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Les retombées de la crise alimentaire au Niger

buying beans at Dawanau grains market in Kano. Aminu Abubakar/IRIN
Les réserves de mil et de sorgho des marchés du nord du Nigeria s’épuisent à cause des négociants qui les achètent pour les exporter au Niger voisin, où quelque 10 millions de personnes sont en situation d’insécurité alimentaire.

Les négociants en grains nigériens se rendent au marché de Dawanau, à Kano – le plus grand marché de céréales d’Afrique de l’Ouest – pour acheter des camions entiers de mil et de sorgho, localement appelé maïs de Guinée, afin d’alimenter les réserves alimentaires qui s’amenuisent.

« En moyenne, 30 camions de céréales quittent quotidiennement ce marché pour se rendre au Niger. Les négociants en grains nigériens achètent tous les sacs de céréales qu’ils peuvent trouver pour satisfaire la demande alimentaire élevée dans leur pays, où la nourriture est insuffisante », a dit à IRIN Aminu Mohammed, porte-parole des négociants en grains du marché de Dawanau.

« La demande excessivement élevée du Niger vient s’ajouter à la demande locale et se traduit par un amenuisement de nos réserves de céréales », a dit M. Mohammed. Le marché de Dawanau approvisionne une grande partie du Nigeria et nombre de ses voisins, mais une partie des céréales que l’on y trouve sont cultivées au Niger.

Au cours des trois derniers mois, des centaines de Nigériens du sud ont afflué dans les cinq États de Katsina, Yobe, Jigawa, Sokoto et Borno, dans le nord du Nigeria, à la recherche de travail temporaire pour gagner de l’argent afin d’acheter des céréales.

« J’ai laissé mes deux femmes et mes neuf enfants dans mon village et je leur envoie des céréales et d’autres produits que j’achète ici chaque semaine », a dit à IRIN Umaru Isa, de Falanku, dans la région de Maradi, dans le sud du Niger.

Les régions nigériennes de Maradi, Zinder, Diffa, Tilaberi et Tahoua sont les plus touchées par l’insécurité alimentaire. M. Isa a parcouru 120 kilomètres à pied avec 32 compatriotes et s’est lancé dans la vente d’eau pour gagner de l’argent afin d’acheter de la nourriture.

Les organisations humanitaires ont intensifié leurs interventions face à la crise au Niger et le gouvernement de transition a annoncé que de la nourriture serait distribuée à 1,5 million de personnes. Mais des Nigériens de Katsina ont dit à IRIN que les dons alimentaires étaient insuffisants par rapport à leurs besoins. Sani Makana, de la commission en charge de l’Agriculture de l’État de Katsina, a dit que de la nourriture prélevée dans les réserves d’urgence serait distribuée à certains immigrés.

Abdullahi Koya, ancien président de l’association des négociants en grains du marché de Dawanau, a dit que la plus grande partie du mil et du maïs du marché de Dawanau avait déjà été vendue et que les négociants achetaient maintenant toutes les réserves. Les commerçants stockent une quantité de mil et de maïs de Guinée équivalant à jusqu’à trois années de production dans des entrepôts pour les vendre pendant les périodes de vaches maigres.

Les Nigérians se nourrissent principalement de riz, de maïs, de doliques et de tubercules, une minorité d'entre eux buvant de la bouillie de mil. « Ce n’est qu’une question de temps avant que les réserves de mil et de maïs s’épuisent et que les négociants se tournent vers des aliments de base comme le riz », a dit M. Mohammed.

Mais Salisu Ahmed Ingawa, adjoint spécial au ministre de l’Agriculture, a dit à IRIN : « Nous avons 130 000 tonnes de céréales dans nos réserves stratégiques… Il n’y a pas de raison de s’alarmer. L’exportation vers le Niger ne menace aucunement la disponibilité de la nourriture au Nigeria et les prix alimentaires sont restés stables… Nous sommes prêts à faire face à toutes les éventualités ».

Bien que le nord du Nigeria ne suscite pas l’attention de la communauté internationale, il est également confronté à une crise alimentaire : le 27 mai, l'Agence nigériane de gestion des urgences (NEMA) a averti que 12 millions d’habitants de la région pourraient être touchés par des pénuries alimentaires dans les prochains mois.

Alors que les Nigériens affluent au Nigeria, des centaines de mères nigérianes amènent leurs enfants dans des centres de nutrition thérapeutiques au Niger pour soigner leur malnutrition aiguë, disent les organisations non gouvernementales (ONG).

La NEMA a récemment entrepris d’évaluer les besoins. Le Programme alimentaire mondial (PAM) aide la NEMA à se préparer aux urgences. Quant au Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), il est en train d’envisager une intervention pour faire face à ce problème. Les ONG essayent également de travailler avec le gouvernement pour développer leurs activités.

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This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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