Et si les hommes étaient victimes, tout autant que les femmes, des normes sociales qui définissent la virilité ? Et s’ils étaient prêts à changer d’attitude, et à persuader d’autres hommes d’en changer aussi ?
Au MenEngage Africa Symposium, qui s’est tenu la semaine dernière à Johannesbourg, en Afrique du Sud, les intervenants ont débattu des moyens d’aider les hommes à y parvenir, et à participer ainsi à l’éradication des deux épidémies jumelles du continent : la violence sexiste et le VIH.
« Quand nous parlons d’une épidémie féminine, nous commettons une erreur, car nous excluons les hommes de nos interventions », a commenté Mandla Ndlovu, gestionnaire de programme pour la campagne « Brothers for Life », lancée récemment.
Cette initiative, qui s’appuie sur un partenariat entre Johns Hopkins Health and Education in South Africa (JHHESA), l’USAID (l'Agence américaine d'aide au développement international) et le Sonke Gender Justice Network, vise à susciter un mouvement d’hommes « bons » qui encourageraient leurs pairs à assumer davantage leurs responsabilités concernant leur santé et celle de leurs partenaires.
Une présentation a montré que les hommes « bons » pourraient être plus nombreux que ce que l’on imagine. Dans le cadre d’une enquête sur les partenaires multiples, menée récemment à quatre endroits différents en Afrique du Sud, 74 pour cent des hommes interrogés ont déclaré n’avoir eu qu’une seule partenaire sexuelle au cours des douze derniers mois.
« On observe que la prévalence des hommes ayant des partenaires multiples est relativement élevée, mais qu’elle ne constitue pas pour autant une norme, comme cela a pu être suggéré », a indiqué Sarah Laurence, de Health & Development Africa (HDA), le cabinet de conseil spécialisé dans le secteur de la santé qui a mené cette étude pour le compte de JHHESA.
Dans des pays où la prévalence du VIH est élevée, comme l’Afrique du Sud, les hommes sont certes moins touchés par l’épidémie que les femmes, mais ils sont tout de même loin d’être invulnérables : 24 pour cent des hommes sud-africains âgés de 25 à 49 ans vivent avec le virus.
Chez les hommes, qui ont beaucoup moins tendance que les femmes à demander un dépistage, un traitement et un soutien, les conséquences du VIH et d’autres maladies chroniques sont souvent plus dramatiques, d’après le Dr François Venter, directeur de la Southern African HIV Clinicians Society.
La campagne « One Man Can » – lancée par Sonke Gender Justice à la fin 2006, et dont l’objectif était d’aider des hommes et des adolescents à devenir les défenseurs de l’égalité des genres et à participer activement aux stratégies de réponse au VIH/SIDA – a déjà démontré que les hommes étaient capables de changer de comportement et d’attitude.
Le Dr Chris Colvin a présenté une évaluation de l’impact de la campagne, s’appuyant sur des entretiens avec 265 hommes participants. D’après les résultats obtenus, 75 pour cent des hommes interrogés avaient augmenté leur utilisation de préservatifs, 23 pour cent avaient participé à des programmes de conseil et de dépistage volontaires du VIH, et 83 pour cent de ceux qui avaient assisté à des actes de violence sexiste les avaient signalés.
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