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La suppression des frais de scolarité crée un déficit budgétaire

A blackboard in Yelivo's village primary school charts the jump in enrolment in 2008 after the government abolished school fees Phuong Tran/IRIN
Cette année, au Togo, les premières suppressions de frais de scolarité pour les élèves du primaire et du préscolaire ont fait grimper le nombre d’inscriptions scolaires, et l’on s’interroge sur la manière dont les écoles pourront financer les salles de classe, les enseignants et le matériel scolaire supplémentaires qu’il leur faut.

Selon les spécialistes de l’enseignement, le gouvernement aurait dû mieux prévoir [les répercussions de cette mesure] avant de supprimer les frais de scolarité. Jusqu’à cette année, les élèves payaient jusque quatre dollars par an pour les garçons, et environ la moitié, pour les filles.

Tchagara Tchabana, directeur de l’école primaire de Yelivo, un village du centre du Togo, a expliqué à IRIN que les frais de scolarité payés par ses élèves lui permettaient de couvrir les dépenses de l’école.

« Le gouvernement a promis de [me] verser une partie des fonds que j’ai perdus depuis la suppression des frais de scolarité pour me permettre de couvrir les coûts de personnel et de matériel supplémentaires, mais je n’ai encore rien reçu. Mon école tombait déjà en ruines avant l’augmentation du nombre d’inscrits ».

Selon M. Tchabana, 45 nouveaux élèves se sont inscrits cette année, portant le nombre total des élèves de l’école à 314. Le directeur a dit avoir déboursé environ 70 dollars de sa poche pour acheter des fournitures, notamment six boîtes de crayons de couleur, de la craie, 20 carnets et des clous pour réparer le mobilier scolaire.

Mais Ayayi A. Kudjoh, secrétaire général du ministère de l’Education, a expliqué à IRIN que les directeurs avaient reçu leurs subventions scolaires standard au début de l’année scolaire, en octobre, et qu’ils recevraient bientôt des fonds en plus, qui leur permettraient de couvrir les frais occasionnés par leurs élèves supplémentaires.

« Nous comptons le nombre d’élèves pour vérifier combien chaque école recevra, en fonction de l’augmentation du nombre de leurs inscrits. Nous avons déjà demandé aux écoles d’ouvrir des comptes dans les banques locales pour que nous puissions y déposer les fonds. Si elles ont fait ce qui leur a été demandé, elles recevront cet argent ».

Mais M. Tchabana, le directeur d’école, a déclaré n’avoir reçu aucune instruction ; de plus, a-t-il indiqué, cette nouvelle politique de suppression des frais de scolarité a semé la confusion dans l’esprit des parents.

Students at Yelivo village's only primary school
Photo: Phuong Tran/IRIN
Les directeurs d’école du Togo réaménagent leurs classes pour accueillir plus d’élèves
« Ils pensent que tout ce qui est lié à la scolarité est brusquement devenu gratuit et ont cessé de verser les contributions financières qui permettaient de payer l’enseignant recruté par la communauté, et que l’Etat ne rémunère pas ».

Dans cette école primaire, la seule du village, six enseignants sont chacun payés 120 dollars par mois par l’Etat, et le septième est rémunéré grâce aux contributions volontaires des parents, selon M. Tchabana.

Augmentation spectaculaire des inscriptions

Le ministère de l’Education a estimé, à la fin de l’année 2008, que pour couvrir l’augmentation des inscriptions, il devrait recruter plus de 3 000 enseignants supplémentaires, construire plus de 5 000 salles de classe en plus et près de 100 000 bancs d’école, et acheter des centaines de milliers de manuels scolaires supplémentaires.

Selon les estimations du gouvernement, les inscriptions ont augmenté de 54 pour cent pour le préscolaire et de 12 pour cent pour le primaire. L’écart entre filles et garçons est presque inexistant.

Le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) s’est félicité de la suppression des frais de scolarité, mais selon l’organisme, le gouvernement aurait dû mieux se préparer avant de lancer cette initiative. « Le système éducatif [togolais] a été négligé pendant vingt ans », a commenté Mamadou Lamine Sow, responsable éducatif à l’UNICEF.

« L’école de formation à l’enseignement a été fermée. Certaines mesures doivent être prises avant la suppression des frais », a estimé M. Sow. « Quels sont les coûts ? Quels types de frais devraient être supprimés ? Comment renforcer les infrastructures et maintenir la qualité de l’éducation ? ».

Le gouvernement a estimé que le nombre d’inscriptions supplémentaires dues à la suppression des frais de scolarité lui coûterait plus de cinq millions de dollars.

M. Sow de l’UNICEF se demande quant à lui comment les représentants régionaux du ministère de l’Education auraient pu informer et préparer les directeurs d’école, alors qu’ils ne peuvent pas couvrir leurs propres frais de transport pour se rendre dans les écoles, en particulier les plus reculées.

En outre, les transferts de fonds, qui permettent d’envoyer ces fonds dans les écoles, sont « difficiles à effectuer » dans un pays au « système bancaire médiocre », selon M. Sow.

Le Togo s’est engagé à assurer l’éducation pour tous d’ici à l’an 2015, conformément aux Objectifs du millénaire pour le développement (OMD).

En 2006, 76 pour cent des enfants en âge d’être scolarisés étaient inscrits à l’école primaire, mais seuls 61 pour cent ont achevé le cursus, selon le gouvernement.

pt/np/nh/ail

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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