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Les inégalités de genre mettent en danger la santé des femmes

Eighteen-month-old William and his mother in Jakarta. On average only 14 percent of Indonesian babies are exclusively breast fed. Marianne Kearney/IRIN
Muhammad Juhri a décidé que sa femme accoucherait par voie naturelle, bien que le médecin ait recommandé une césarienne à cause de son hypertension. L’enfant est vivant, mais la mère est décédée suite à des complications.

« La maternité de l’hôpital a suggéré une césarienne, mais je n’avais pas l’argent », a dit M. Juhri, un conducteur de mototaxi à Depok, une banlieue de Djakarta, au sujet de l’opération coûtant de 1 000 à 1 500 dollars. « Je l’ai emmenée chez une sage-femme, mais elle n’a pas pu gérer l’accouchement ».

Le sort de la femme de M. Juhri met en lumière un problème plus large qui affecte l’Indonésie – le manque de pouvoir des femmes au sujet des décisions concernant leur propre santé, ce qui contribue à un taux élevé de mortalité maternelle.

« L’inégalité dans la prise de décision, l’accès limité aux services de santé dans les zones rurales et le manque d’information sur les grossesses saines font partie des facteurs qui contribuent aux décès maternels », a dit Masruchah, secrétaire générale de la Commission nationale sur les violences faites aux femmes.

« Il y a un point de vue selon lequel les hommes doivent avoir le dernier mot quant aux problèmes domestiques, mais souvent les hommes ne savent pas ce que ressentent leurs femmes », a dit Masruchah, qui ne porte qu’un seul nom comme beaucoup d’Indonésiennes.

« Et alors elle meurt ».

Selon un rapport de la Banque Mondiale publié en février, malgré les efforts du gouvernement pour augmenter le nombre d’assistants qualifiés aux naissances et pour promouvoir le planning familial, au moins 10 000 femmes meurent chaque année de causes liées à l’accouchement, dans ce pays de plus de 240 millions d’habitants, majoritairement musulman.

Le rapport ‘…Et alors elle meurt,’ du Indonesia Maternal Health Assessment, estime le taux de mortalité maternelle à 228 décès pour 100 000 naissances vivantes, comparé avec les données de 2005 de l’Organisation mondiale de la santé des Nations Unies, publiées en 2007, qui donnait un taux de 450 en Inde, 62 en Malaisie et de six aux Pays Bas.

Selon le rapport, le statut économique de la femme, son niveau d’éducation et l’âge de son premier mariage affectent la santé maternelle et l’issue de l’accouchement. Trois décennies d’emploi plus élevé des sages-femmes et un accès quasi-universel aux soins anténataux n’ont pas réussi à réduire significativement le taux de mortalité maternelle.

« Les femmes enceintes identifient souvent trop tard les signaux d’alarme durant la grossesse et prennent des décisions trop tard, parce que les femmes doivent souvent attendre que leur mari ou leurs parents prennent une décision », a dit Linda Gumelar, du Ministère de la promotion de la femme et de la protection de l’enfant.

A mother and child at Barak Bakoi, a barrack-like settlement in Banda Aceh, where residents continue to away permanent housing five years on. An estimated 160,000 people lost their lives to the 26 December 2004 tsunami in Aceh
Photo: Esther de Jong/IRIN
Beaucoup de femmes indonésiennes sont incapables de prendre des décisions cruciales au sujet de leurs propres soins de santé
Des soins de qualité inférieure

Les naissances au domicile et l’usage d’assistantes traditionnelles à la naissance ont contribué aux décès maternels, et une étude a montré que seuls 10 pour cent des femmes pauvres, dans deux districts de la province populeuse de Java Ouest, bénéficiaient de la présence d’un professionnel de la santé durant l’accouchement.

Selon le rapport de la Banque Mondiale, une étude menée dans trois districts a montré que 63 des 76 décès sont survenus durant des accouchements à domicile avec des assistants traditionnels à la naissance.

« Les interventions par des assistants qualifiés à la naissance ne sont pas conformes, dans de nombreux cas, aux standards existants et ont montré leur inefficacité lors de tentatives pour gérer l’émergence de complications », selon le rapport.

Les pratiques traditionnelles et les mythes associés à la grossesse font souvent obstruction à l’intervention médicale, a dit Sutan Finardhy, un gynécologue-obstétricien qui a travaillé dans des zones rurales pendant plus de 20 ans.

Des membres de la famille et même des voisins déconseillent souvent les traitements médicaux pour des mères enceintes.

« Dans certains cas, les époux étaient d’accord avec l’avis du médecin, mais les parents insistaient pour ramener les mères à la maison ou pour se tourner vers des méthodes traditionnelles », a dit Mr Finardhy. « Quand les mères ont eu accès à une intervention médicale, il était déjà trop tard ».

Une étude démographique et sur la santé de l’Indonésie en 2007 a montré une inégalité entre les provinces – avec 97 pour cent de naissances suivies par des prestataires qualifiés à Djakarta, contre 33 pour cent dans les îles de la province des Moluques.

La Banque Mondiale a dit que seuls 40 pour cent des 68 816 villages du pays avaient une sage-femme en 2005.

Le rapport a exhorté le gouvernement à améliorer les institutions de formation, à augmenter le nombre d’obstétriciens, de gynécologues et d’anesthésistes, et d’augmenter le financement général pour la santé maternelle à travers le pays.

atp/at/mw/sk

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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