« C’est calme maintenant. Nous avons la maîtrise du terrain », a dit à IRIN Ndangobo Ngoy, lieutenant-colonel de l’armée de la RDC à Dongo, une ville de l’Equateur qui avait été attaquée en octobre 2009, provoquant la fuite de la quasi-totalité de sa population, soit 100 000 personnes, principalement en traversant la rivière Oubangui pour aller en République du Congo.
« La population est dans un état de psychose, mais ils peuvent rentrer [chez eux maintenant] sans problème » a-t-il ajouté.
Le militant des droits humains Clément Moombo a dit : « La guerre a quitté notre secteur », a-t-il dit à IRIN.
M. Moombo, qui dirige l’organisation La Voix des sans voix, a dit que les assaillants étaient armés de fusils d’assaut, de lance-roquettes, de couteaux et portaient des vêtements civils.
Il les a identifiés comme faisant partie du groupe ethnique des Lobola, comprenant les Enylele, Mtobi et Vako, qui se disputent depuis longtemps les ressources naturelles, notamment les lieux de pêche, avec les Boba, qui sont majoritaires à Dongo.
« Ils sont venus pour prendre nos récoltes. Nous les avions laissées dans les champs », a ajouté M. Moombo qui, comme M. Ngoy, a dit que ce mouvement ne semblait pas avoir d’agenda politique clair ni de véritable entraînement militaire.
« Ils ont incendié les maisons de sept membres de ma famille », a-t-il dit. Le marché de Dongo a également été incendié, mais il été partiellement reconstruit depuis. « Maintenant, depuis que je suis rentré [il y a une semaine], la sécurité est OK ici. Mais il y a beaucoup de peur et de spéculations ».
Photo: Anthony Morland/IRIN |
N’aie pas peur… L’armée de la RDC dit qu’elle contrôle Dongo et que le retour des déplacés est sans danger |
Selon M. Moombo, l’insurrection connue sous le nom de Mouvement de Libération Indépendant et Alliés et Nzobo Yalobo - le terme lingala pour « de nouveaux groupes militaires » - est « en train de faiblir et, à part quelques cas de résistance, est en déclin ».
Selon plusieurs sources, Odjani Mangbama, le dirigeant du groupe, âgé de 26 ans, a été arrêté à Mombendzélé, en République du Congo, dans une région accueillant 120 000 réfugiés venus de l’Equateur (RDC).
Les détails sont rares et contradictoire mais il semble que l’arrestation ait eu lieu le 4 mai, quelques jours après qu’IRIN a visité Dongo avec la délégation conduite par John Holmes, le Coordinateur des secours d’urgence des Nations Unies.
Une source policière à Brazzaville a dit que M. Mangbama s’était rendu aux forces de sécurité et avait été transféré vers la capitale, en attendant son extradition vers la RDC. L’arrestation de M. Mangbama pourrait aider à convaincre les réfugiés de République du Congo et de République centrafricaine qu’ils peuvent rentrer chez eux sans danger.
« Nous espérons que ce développement, s’il est confirmé, mènera vers une plus grande stabilité dans les régions concernées », a dit Maurizio Giuliano, porte-parole du Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA).
« Il s’agit d’une condition essentielle pour le retour des déplacés. D’un point de vue humanitaire, nous sommes en train de travailler pour nous assurer que l’aide soit disponible dans les régions potentielles de retour, pour que les déplacés et réfugiés qui choisissent de revenir puissent le faire », a-t-il ajouté.
Carences dans l’aide humanitaire
Accéder aux réfugiés en République démocratique du Congo est très difficile pour les agences humanitaires car ils sont dispersés sur 600 km le long des berges du fleuve Oubangui, dont les eaux ne sont pas assez profondes pour transporter de grandes embarcations. La présence d’insurgés armés et de bandits sur le fleuve a également entravé les efforts humanitaires.
La vie au delà du fleuve, en République du Congo, était si difficile pour Jean Tongol Longi, qui a été témoin de l’attaque en octobre de Dongo, ville où il vend des médicaments, que retourner chez lui n’a pas été une décision difficile à prendre. « Les gens là-bas nous ont donné de la nourriture, mais seulement une fois. Nous avons fabriqué des huttes avec des feuilles et avons pêché dans le fleuve pour nous nourrir. Nous sommes restés dans les huttes cinq mois. Nous avions seulement les vêtements que nous portions. Beaucoup d’entre nous sont tombés malades. Les soldats nous battaient, ils n’étaient pas accueillants. Nous avons beaucoup souffert », a-t-il dit à IRIN. « Quand [l’armée de RDC] est venue à Dongo, ils ont envoyé des gens pour aller nous chercher. Je suis revenu et j’ai trouvé mon habitation incendiée. Tout ce que je possédais était parti : ma moto, mes provisions de maïs et cacahuètes, mes ustensiles de cuisine et les lits. Ils ont tout pris. Je n’ai même pas pu reconstruire mon habitation, car je suis trop occupé à chercher de la nourriture ». « Ce dont nous avons besoin maintenant, c’est d’avoir les routes réparées, les habitations reconstruites et les services de santé rétablis ». |
De son côté, le gouvernement de République du Congo est satisfait de se débarrasser du poids des réfugiés. « Certains d’entre eux détiennent des armes », a dit Emilienne Raul, ministre de l’Action humanitaire, citant des unités de l’armée déployées le long du fleuve Oubangui. « IL faut absolument désarmer ces réfugiés et renforcer la diplomatie pour résoudre le problème ».
Joseph Kumuondala Mbimba, archevêque de Mbandaka, capitale de l’Equateur, a lancé un appel à la communauté internationale pour aider au retour des réfugiés. M. Mbimba a ajouté que beaucoup restait à faire avant de parvenir à des conditions propices à un retour.
Lors d’une conférence de presse après sa visite en Equateur, M. Holmes a dit qu’il y avait encore « un grand besoin d’assistance humanitaire » dans la province et que les conditions pour un retour des déplacés devaient être mis en place.
« Ils ne sont pas prêts pour revenir. Leurs habitations ont été incendiées et pillées. Les centres de santé et les écoles ont besoin d’être réhabilités », a-t-il dit.
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