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« Rentrer au Darfour ? Même pas en rêve »

Mahamat Oumar Ismael is one of the 3,000 Darfur refugees in Sam Ouandja, northeastern CAR Anne Isabelle Leclercq/IRIN
Mahamat Oumar Ismaël est l’un des quelque 3 000 réfugiés soudanais arrivés en 2007 dans la région de Sam Ouandja, dans le nord-est de la République centrafricaine (RCA), pour fuir les persécutions au Darfour. Installé depuis lors avec sa famille sur le site de réfugiés situé aux abords de cette localité minière, il a raconté à IRIN que la sécurité était la priorité des résidents du site.

« Le 14 mai 2007, nous avons vu arriver des avions au dessus de Dafak [ville de quelque 50 000 habitants au Darfour]. Ils ont bombardé la ville, nous avons dû tout abandonner pour fuir. Nous sommes partis à pied, les avions nous poursuivaient et bombardaient la route pour nous faire avancer plus vite. Ils ont continué jusqu’à ce qu’on arrive à la frontière [centrafricaine, à environ 120 kilomètres de là].

« Les gens [ayant fui Dafak] sont partis dans tous les sens. Avec mes deux femmes et nos 13 enfants, et beaucoup d’autres, nous sommes venus vers Sam Ouandja, parce que c’était la ville la plus proche [à 80 kilomètres de la frontière soudanaise].

« La population locale nous a très bien accueillis. Quand ils ont su que nous étions dans la brousse, ils sont venus nous chercher pour nous ramener plus près de la ville, ils nous ont montré un endroit où nous pouvions nous installer [sur l’actuel site du camp, à moins de deux kilomètres de la ville]. Ils nous ont montré les manguiers chez eux, ils ont dit que nous pouvions nous servir, ils nous ont donné des vêtements, des ustensiles de cuisine. Ensuite, des ONG [organisations non gouvernementales] sont arrivées, elles nous ont aidés.

« Nous étions bien installés, mais le 8 novembre [2008] à 3h20 du matin, nous avons été réveillés par des tirs, des hommes armés attaquaient Sam Ouandja. Ca tirait beaucoup, partout, près du camp. Les femmes avaient très peur, elles ont pris les enfants, elles voulaient fuir. Avec les autres hommes, nous leur avons dit qu’il fallait attendre le jour et nous les avons forcées à rester. J’ai fermé la porte de la maison, j’ai fait coucher mes enfants par terre et nous avons attendu.

« Vers 5h du matin, les FACA [Forces armées centrafricaines] et l’UFDR [l’Union des forces démocratiques pour le rassemblement, une rébellion signataire d’un accord de paix avec le gouvernement] ont [contre-attaqué]. Le lendemain, nous avons trouvé des munitions dans le camp.

« C’est à cause des fusils que nous sommes venus [en RCA]. On connaît tous trop bien ce bruit, même les enfants. Nous sommes venus chercher la sécurité, parce que nous ne l’avions pas chez nous. Mais maintenant nous avons peur, nous avons dit aux ONG que s’il n’y avait pas de sécurité ici, nous voulions nous déplacer plus loin. Nos bagages sont prêts, et si ça recommence, même si la maison est pleine de nourriture, nous partirons.

« Dans le camp, je m’occupe de l’école, parce que l’éducation est notre avenir à tous. Chez nous, au Darfour, le gouvernement ne voulait pas que nous soyons éduqués. Ici, les enfants apprennent l’arabe, le français, un peu l’anglais. Jusqu’à maintenant, ils étaient tranquilles.

« Mais la sécurité n’est plus suffisante. Ceux qui gardent la ville [les FACA et l’UFDR] ne sont pas assez nombreux, parfois ils boivent et ils tirent pour rien. Quand nous allons ramasser des fagots de bois ou travailler dans les champs, ils nous prennent de l’argent. Il faudrait que des casques bleus [onusiens] viennent en renfort, parce qu’il n’y a vraiment pas de sécurité.

« Rentrer au Darfour ? Même pas en rêve. Je ne peux pas oublier ce que j’avais là-bas, mon troupeau, qui a été volé par les jamjawids [milices pro-gouvernementales], mon jardin avec les mangues, les pamplemousses, tous les fruits… C’est inoubliable. Mais je ne retournerai pas là-bas tant qu’il n’y aura pas la sécurité.

ail/

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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