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Les déchets issus de la guerre et la pollution, cause de la hausse de la mortalité liée au cancer?

[Iraq] A Basra youth beside a pile of unexploded mortars near his home. Mike White
Young people play alongside unexploded mortar bombs in Basra
A la fin des années 90, Manal Sabir Abdullah, âgée de 22 ans et originaire de Bassorah, a découvert qu’elle était atteinte d’un cancer des poumons, dont elle est morte en 2004.
 
« Son cancer était bizarre car personne dans notre famille n’avait eu de cancer et elle n’avait jamais été en mauvaise santé, elle n’avait aucune mauvaise habitude », a dit Hassan Najim Ghanim, son époux. « Aucun médecin n’a pu déterminer comment elle avait développé la maladie, mais la plupart pense qu’elle a probablement été causée par l’air, le sol et l’eau contaminés ».

Selon des officiels, les déchets issus des trois dernières guerres en Irak – la guerre Iran-Irak dans les années 1980, la guerre du Golfe en 1991, et l’invasion conduite par les Etats-Unis en 2003 – associés à une absence de contrôles gouvernementaux adéquats sur les émissions et les effluents industriels, ont transformé l’Irak en l’un des pays les plus contaminés au monde.

« Il y a un certain nombre de défis environnementaux en Irak », a dit Narmin Othman, la ministre de l’Environnement, à IRIN. « L’un d’entre eux est la contamination de l’eau, de l’air et du sol causée principalement par les émissions des voitures et des générateurs dans les zones surpeuplées, l’utilisation inappropriée des engrais chimiques, les déchets issus de la guerre et des bombardements avec de l’uranium appauvri ».

Elle a dit que son ministère avait identifié des véhicules militaires et des chars contaminés avec des matériaux radioactifs datant des guerres de 1991 et de 2003, mais qu’aucune action n’avait été entreprise pour s’en débarrasser.

Il y a eu un manque de surveillance du gouvernement concernant les déchets déversés dans les deux principaux fleuves du pays – le Tigre et l’Euphrate. Ces déchets incluent ceux de l’industrie lourde, des usines de tannage et de peinture, ainsi que les eaux usées et les déchets des hôpitaux, a-t-elle dit.

« Les niveaux de contamination augmentent de façon significative en Irak », a-t-elle conclu.

Uranium appauvri

Les forces de la coalition conduite par les Etats-Unis ont utilisé de l’uranium appauvri (UA) comme un « pénétrant » du blindage des chars durant les guerres de 1991 et 2003. Parmi les rapports de plus en plus nombreux sur les problèmes de santé des vétérans, une campagne internationale a demandé une interdiction mondiale des armes à l'uranium appauvri sur la base de considérations de santé publique.

An IAEA investigation in Kuwait in 2002 has found that depleted uranium from munitions used in the 1991 Gulf War does not pose a radiological hazard
Photo: IAEA
une enquête de l’Agence internationale de l’énergie atomique au Koweït en 2002 a montré que l’uranium appauvri des munitions utilisées lors de la guerre du Golf de 1991 ne représentait pas un risque d’irradiation
Le département de la Défense des Etats-Unis a nié que l’uranium appauvri constitue une menace quand on y est exposé, mais il surveille les soldats qui ont reçu des éclats de blindage contenant de l’uranium appauvri pendant les combats. Jusqu’ici, les niveaux d’uranium appauvri  détectés après des tests « ne posent pas » de risques « connus » pour la santé, a dit dans une déclaration William Winkenwerder, secrétaire adjoint à la Défense pour les Affaires Médicales.

Mais dans un jugement qui fait date, un tribunal britannique a conclu en septembre 2009 que l’exposition à l’uranium appauvri lors de la guerre du Golf de 1991 était la cause probable du cancer du colon qui a tué le vétéran britannique Stuart Dyson en juin 2008.

L’uranium appauvri est un métal lourd, produit dérivé du processus d’enrichissement de l’uranium. Il peut pénétrer dans le corps humain par inhalation, en mangeant de la nourriture contaminée, en mangeant avec des mains contaminées ou en exposant une plaie ouverte à de la poussière ou des débris contaminés, selon Rahim Hani Nasih, médecin à Mossoul.

Il contamine aussi le sol et l’eau, et recouvre les bâtiments de poussière radioactive. Le vent et les tempêtes de sable disséminent la contamination, ce qui engendre des maladies, y compris le cancer, selon M. Nasih.

Dans une publication datant de 2005, le Programme des Nations Unies pour l’environnement (UNEP) a identifié 311 sites en Irak contaminés par l’uranium appauvri et a dit que le nettoyage de ces sites prendrait plusieurs années. Aucune donnée chiffrée n’était disponible au ministère de la Santé sur le nombre de cas de cancer qui pourrait être lié ou causé par la contamination par les déchets issus de la guerre.

L’étude de Bassorah

Qusai Abdul-Latif Aboud, responsable du Directoire pour l’Amélioration de la Santé (EHD – affiliée au ministère de la Santé) dans la province méridionale de Bassorah, a dit que les déchets issus de la guerre en Irak étaient devenus une des causes principales de cancer – avec le tabac, les émissions de gaz toxiques et d’autres types de pollution.

En début d’année, une étude de l’EHD a noté que 340 cas de leucémie avaient été enregistrés entre 2001 et 2008 à Bassorah. Il y avait eu 17 cas en 1988 et 93 cas en 1997, selon M. Aboud.

Cette étude porte uniquement sur la leucémie, car les cas de cette maladie sont en très nette augmentation à Bassorah.

On a aussi trouvé que le niveau d’uranium dans le sol de Bassorah a bondi de 60-70 becquerels par kilogramme de terre avant 1991 à 10 000 becquerels par kilogramme en 2009. Des niveaux allant jusqu'à 36 205 becquerels par kilogramme ont été enregistrés dans des zones contenant des déchets issus de la guerre.

Mr Aboud a dit que l’EHD comptait sur les médias et les chefs de communautés pour une plus grande sensibilisation à l’autoprotection et sur les moyens d’éviter les zones contaminées.

sm/at/cb/oa/sk

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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