering place near the village of Makanga, north of Tanout, Southern Niger
Photo: Anne Isabelle Leclercq/IRIN
Un enfant avec des chameaux, des ânes et des chèvres à l’abreuvoir, près du village de Makanga, au nord de Tanout, dans le sud du Niger
Trop tard ?


Grâce à la réaction rapide des éleveurs et des organisations internationales, les animaux, même s’ils sont faibles, ne meurent pas en masse, a dit M. Tall, de la FAO. « Les éleveurs ont tiré des leçons des crises passées et se sont déplacés avec leurs bêtes lorsqu’ils pouvaient encore le faire. Certains ont vendu des animaux quand ils avaient encore une bonne valeur marchande et ont acheté du fourrage à temps ».

Mais M. Boureima, le responsable de l’AREN, a dit que l’aide extérieure pour les animaux s’est encore trop fait attendre. Les éleveurs sahéliens ont écrit à leur gouvernement respectif, fin 2009, pour attirer leur attention sur la crise. « Cela leur a pris des mois avant de réagir. Nous aurions pu éviter [cette situation] », a dit M. Boureima à IRIN.

Le conseiller technique de VSF, Stéphane Pil, est du même avis : « Du fourrage aurait pu être distribué plus tôt, ce qui aurait diminué la pression sur les pâturages », mais il a ajouté que la réponse avait été meilleure et plus rapide que pendant la sécheresse de 2005.

Prévenir la prochaine crise

Selon la Banque mondiale, le Niger est l’un des pays les plus menacés par la sécheresse liée au changement climatique.

Les mécanismes traditionnels d’adaptation des éleveurs devront changer plus radicalement, étant donné les menaces environnementales auxquelles ceux-ci sont confrontés, a dit M. Pil.

« Les éleveurs se déplacent traditionnellement au fil des saisons. [Mais] ce mode de vie est menacé par le changement climatique. Les animaux souffrent de plus en plus régulièrement du manque de nourriture pendant la saison sèche et cela a des conséquences dramatiques pour la population ».

Des mesures gouvernementales doivent être mises en œuvre pour prendre cela en compte, a dit le conseiller humanitaire régional de l’Office d’aide humanitaire de la Commission européenne, Jan Eijenaar. « Le secteur doit être réglementé et des réserves doivent être constituées pendant les bonnes années ».

Abdou Magagi, éleveur, a soutenu le même point de vue en parlant à IRIN, au mois d’avril. « Nous ne conservons pas d’herbe, car nous n’avons rien à en faire quand la situation est normale. [Cette année,] nous aurions dû faire des réserves, mais si la situation redevient normale, plus personne ne va penser à stocker ».

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This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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