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Un premier pas sur la voie de l’intégration des MSM

[Senegal] Gay couples face charges and discrimination. IRIN
Zimbabwe's Sexual Offences Act forbids homosexuality
Une étude nationale sur les hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes (MSM, men who have sex with men) sera la première étape dans le plan du gouvernement pour intégrer ce groupe à haut risque dans le programme national de lutte contre le VIH, selon un fonctionnaire haut placé.

« Nous avons toujours ignoré cette population alors qu’elle [constitue] une grande part des nouvelles infections au VIH. En tant que gouvernement, nous avons décidé que nous ne pouvions pas nous permettre d’attendre que la situation dégénère », a dit Nicholas Muraguri, directeur du Programme national de lutte contre le sida et les infections sexuellement transmissibles (NASCOP).

Peu d’études ont traité du VIH chez les MSM au Kenya. En 2007, une étude réalisée auprès de 285 hommes de Mombasa avait révélé une prévalence de 43 pour cent chez les hommes qui avaient des rapports sexuels exclusivement avec d’autres hommes, contre 12,3 pour cent chez ceux qui avaient des rapports sexuels avec des hommes et des femmes. La prévalence du VIH au Kenya est de 7,4 pour cent.

Bien que le plan stratégique national de lutte contre le VIH/SIDA les considère comme « la population la plus à risque », les programmes de lutte contre le VIH consacrés aux MSM sont extrêmement limités.

« Nous ne pouvons pas faire ça [offrir des programmes de lutte contre le VIH aux MSM] sans avoir une idée de leur nombre et de leurs besoins particuliers. J’espère que l’étude que nous allons mener nous aidera à répondre à certaines de ces questions », a indiqué M. Muraguri.

Il a souligné que l’étude – qui doit démarrer en décembre et s’étaler sur six mois – avait notamment pour objectif de déterminer les risques sexuels spécifiques et les besoins des MSM, les « points chauds » du pays et le nombre d’établissements de santé qui accueillent les MSM.

Pour la constitution de l’échantillon, l’étude utilisera une méthode « fondée sur les répondants », c’est-à-dire qu’elle recrutera des hommes ouvertement gays en vue d’obtenir, par leur intermédiaire, la participation d’autres MSM qui ne s’affichent pas nécessairement publiquement. Elle cherchera également à obtenir la collaboration des établissements qui accueillent déjà des MSM pour faciliter la recherche.

Espoirs de meilleurs services

Joshua* est un travailleur du sexe à Nairobi. Il a récemment reçu une formation du NASCOP afin d’informer ses pairs au sujet du VIH/SIDA.

« Aujourd’hui, j’ai discuté avec 75 travailleurs du sexe – 40 d’entre eux sont séropositifs et ne savent pas quoi faire », a-t-il dit à IRIN/PlusNews. « Plusieurs sont sans-abris : ils ont été mis à la porte de chez eux à cause de la stigmatisation ».

Joshua espère que l’étude permettra au gouvernement et aux organisations non gouvernementales (ONG) d’offrir plus de services aux MSM.

« Actuellement, lorsqu’on se rend dans une clinique à Nairobi, on nous remet une bouteille de lubrifiant [à base d’eau] censée durer trois mois. Mais on sait très bien qu’un travailleur du sexe la finit en une semaine », a-t-il ajouté. « Ce qui signifie que le reste du temps, on a des rapports sexuels sans lubrifiant et on s’expose à des risques élevés ».

Il a fait remarquer que les risques associés au VIH et au sexe anal était également méconnus de la population en général. « De nombreuses femmes [clientes] viennent nous voir pour du sexe anal car elles croient, à tort, qu’elles ont ainsi moins de chances de contracter le VIH », a-t-il dit. « Tout le monde devrait être informé des risques associés à ce type de rapport sexuel, car nombre de personnes ont une perception erronée ».

Tous les MSM ne sont pas aussi enthousiastes à la perspective d’être comptés et questionnés par un gouvernement qui, jusqu’à présent, n’a pas particulièrement cherché à défendre les droits des MSM.

Des réactions mitigées

« Les Kényans sont encore très homophobes et nous somme souvent stigmatisés. Qui d’entre nous est prêt à clamer ouvertement son homosexualité ? Il faudrait d’abord qu’ils s’attaquent à la stigmatisation », a dit Donald*, qui n’a pas révélé publiquement son orientation sexuelle. « Comment [le gouvernement] va-t-il me convaincre d’affirmer que je suis homosexuel quand ce même gouvernement considère cela comme un crime ? »

« Je préférerais qu’ils offrent ces services sans chercher à savoir qui et combien nous sommes », a-t-il ajouté.

« Je préférerais qu’ils offrent ces services sans chercher à savoir qui et combien nous sommes  »
Dans les rues de Nairobi, il n’est pas difficile de trouver la preuve que l’homosexualité demeure taboue au Kenya : « Ils exagèrent lorsqu’ils disent qu’ils veulent offrir des services à des gens dont les pratiques ne sont pas conformes à la loi. À ce stade, ce n’est plus une affaire de droits humains », a dit Lynette Moseti. « Cet argent pourrait servir à aider les enfants atteints du VIH ».

L’homosexualité est toujours considérée comme illégale au Kenya. Elle peut être punie d’une peine allant jusqu’à 14 ans d’emprisonnement. Selon M. Muraguri cependant, l’urgence du problème justifie le contournement de la loi. « La rigidité risquerait simplement d’aggraver la situation », a-t-il dit.

M. Muraguri a insisté sur le fait que l’étude du gouvernement n’avait pas pour but de stigmatiser les MSM.

« Nous sommes conscients de la stigmatisation à laquelle sont confrontées ces personnes, et c’est la dernière chose que nous souhaiterions leur faire subir. Nous recueillons toujours des données avant d’offrir des services, même pour les principaux programmes de lutte contre le VIH du gouvernement. Je ne pense pas qu’il y ait quelque chose d’inhabituel là-dedans », a-t-il ajouté.

Selon Lorna Dias, coordonnatrice pour les MSM auprès de Liverpool VTC (voluntary counselling and testing), Care and Treatment, l’une des seules organisations qui offre des services aux MSM au Kenya, l’étude montre que le gouvernement est sincère quand il affirme vouloir s’attaquer à l’épidémie en s’intéressant aux groupes les plus à risque.

« Il s’agit d’un pas en avant et d’un signe évident que le gouvernement est prêt à accepter la réalité selon laquelle les MSM, à moins d’être intégrés dans les grands programmes de lutte contre le VIH/SIDA, représentent un risque élevé de propagation du VIH », a-t-elle indiqué. « La prochaine étape serait de les dé-stigmatiser et de les considérer comme des personnes normales qui, comme n’importe qui d’autre, ont besoin de services ».

*noms d'emprunt

ko/kr/cb/gd/ail

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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