« Le pays est frappé par une catastrophe chaque année », a dit à IRIN Dana van Alphen, à Port-au-Prince, où elle assume les fonctions de coordinatrice de l’OMS pour les interventions sanitaires menées en Haïti à la suite du séisme. Cependant, il ne se relève jamais suffisamment pour se préparer pleinement à la suivante.
Les gouvernements du Brésil, d’Israël, de Russie et de Jamaïque ont mis en place des hôpitaux de campagne opérationnels, à l’instar du Canada, de la Colombie et de la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge. On dénombre également huit hôpitaux publics en activité à Port-au-Prince.
Mme Van Alphen a indiqué à IRIN que la sécurité structurelle des hôpitaux était toujours incertaine. « Nous n’avons pas la possibilité de faire venir des ingénieurs en bâtiment à Haïti. Ils ne sont pas nombreux dans la région, et nous sommes pour l’heure confrontés à des difficultés logistiques qui rendent les déplacements impossibles ».
Haïti n’avait pas été évalué dans le cadre des Initiatives sur la sécurité des hôpitaux menées par l’Organisation panaméricaine de la santé, une évaluation pour la prévention des catastrophes. Les pays des Caraïbes, sujets aux ouragans, ayant d’ores et déjà été évalués sont Nevis, Saint-Kitts, Grenade, Montserrat, Saint-Vincent-et-les-Grenadines, Anguilla, la Dominique, la Barbade et Cuba.
Interrogée sur le niveau de prévention des catastrophes en Haïti, Mme Van Alpen a répondu : « Les infrastructures de santé étaient déjà fragiles, et sont pratiquement inexistantes dans certains secteurs ».
L'aide humanitaire va ralentir
Jonathan Abrahams, coordinateur de l’initiative sur la sécurité des hôpitaux de l’OMS, a déclaré à IRIN : « Cette question ne relève pas uniquement du ministère de la Santé. Nous avons besoin d’écologistes, d’ingénieurs en bâtiment, d’experts en eau et en assainissement, ainsi que de fonctionnaires de santé. Les difficultés à impliquer autant d’acteurs, et la tendance à ne penser aux catastrophes que lorsqu’elles se produisent, ont relégué la question de la sécurité des hôpitaux au second plan, alors même qu’ils sont censés être un lieu sûr [en période de] catastrophe ».
Au terme d’une semaine d’aide sanitaire, Mme Van Alpen a expliqué à IRIN que l’afflux rapide de l’aide humanitaire allait ralentir, alors que les besoins sont de plus en plus importants. « L’aide qui arrive est considérable, mais nombre des [personnels humanitaires] programment déjà leur départ. C’est là que le véritable travail va commencer pour la reconstruction d’Haïti et le renforcement des autorités nationales ».
A moins que les donateurs et volontaires travaillent en traumatologie aiguë, les dons financiers sont les plus utiles, a-t-elle ajouté. « Nous avons des besoins spécifiques – des sérums contre le tétanos, par exemple. Les besoins … évoluent avec le temps. Aujourd’hui, les soins chirurgicaux sont notre priorité, mais les moyens commencent d’ores et déjà à faire défaut pour les soins maternels. A l’heure actuelle, nous sommes submergés par les besoins en soins traumatiques, mais les problèmes de santé publique à long terme sont tout aussi importants ».
D’après les estimations des Nations Unies, les besoins sanitaires et nutritionnels en Haïti se chiffrent à 82 millions de dollars.
Si les dons en nature permettent effectivement de sauver des vies, Nick Reader, porte-parole du Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires, a cependant expliqué à IRIN que sans un suivi adéquat, ces dons n’ont pas l’utilité souhaitée. « Vous pouvez envoyer un hôpital, mais nous devrons toujours le transporter, l’équiper en personnel et en matériel, et assurer son fonctionnement. Un centre médical seul ne suffit pas ».
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