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Le transport des clandestins à travers les montagnes, un commerce de plus en plus juteux

Malgré le renforcement récent des accords sur la sécurité aux frontières entre le Mali et l’Algérie et entre la Libye et le Niger, les passeurs nigériens touaregs ont expliqué à IRIN que leurs convois désertiques à travers les montagnes de l’Aïr étaient toujours aussi rentables. Leur rôle est de faire passer des migrants ouest-africains en Afrique du Nord, dont certains poursuivent leur périple jusqu’en Europe. IRIN a rencontré trois passeurs de clandestins à Agadez entre le 7 et le 9 octobre, alors qu’ils s’apprêtaient à repartir pour un périple clandestin à travers les montagnes désertiques.

« Ahmed »

« Il n’y a pas meilleur job que le transport des clandestins. Ça paie bien et il n’y a pas beaucoup de risques. [Il faut] juste savoir lancer deux ou trois mots anglais, avoir un long bâton ou [un] couteau [pour se défendre contre les bandits éventuels] et le tour est joué ! Pour les acheminer, il y a deux axes à partir d’Agadez : celui de l’Algérie et celui de la Libye ».

« All for one »

« Tant qu’il y aura des “côtiers” [rabatteurs de migrants], nous, on ne va pas chômer ! Ils paient bien et ici [à Agadez] comme à Arlit, tout le monde sait que sans ce trafic, les chauffeurs au chômage vont retourner dans les montagnes et se joindre à la rébellion [affrontements déclenchés par les Touaregs en février 2007 dans les montagnes de l’Aïr, et qui faisaient suite aux affrontements de 1990]. Nous ne savons rien faire d’autre que nous battre et frauder ».

« W »

Cela fait six ans que je transporte des migrants du Niger vers l’Algérie. J’ai remarqué qu’ils passaient ici surtout pendant le mois de Ramadan, car en Algérie et en Libye, les forces de sécurité sont moins vigilantes pendant le jeûne. Au cours de mon dernier voyage [3 octobre], j’ai transporté 33 personnes. À la sortie d’Agadez, j’ai payé 20 dollars parce que mes papiers n’étaient pas en règle. Arrivé au poste de police d’Arlit [à 250 kilomètres de là], j’ai payé 50 dollars pour obtenir une feuille de route [permis de traverser les montagnes]. Il faut avoir ce papier, sinon c’est très dangereux quand on rencontre les militaires. Après Mamanet [80 kilomètres au nord d’Arlit] et Bouss [500 kilomètres au nord-est d’Arlit], la prochaine étape est le puits de Tchibarakatène [situé à 60 kilomètres de là]. Ensuite, on fait une escale à la balise Berliet n°19, située à 100 kilomètres de là. À partir de là, il nous faut parcourir encore 320 kilomètres avant d’arriver au lieu du déchargement, c’est-à-dire à Tchilawène [à 70 kilomètres de Janet, en Algérie] ».

« C’est ici que commence, pour les migrants, la randonnée à pied dans les montagnes. Nous les confions à un guide, qui les amène à Albarkat (Algérie). Les migrants paient 10 dollars par personne pour la traversée à pied. Nous, on revient à vide au Niger. C’est pourquoi nous prenons notre carburant aller-retour avant le voyage. On prend trois fûts de 200 litres chacun. Ce qu’il faut faire, c’est surtout éviter de croiser la police des frontières algériennes, surtout à Intchilmasse (Algérie). Ici, il faut faire très attention aux Algériens qui nous guettent ! Il faut savoir à quelle heure [ils patrouillent]. Quand je rencontre des militaires du Niger, je leur montre seulement mes papiers, c'est-à-dire la feuille de route. Ils nous fouillent, c’est vrai, et c’est normal, avant de nous laisser partir. Quant aux rebelles, je ne les ai jamais rencontrés. J’ai remarqué que depuis le début de la rébellion, les migrants ne partaient plus par l’Algérie. Ils préfèrent l’axe de Dirkou [vers la Libye]. Grâce à ce [trafic], je gagne entre 800 et 1 000 dollars environ par voyage. Ça rapporte beaucoup ! »

im/pt/np/nh/np


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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