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La crise humanitaire s’aggrave encore

Women fetch water at a well in Isha, the only one in Baidoa town which still has water, the rest have dried up M.A/IRIN
Isack Abdinor Satar, 80 ans, se souvient que Baidoa, ville du sud-ouest de la Somalie, était autrefois verte et luxuriante, et que l’on trouvait des chutes d’eau là où sont aujourd’hui installées les banlieues de la ville.

Au fil des ans, la pression démographique, la sécheresse et les conditions météorologiques changeantes ont provoqué l’assèchement de la plupart de ces sources et chutes d’eau, ce qui a conduit à un changement radical de la couverture végétale et à de perpétuelles pénuries d’eau.

« Quand j’étais jeune, on avait de l’eau en permanence, partout dans la ville », a raconté M. Satar. « L’eau coulait dans différentes directions, elle venait de différentes sources, mais aujourd’hui, toutes ces sources se sont taries. Je pense que toutes les sources de la région de Bay ont beaucoup souffert de la sècheresse. »

Baidoa – siège du gouvernement fédéral de transition – est confrontée à une grave pénurie d’eau depuis que la plupart de ses points d’eau et puits se sont asséchés, y compris la source de Garbadda, dans le centre ville.

« Chaque jour, des centaines de familles faisaient boire leurs bêtes [à Garbadda] », a raconté Hussein Sheikh Aden, un habitant de la ville. « Depuis l’année dernière, j’ai vu les choses changer énormément. A cause du manque de pluie et des températures de plus en plus élevées, le point d’eau s’est asséché. »

Alors qu’ils puisaient leur eau à Garbadda depuis des années, les agriculteurs et les éleveurs doivent à présent mener des recherches longues et éprouvantes pour ne trouver que de petites quantités d’eau. « Nous avons essayé de creuser un puits ; nous avons creusé très profondément, mais nous n’avons pas trouvé d’eau », a dit M. Aden.

Halima Ibrahim Abdi, un autre habitant, a raconté à IRIN : « Je suis né à Baidoa ; j’ai maintenant 60 ans. Baidoa avait autrefois la chance de disposer de nombreuses sources ; l’eau coulait sous la plupart des ponts, mais depuis l’année dernière, tout a changé. »

Un journaliste local a indiqué à IRIN, sous couvert d’anonymat, que le 10 août dernier, un baril de 200 litres d’eau coûtait 100 000 shillings somaliens (3,50 dollars), une somme exorbitante pour de nombreux résidents.

La production céréalière a en outre enregistré une baisse significative, entraînant une hausse des prix des céréales. De plus, d’après le journaliste, l’emploi a également décliné, car les commerçants et les agriculteurs embauchent de moins en mois de travailleurs occasionnels.

A water source in Isha which has since dried up
Photo: Mohamed Adawe Aden/IRIN
Une source tarie à Isha, Baidoa
Le désespoir des déplacés

A Genève, un porte-parole du Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires a déclaré que la crise humanitaire en Somalie s’était encore aggravée.

« 3,2 millions de personnes ont besoin d’une aide d’urgence », a dit Elizabeth Byrs à la radio des Nations Unies. « Depuis mai 2009, 200 000 personnes ont fui l’insécurité de Mogadiscio, et on compte au total 3,9 millions de déplacés, ce qui signifie qu’en Somalie, une personne sur sept est déplacée. »

Dans la ville portuaire de Kismayo, les déplacés ont déclaré que le manque de nourriture ainsi que l’insuffisance des installations sanitaires et de santé constituaient les principales difficultés auxquelles sont confrontées environ 30 000 personnes vivant dans plusieurs camps autour de la ville.

Mohamed Muse Ali, représentant des personnes déplacées de Kismayo, a indiqué que les agences humanitaires n’intervenaient dans aucun des camps.

Les camps de déplacés entre Mogadiscio et Afgoye ont accueilli de plus en plus de personnes fuyant les affrontements survenus en ville entre les troupes gouvernementales et les insurgés islamistes, d’après les responsables des camps.

A donkey cart near the Isha  well in Baidoa. Carts like this have to wait until nighttime to ferry water as none is available during the day
Photo: Mohamed Adawe Aden/IRIN
Une charrette tirée par un âne, près du puits d’Isha, à Baidoa. Les propriétaires de ces charrettes doivent attendre la nuit pour pouvoir transporter de l’eau, car on n’en trouve pas pendant la journée
Dans le centre de la Somalie et la région semi-autonome de Puntland, la sècheresse avait provoqué le déplacement de nombreuses familles d’éleveurs, qui avaient perdu leur bétail. Bon nombre de ces familles souffraient de la faim et d’épidémies dues à la mauvaise qualité de l’eau.

Quant aux Somaliens qui ont fui vers le pays voisin, le Kenya, leur principal problème est l’accès aux camps, les trois camps de réfugiés de Dadaab étant déjà saturés.

Halima Aadan, qui est réfugiée dans un de ces camps, a indiqué que l’afflux de déplacés avait contribué à provoquer des pénuries d’eau et la hausse des prix alimentaires, et rendu difficile l’accès aux services tels que les soins de santé et les installations sanitaires.

« Les réfugiés ont de plus en plus besoin d’aide car ils sont chaque jour plus nombreux ; les nouveaux arrivants n’ont pas d’abris et doivent vivre avec des parents éloignés et d’autres familles ; il faudrait leur donner des terres sur lesquelles s’installer », a dit Mme Aadan.

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This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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