« Nous avons assisté à de violents combats. Personne n’était à l’abri », a dit l’homme de 39 ans, en racontant le voyage éprouvant sur des routes jonchées de cadavres et sur le fleuve Oubangui pour atteindre cette ville, située à environ 850 km au nord de Brazzaville, en RDC.
« Des amis m’ont proposé de me faire traverser le fleuve en pirogue. Je ne sais même pas pagayer », a raconté M. Kanilamba. « Je n’envisage même pas de [rentrer chez moi], même si les autorités [de Kinshasa] veulent nous rassurer ».
Pour M. Kanilamba, la situation est désespérée. Les travailleurs humanitaires et les familles locales, qui ouvrent encore leurs portes à de nouveaux arrivants le savent trop bien. Parmi les plus de 107 000 arrivants enregistrés au total par le Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) dans la région de la Likouala, environ 5 000 sont arrivés à Dongou.
La plupart s’abritent dans des huttes en paille et en feuilles de palmier construites sur 70 sites situés dans une bande de 250 km le long du fleuve Oubangui. L’inquiétude croît du fait que le niveau de cette voie fluviale vitale, qui marque la frontière entre les deux Congo et qui constitue le seul itinéraire disponible pour fournir de l’aide humanitaire à de nombreux réfugiés, baisse à cause du manque de précipitations.
« Les moyens nous font défaut. Nous avons lancé un appel [initial] pour assister 35 000 personnes, mais aujourd’hui nous [en avons] plus de 107 000 », a dit Daniel Roger Tam, l’un des coordonnateurs régionaux pour le HCR. « Tout le monde doit agir, sinon on ne s’en sortira pas ».
Photo: OCHA/Reliefweb |
Carte du Congo indiquant Dongou |
En outre, le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) a commencé à distribuer, à Likouala, environ 20 tonnes d’aide, incluant des kits de nutrition, des tentes, des médicaments délivrés sur ordonnance, des kits « école-en-boîte » ('school-in-a-box'), des kits de jeux et de loisirs et des réservoirs d’eau.
Pénuries d’équipements et de soins
Au manque de nourriture vient s’ajouter l’insuffisance de l’aide et des équipements médicaux. À l’hôpital évangélique voisin d’Impfondo, les médecins missionnaires américains s’occupent des blessés, presque tous de jeunes hommes.
« Depuis la fin octobre, j’ai soigné environ 40 blessés. Seuls trois d’entre eux avaient été [blessés] à l’arme blanche, les autres présentaient des blessures [par balle] », a dit Joseph Harvey, le directeur de l’hôpital.
Les risques auxquels est confrontée la population sont encore plus graves à cause de l’absence de précipitations. La production locale de nourriture est en baisse et les infirmiers qui se déplacent habituellement avec des cliniques mobiles sur le fleuve Oubangui ont été obligés de suspendre leurs activités, car ils ne peuvent pas se déplacer sur cette voie fluviale.
Médecins d’Afrique, une organisation non gouvernementale qui effectue des examens de santé et autres interventions médicales pour le HCR, a dû faire passer le nombre de cliniques fixes de huit à 15 sur une distance de 100 kilomètres, a dit Rufin Mafouta, du HCR.
Bien que le manque de ressources pose de gros problèmes aux travailleurs humanitaires, il n’y a eu aucun incident en matière de sécurité depuis que les réfugiés sont arrivés. Les réfugiés armés sont séparés des civils et leurs armes sont confisquées et remises aux autorités, selon M. Tam.
Les gouvernements américain et français ont respectivement accordé 4,6 millions de dollars et 400 000 euros (568 330 dollars) en réponse aux appels humanitaires. L’ambassade de France à Brazzaville a confirmé que les troupes françaises basées à Libreville, au Gabon voisin, allaient apporter du matériel à Impfondo avant la fin janvier, notamment des véhicules, des bateaux et d’autres équipements essentiels aux opérations du HCR dans la région.
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