« On m’a amenée à la clinique où j’ai subi une analyse de selles, d’urine et de sang. J’ai été très surprise lorsque j’ai appris que je ne pouvais pas travailler en raison de mon statut sérologique ; personne n’avait pris la peine de me dire que je subissais un test de dépistage du VIH », a-t-elle confié.
« Je gère mon propre restaurant maintenant, et je suis aussi rentable que quiconque, et je ne suis pas la seule dans mon domaine. Même les clients qui connaissent mon statut mangent dans mon restaurant et aucun d’entre eux ne m’a dit qu’il avait contracté le virus à cause de ma cuisine. Si les personnes séropositives ne pouvaient avoir un emploi en raison de leur [statut], alors quiconque souffrant de paludisme ou d’hypertension ne devrait pas être en mesure de travailler », a-t-elle poursuivi.
La Fédération des employeurs du Kenya, en collaboration avec l’Organisation internationale du travail (OIT), le ministère du Travail, le Conseil national de lutte contre le sida et d’autres organes du secteur du travail kényan ont établi un nouveau code de pratique qui interdit aux employeurs de contraindre leurs employés actuels et futurs à subir un test de dépistage du VIH/SIDA sans leur consentement.
Les employeurs demandent souvent que les candidats passent des tests médicaux afin de s’assurer qu’ils sont en bonne santé et qu’ils peuvent prétendre à une couverture d’assurance. Les employeurs de personnes souffrant de troubles médicaux, comme l’hypertension ou le VIH, doivent s’acquitter de primes d’assurance plus élevées.
« Il n’y a pas de mal à ce qu’un employeur demande à voir les résultats d’examens médicaux d’un employé, car il peut ainsi mieux aider l’employé à gérer son état de santé », a estimé Jacqueline Mugo, directrice exécutive de la Fédération des employeurs du Kenya.
« [En revanche,] nous affirmons qu’il est mal d’utiliser ces résultats, et notamment ceux liés au VIH/SIDA, afin de priver d’un emploi une personne apte. Il est immoral qu’un candidat se voie refuser un emploi en raison de sa séropositivité », a-t-elle poursuivi.
« Il est immoral qu’un candidat se voie refuser un emploi en raison de sa séropositivité » |
« Bien que 60 pour cent des employeurs au Kenya disposent de politiques en matière de VIH/SIDA, celles-ci sont de nature différente », a-t-elle noté. « Nous pensons que ce code de pratique servira de ligne directrice et établira les règles fondamentales que devront suivre les employeurs lors de la mise en application des politiques en matière de VIH/SIDA en milieu du travail ».
Irene Opiyo, une consultante spécialisée en politique du travail, a indiqué que la majorité des employeurs répugnaient à recruter des personnes vivant avec le VIH, car ils les considéraient comme improductives, et pensaient qu’elles augmenteraient les frais de soins de santé de l’entreprise. Elle a invité le gouvernement à élaborer une législation du travail en matière de VIH et à sévir contre les sociétés appliquant des politiques discriminatoires.
En juillet 2008, une femme a remporté un procès déterminant devant la Haute Cour du Kenya, alors qu’elle poursuivait d’une part, son employeur qui l’avait renvoyée en raison de son statut sérologique, et d’autre part, son médecin qui avait révélé sa séropositivité sans son consentement.
A l’issue de ce procès unique au Kenya, l’employeur a été condamné à verser 35 000 dollars américains à l’ancienne serveuse et la Cour a jugé contraire à la loi le fait de licencier une personne en raison de sa séropositivité.
William Kundi, activiste engagé dans la lutte contre le VIH/SIDA, a dit à IRIN/PlusNews que l’élaboration du nouveau code de pratique était attendue depuis longtemps.
« Certains employeurs ne vous expliquent même pas les raisons pour lesquelles votre candidature n’est par retenue, ils vous disent juste que vous ne correspondez pas à l’emploi. C’est traumatisant et… incite les personnes séropositives… à ne pas révéler leur statut », a-t-il expliqué.
Ce nouveau code offrira un soutien aux organisations dans le cadre de la gestion, des soins et du traitement des employés séropositifs et les aidera à mettre en place des interventions en matière de VIH/SIDA en milieu du travail.
« Selon moi, il s’agit du meilleur endroit où leur [les employés] adresser des messages sur le VIH, comme ceux qui font la promotion de la lutte contre la stigmatisation, l’abstinence et la fidélité », a souligné Jacqueline Mugo.
« Les employeurs doivent travailler en étroite relation avec les employés afin de réduire la stigmatisation sur le lieu de travail et ainsi accroître la productivité des employés », a-t-elle conclu.
*Un nom d’emprunt
ko/kn/he/cd/ail
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