Bien que le Pakistan affiche un taux de prévalence faible, l’on craint qu’une épidémie concentrée chez les consommateurs de drogues injectables ne puisse se propager aux travailleuses du sexe et à d’autres groupes particulièrement à risque, tels que les hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes.
Les statistiques 2006/2007 du ministère de la Santé montrent que les travailleuses du sexe sont un groupe particulièrement à risque dans au moins 12 villes.
En effet, moins d’un quart des 4 639 travailleuses du sexe sondées ont déclaré qu’elles utilisaient systématiquement le préservatif, et 10 pour cent d’entre elles avaient eu des rapports sexuels avec un consommateur de drogues injectables au cours des six mois précédents. En outre, les travailleuses du sexe illettrées sont bien moins susceptibles d’utiliser des préservatifs que les travailleuses du sexe ayant atteint un certain niveau d’instruction.
La rencontre de Karachi (Consultation nationale sur le VIH et le travail de sexe), organisée par le Programme national de contrôle du sida et le Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA), visait à améliorer les programmes de lutte contre le VIH ciblés sur les travailleuses du sexe, en consultant ces dernières.
« Bien que quelques-uns de nos clients acceptent de mettre des préservatifs, la plupart d’entre eux préfèrent le sexe sans protection », a confié Nasree*, travailleuse du sexe et éducatrice pair, qui a assisté à la conférence.
« Il est très difficile pour nous de les convaincre de mettre des préservatifs, mais je pense que les préservatifs féminins nous permettraient de nous protéger contre le VIH et les maladies sexuellement transmissibles », a-t-elle poursuivi, ajoutant qu’il était toutefois difficile de se procurer des préservatifs féminins.
Selon Naila*, une autre travailleuse du sexe, si le travail du sexe était légalisé, il serait plus facile de protéger les droits des travailleuses. « La police nous harcèle sans raison ; même les travailleuses du sexe qui font du travail de proximité ont des ennuis », a-t-elle commenté.
« Pour s’en sortir, les travailleuses du sexe succombent souvent à la pression et finissent par coucher avec les policiers ; celles qui ne le font pas finissent par se faire frapper et violenter ».
Selon Daniel Baker, représentant national de l’UNFPA au Pakistan, les travailleuses du sexe devraient s’investir davantage dans la conception et la mise en œuvre des programmes de lutte contre le VIH. « Les travailleuses du sexe doivent y participer en tant que managers, travailleuses et leaders, pour en bénéficier à long terme », a-t-il recommandé.
Les recommandations formulées par les travailleuses du sexe qui ont participé à la rencontre seront cruciales dans le cadre des prochains programmes, a confirmé le docteur Safdar Kamal Pasha de l’UNFPA.
« Les travailleuses du sexe ont convenu qu’il fallait proposer des formations professionnelles et donner les moyens d’avoir d’autres possibilités d’emploi à celles qui voulaient changer de voie, ainsi qu’à celles qui ne sont plus dans la fleur de l’âge et ne peuvent pas dépendre durablement du travail du sexe », a-t-il expliqué.
Il a également été recommandé, entre autres, de donner la priorité aux tests de dépistage du VIH et aux services d’orientation proposés aux travailleuses du sexe, et de trouver des moyens de limiter la stigmatisation et la discrimination dont elles sont victimes.
*Noms d’emprunt
sj/kr/ks/he/nh
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