Dans un rapport intitulé « Punishing Success? Early signs of a retreat from commitment to HIV/AIDS care and treatment » (Punir le succès? Les premiers signes d’un désengagement dans la lutte contre le sida et l’accès aux soins), publié le 5 novembre, MSF souligne des données inquiétantes montrant que les deux plus importants donateurs internationaux, aidant les pays en développement à étendre leurs programmes sida, commencent à réduire ou tirer un trait sur leurs contributions.
Le conseil d’administration du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, qui dépend largement de l’argent des pays développés pour allouer des subventions dans 140 pays pauvres, va bientôt décider s’il doit annuler son appel de 2010 pour des propositions de financement.
Si tel était le cas, ce serait la première fois depuis 2002 que l’organisation ne lance pas de demande de financement ; le montant total des subventions HIV recommandées pour le financement en 2009 était inférieur de 35 pour cent à celui de 2008.
Des pays comme le Malawi sont très dépendants des subventions du Fonds mondial pour financer leurs programmes de traitement par antirétroviraux (ARVs). Le rapport de MSF souligne qu’avec la crise du Fonds mondial, les chances du Malawi d’atteindre l’accès universel au traitement s’amenuisent.
Le Plan d’Urgence américain pour la lutte contre le sida (PEPFAR), sous la direction de l’ancien président Georges Bush, s’était engagé à augmenter le nombre de traitements qu’il finance pour couvrir de deux à, au moins, trois millions de personnes d’ici 2013.
Mais, face à la crise économique, l’administration du président Barack Obama a réduit les financements américains pour le VIH/sida en 2009. En Ouganda, un des principaux bénéficiaires, certaines organisations soutenues par le PEPFAR ont arrêté de mettre de nouveaux patients sous traitement par antirétroviraux.
« Nous publions ce rapport parce que nous pensons que nous sommes à un tournant très dangereux », a dit le docteur Tido von Schoen-Angerer, directeur de la Campagne d’accès aux médicaments essentiels. « Des décisions cruciales sont prises par les gouvernements et nous commençons à en voir les premières conséquences sur le terrain ».
Après avoir mené les initiatives pour l’accès universel, le Département britannique pour le développement international (DfID) a commencé à rediriger les fonds vers d’autres questions de santé, pendant que les Pays-Bas étudient une réduction de 30 pour cent des dépenses pour le VIH/sida.
« Il y a cinq ans, le message c’était « allez-y et on vous soutiendra » », a dit le docteur Eric Goemaere, coordinateur médical de MSF pour l’Afrique du Sud et le Lesotho. « Maintenant que nous sommes au milieu de la rivière, ils ont l’air moins sûrs ».
M. Von Schoen-Angerer a critiqué la récente tendance dans la politique mondiale de santé d’opposer le sida à d’autres priorités sanitaires, comme la santé de la mère et de l’enfant. Il a souligné que le sida était « une urgence permanente » et qu’il était responsable de plus de la moitié de l’ensemble des décès dans cinq des pays avec le plus haut taux de prévalence du HIV.
« Franchement, il y a d’autres priorités de santé dans le monde, mais cela ne peut pas être un jeu entre ça ou ça », a-t-il dit. « La réalité, je pense, c’est que les donateurs deviennent frileux au sujet du financement d’une maladie chronique à long-terme ».
La décision de certains donateurs de transférer le financement pour le traitement du VIH/sida à la prévention a aussi créé ce que M. Goemaere a appelé « une fausse dichotomie » - par exemple, des régions, comme la province du Cap occidental en Afrique du Sud, qui avait atteint des hauts niveaux de couverture par traitement, voyaient maintenant la plus grande baisse dans l’infection par le VIH.
Un nombre de plus en plus important de patients auront aussi besoin de médicaments antirétroviraux de deuxième intention, qui sont actuellement plus chers que les médicaments de première ligne.
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