« Nous ne pouvons pas faire tomber la pluie, mais il y a bien d’autres choses que nous pouvons faire afin de rompre le cycle de catastrophes résultant de la sécheresse en Éthiopie et dans toute la Corne de l’Afrique », a dit Penny Lawrence, directrice internationale d’Oxfam. « L’aide alimentaire est une solution temporaire. Elle a permis de sauver des vies dans d’innombrables situations, mais ce n’est pas la solution aux problèmes sous-jacents qui continuent, année après année, à rendre les populations vulnérables aux catastrophes ».
Le 22 octobre, un quart de siècle après l’une des pires famines qu’a connues l’Éthiopie – qui aurait fait environ un million de victimes -, Oxfam a publié un rapport intitulé « Au-delà du ‘Band aid’ – S’attaquer aux catastrophes en Éthiopie 25 ans après la famine ». Le rapport s’intéresse au fonctionnement de l’aide humanitaire depuis 1984 et affirme qu’il faut modifier la tendance actuelle des bailleurs à donner la priorité à l’aide alimentaire d’urgence.
« Les bailleurs de fonds doivent modifier leur approche afin de contribuer à donner aux communautés les outils nécessaires pour prévenir les catastrophes avant qu’elles ne surviennent », a dit Mme Lawrence. « Sécheresse ne doit pas forcément rimer avec faim et dénuement. Si les communautés peuvent irriguer leurs cultures, stocker du grain et récolter l’eau de pluie, elles peuvent survivre malgré les difficultés liées au climat ».
Photo: Anthony Mitchell/IRIN |
Oxfam plaide pour que les bailleurs de fonds modifient leur approche afin de contribuer à donner aux communautés les outils nécessaires pour prévenir les catastrophes avant qu’elles ne surviennent (photo d’archives) |
Une nouvelle approche
Dans son rapport, Oxfam a estimé qu’il était « tout aussi essentiel que les donateurs apportent un soutien accru aux programmes de gestion des risques de catastrophes comme les systèmes d’alerte précoce, à la constitution de stocks de denrées alimentaires, de médicaments et autres réserves positionnées de manière stratégique, et aux programmes d’irrigation ».
« Par exemple, dans la région Somali [extrême est de l’Ethiopie], Oxfam travaille à la construction des birkhads, des puits protégés qui permettent aux communautés de « récolter » les eaux de pluie pendant la saison des pluies et ainsi s’assurer de la disponibilité de l’eau lorsque les précipitations cesseront. Ce type de programme ne reçoit que 0,14 pour cent de l’aide étrangère ».
La menace du réchauffement climatique
« D’après les scientifiques qui étudient le climat, en 2034 - 50 ans après la famine de 1984 en Éthiopie - les sécheresses seront monnaie courante dans la région et se produiront trois années sur quatre », a indiqué Oxfam. « Il faut adopter une nouvelle approche afin d’empêcher que les chocs climatiques ne se transforment en catastrophes et entraînent encore plus d’habitants dans la pauvreté ».
Selon Mme Lawrence, « à cause du réchauffement climatique, il est plus urgent que jamais d’adopter cette nouvelle stratégie. Les Éthiopiens qui subissent de plein fouet les conséquences du changement climatique ne peuvent attendre encore 25 ans pour que le bon sens se traduise en bonnes pratiques ».
Photo: Gijs van ‘t Klooster/FAO |
Conséquences des sécheresses : d’après les scientifiques qui étudient le climat, en 2034 – 50 ans après la famine qui a ravagé l’Éthiopie – les sécheresses seront monnaie courante et se produiront trois années sur quatre (photo d’archives) |
Le 16 octobre, ActionAid, une autre organisation humanitaire internationale, a publié un rapport intitulé « Qui lutte réellement contre la faim ? » [Who’s really fighting hunger?], qui s’interroge sur les raisons pour lesquelles un milliard de personnes dans le monde souffrent de la faim.
« Plus d’un milliard de personnes – soit un sixième de l’humanité – n’ont pas assez à manger », a dit ActionAid. « Dans le monde entier, près d’un tiers des enfants grandissent en étant malnutris. C’est peut-être là l’élément le plus honteux de l’histoire récente, car il n’y a aucune raison pour que les gens meurent de faim dans notre monde moderne ».
Pour ActionAid, la faim dans le monde est due à des décisions humaines « et non aux forces de la nature ».
L’organisation a ajouté : « La faim commence avec les inégalités – entre les hommes et les femmes, les riches et les pauvres. Elle grandit avec les politiques perverses qui considèrent les denrées alimentaires comme de simples marchandises, et non comme un droit. C’est à cause de ces politiques que la plupart des pays en développement ne cultivent plus assez pour nourrir leur population, et que leurs fermiers sont souvent les plus affamés et les plus démunis. Et pendant ce temps, les pays riches sont engagés dans un combat contre l’obésité ».
Les politiques peuvent être changées, a dit ActionAid. L’organisation a détaillé les progrès réalisés par les pays qui ont traduit le droit à la nourriture par des actions concrètes « comme investir dans les fermiers pauvres et introduire des mesures essentielles destinées à protéger les plus vulnérables. Leur succès rend l’inaction et l’apathie des autres pays encore plus inexcusables ».
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