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Après le conflit, combattre le VIH au sein de l’armée

A ribbon by the Sudan People's Liberation Army's HIV Secretrariat Edgar Mwakaba/IRIN
A Juba, la capitale régionale du Sud-Soudan, les cinq années de paix sont visibles partout : dans le commerce florissant des marchés de la ville, dans ses discothèques et ses bars bondés, et dans l’allure décontractée des soldats de l’ancienne Armée populaire de libération du Soudan (SPLA).

Pour les soldats, le contraste avec la vie dans la brousse ne pourrait pas être plus marqué – ils portent de nouveaux uniformes, reçoivent un salaire mensuel et sont vénérés par la population locale, qui les considère comme les combattants de la liberté. Mais au-delà de ces bons moments, une menace plane sur eux, avertissent les hauts responsables de la SPLA : celle du VIH/SIDA.

« Après l’établissement de la paix, nos soldats ont commencé à recevoir des paiements réguliers, et avec l’argent vient la capacité d’acheter de l’alcool, d’acheter des relations sexuelles », a dit le lieutenant colonel John Woja Elinana, qui dirige le secrétariat VIH de la SPLA. « Avec l’augmentation des mouvements transfrontaliers de personnes venant de pays à haute prévalence, tels que l’Ouganda et le Kenya, les relations sexuelles avec des femmes dont le statut sérologique est inconnu les exposent [les soldats] à un fort risque. »

D’après M. Woja, pendant les années de guerre, la connaissance de la prévention du VIH était très faible au sein des troupes, et le commandement de l’armée a lancé une campagne offensive pour transmettre aux soldats les connaissances et les savoir-faire permettant d’éviter l’infection.

Un rapport intitulé HIV/AIDS, Security and Conflict: New Realities, New Responses (VIH/SIDA, sécurité et conflit : nouvelles réalités, nouvelles réponses), publié en 2009 par le AIDS, Security and Conflict Initiative (ASCI - l'Initiative sur le sida, la sécurité et les conflits), un groupe de recherche basé aux Pays-Bas, avertit que « les transitions post-conflit sont à la fois des périodes de vulnérabilité accrue à la transmission du VIH, et un élément négligé des politiques et des programmes de lutte contre le VIH et le sida ».

Avec l’aide des Forces de défense du peuple ougandais et le soutien de deux ONG (organisations non gouvernementales), Intrahealth et Population Services International (PSI), le secrétariat – créé en 2006 – a conçu un programme de prévention ciblant spécifiquement les troupes.

Une prévention spécifique à l’armée

« PSI a mené un programme d’éducation par les pairs… les pairs éducateurs ont transmis les messages de [prévention du] VIH à plus de 100 000 soldats, dont des conjoints », a dit Simon Yango Taban, responsable de programme SPLA pour PSI.

Jusqu’à présent, le programme a touché les Etats d’Equatoria Centre, Est et Ouest, et des Lacs.

« Après l’établissement de la paix, nos soldats ont commencé à recevoir des paiements réguliers, et avec l’argent vient la capacité d’acheter de l’alcool, d’acheter des relations sexuelles »
« Travailler au sein d’une armée présente un avantage indéniable : l’armée a ses propres structures organisées, donc il est relativement facile de rassembler les soldats pour leur transmettre le message », a-t-il ajouté.

L’information destinée à l’armée est formulée dans un langage militaire, de façon à ce que les soldats s’identifient facilement au message ; par exemple, le VIH est désigné par le terme « ennemi », et les recommandations sur l’utilisation du préservatif sont présentées ainsi : « utiliser un préservatif, c’est entrer en territoire inconnu avec une voiture blindée ».

PSI a également collaboré avec Miraya FM, une radio des Nations Unies, pour diffuser des émissions hebdomadaires sur le VIH, comprenant notamment des sessions de questions réponses avec des membres de l’armée.

« Nous avons également pu distribuer environ 1,5 million de préservatifs par an aux soldats », a dit Carol Karutu, responsable de programme d’Intrahealth au Sud-Soudan.

Les messages encouragent les soldats à demander des services de conseil et dépistage volontaires, et par l’intermédiaire d’Intrahealth, le secrétariat a mis en place 10 centres de conseil et dépistage volontaires – dans des casernes ou dans des établissements de santé de la SPLA où travaillent des soldats.

Les soldats dont le test est positif sont adressés à l’établissement de santé du quartier général de la SPLA à Bilfam, dans la ville de Juba, où a été installée une clinique spécialisée dans les thérapies antirétrovirales (ART), équipée d’un laboratoire de pointe. Une fois sous ART, les soldats séropositifs continuent à être déployés et sont adressés à des hôpitaux proches de leurs lieux d’affectation ou renvoyés à Juba pour renouveler leurs prescriptions ; à ce jour, environ 300 soldats sont inscrits dans le programme ART de l’armée.

« Quand des soldats sont séropositifs, nous ne les discriminons pas ; nous continuons à les former et à les déployer tant qu’ils restent en bonne santé », a dit M. Woja.

Tandis que le programme VIH de l’armée continue à s’étendre au reste des 10 Etats du Sud-Soudan, le secrétariat a l’intention de généraliser la prévention du VIH dans d’autres secteurs de la SPLA.

Un fort leadership

« Nous prévoyons de former des instructeurs dans les écoles de formation de la SPLA, afin d’intégrer des cours sur le VIH dans les cursus à tous les niveaux, de la formation des commandants à celle des grades les plus bas », a dit Mme Karutu, d’Intrahealth.

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D’après elle, l’engagement continu des plus hauts responsables de l’armée joue un rôle crucial dans le succès et l’expansion du programme. « Les commandants parlent du VIH à toutes les parades militaires, l’armée organise de grands défilés à chaque journée mondiale contre le sida, et le président Salva Kiir – qui est aussi le Commandant en chef de la SPLA – a même effectué un test public de dépistage du VIH », a-t-elle dit.

« En matière de prévention du VIH, il est probablement plus efficace, pour réduire le risque de VIH au niveau de la base, de recourir à des approches centrées sur le commandement que de se concentrer uniquement sur l’éducation et la formation, en ayant recours à des approches axées sur les comportements individuels, la prise en charge médicale ou les droits humains », a observé le rapport d’ASCI.

Les programmes VIH de la SPLA sont toujours confrontés à des difficultés – la demande d’information continue à être supérieure à l’offre, qui est handicapée par de graves problèmes d’infrastructures, tels que la mauvaise qualité des réseaux routiers et l’insuffisance des services de santé, tandis que la transmission de l’information reste un défi car, d’après Mme Karutu, une proportion importante de la SPLA est illettrée et ne peut donc bénéficier que de messages verbaux.

« La SPLA reconnaît que le VIH est une menace susceptible de perturber notre capacité à défendre notre nation », a dit M. Wojna. « Nous devons continuer à faire passer le message de la prévention du VIH au sein de nos troupes ».

kr/mw/il/ail

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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