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Condamnés à la maladie, la malnutrition et la mort

Malnourished Zimbabwean prisoner Special Assignment
Un ministre du gouvernement zimbabwéen a reconnu les conditions de vie déplorables des 14 000 détenus du pays. « Les prisons sont les premières touchées par les difficultés économiques », a récemment déclaré au Parlement Patrick Chinamasa, ministre de la Justice et membre de la ZANU-PF, le parti du président Robert Mugabe.

« Il n’y a pas d’uniformes ; les besoins alimentaires ne sont pas satisfaits. Nous sommes tenus d’assurer [aux détenus] un régime alimentaire statutaire, mais la règle n’est pas respectée ; les rations des prisonniers ne sont pas distribuées faute de fonds. Nous avons recensé des cas de malnutrition ».

L’aveu de M. Chinamasa est intervenu à quelques jours de la diffusion, à la télévision sud-africaine, d’une enquête documentaire montrant des images de détenus qui rappellent les pires heures des famines africaines.

Le documentaire de l’émission Special Assignment [Mission spéciale], intitulé « Hell Hole » [Le Taudis], a été filmé en caméra cachée et illustre, en n’épargnant aucun détail, les conditions de vie de prisonniers aux corps émaciés, montrés à l’écran, qui survivent avec, pour toute nourriture, une poignée quotidienne de sadza (bouillie de semoule de maïs, le plat de base), dans deux des 55 établissements carcéraux du Zimbabwe.

L’émission a été diffusée le 31 mars 2009.

Selon un rapport publié par l’Association zimbabwéenne de prévention de la criminalité et de réhabilitation du délinquant, une organisation non-gouvernementale (ONG) de défense du droit des prisonniers, au moins 20 détenus meurent chaque jour dans les prisons du pays.

Après une visite récente des complexes carcéraux, où il a vu des prisonniers juvéniles et adultes détenus ensemble, Nicholas Ndou, juge de première instance, a déclaré que certains prisonniers souffraient de « maladies de peau telles que la pellagre, et de maladies respiratoires. Plusieurs cadavres, placés dans une pièce depuis plusieurs jours, étaient dans un état de décomposition avancé ».

Malnourished Zimbabwean prisoner
Photo: Special Assignment
Survivre avec une poignée de sadza
La pellagre est une maladie causée par un manque de vitamines et de protéines.

M. Chinamasa a en revanche nié que le choléra, qui a emporté plus de 4 000 Zimbabwéens depuis août 2008, se soit déclaré en milieu carcéral, mais il a admis que plusieurs cas de dysenterie avaient été observés.

Des responsables carcéraux, qui n’ont pas souhaité être nommés, ont néanmoins confirmé à IRIN que le choléra était endémique dans les prisons, en raison de l’effondrement des infrastructures hydrauliques.

Pillages dans les potagers des prisons

Les détenus cultivaient auparavant des jardins potagers et pratiquaient l’élevage, mais « des politiciens haut placés se sont mis à se servir de la main-d’œuvre gratuite des prisons dans leurs propres fermes, et la production a diminué. Dans certains cas, ces politiciens haut placés ont même récupéré pour leur propre usage les outils utilisés dans les potagers des prisons », ont rapporté à IRIN des responsables carcéraux.

M. Chinamasa a informé le Parlement que « nous travaillons à l’élaboration d’un programme de nutrition. Les services carcéraux du Zimbabwe cherchent à mobiliser du matériel pour que davantage de fruits et légumes puissent être produits dans leurs fermes, afin de contribuer à la nutrition des détenus ».

L’arrestation et la détention de Roy Bennett, le vice-ministre de l’Agriculture proposé par le Mouvement pour le changement démocratique, a permis de souligner les conditions de vie déplorables des 14 000 prisonniers détenus dans les établissements carcéraux du pays.

A sa sortie de prison, Roy Bennett avait déclaré aux médias locaux : « De graves violations des droits humains sont commises derrière ces murs ... Cinq personnes sont mortes pendant mon séjour en prison et les responsables de la prison ont mis quatre ou cinq jours à retirer les corps. Ce qui se passe là-bas est lamentable ».

dd/go/he/nh/ail

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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