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Mais qu’est-il advenu au SRAS ?

Vêtements ? Oui. Articles de toilette ? Oui. Masque protecteur N95 contre les maladies hautement infectieuses ? Tout simplement introuvable ! Nous sommes en avril 2003, au plus fort de l’épidémie du SRAS (Syndrome respiratoire aigu sévère), et à la veille du jour où Johannes van Ommen et sa famille doivent quitter les Philippines pour se rendre en Europe, par avion en faisant escale à Taiwan.

M. van Ommen a écumé les pharmacies de Manille à la recherche des masques en question, mais n’en a trouvé aucun ; il a donc fini par choisir des masques à filtre d’air, dans une quincaillerie, espérant qu’ils suffiraient à les protéger de la maladie tant redoutée.

En arrivant à Taiwan, un des pays les plus gravement touchés par le SRAS, M. van Ommen et sa famille ont trouvé un aéroport international normalement animé, peuplé de quelques courageux voyageurs, qui portaient tous des masques protecteurs faciaux de toute sorte.

Il y a près de quatre ans, le monde se trouvait confronté à la première pandémie du 21e siècle et tout le monde avait peur. Pendant plusieurs mois, les nouvelles des épidémies et des victimes du SRAS au Canada, en Chine, à Hong Kong, à Singapour, à Taiwan et au Vietnam faisaient la majorité des gros titres de la presse locale et internationale.

Les populations savaient que le SRAS pouvait se contracter par simple exposition à une personne infectée, et qu’après l’avoir contracté, même avec une santé de cheval, on pouvait en mourir en l’espace de quelques jours. Des milliers de personnes ont été mises en quarantaine. Dans les rues des villes d’Asie, si quelqu’un avait le malheur de tousser légèrement, les gens prenaient leurs jambes à leur cou.

Une panique coûteuse

Mais la panique provoquée par le SRAS a causé des dégâts plus graves encore que la maladie elle-même. Entre le mois de novembre 2002, marqué par l’apparition du premier cas connu de SRAS, et juillet 2003, lorsque l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré que le virus ne pourrait plus être transmis, 8 000 personnes ont contracté le SRAS dans le monde, dont moins de 800 sont décédées – un taux de mortalité de moins de 10 pour cent, bien inférieur à ceux occasionnés par d’autres maladies transmissibles telles que le VIH/SIDA (2,8 millions de décès en 2005) ou le paludisme (un à trois millions de décès chaque année).


Photo: WHO/Philippines
Selon l'OMS, 8 000 personnes ont contracté le SRAS dans le monde, dont moins de 800 sont décédées.
Mais selon les estimations de l’Asian Development Outlook édition 2003, publiées par la Banque asiatique de développement, le SRAS a coûté quelque 18 milliards de dollars de produit intérieur brut (PIB) nominal aux économies d’Asie de l’Est et d’Asie du Sud-Est en 2003, et près de 60 milliards de dollars en termes de pertes globales en demande et en recettes commerciales.

Au plus fort de la vague de panique déclenchée par le SRAS, les avions et les chambres d’hôtels des destinations touristiques les plus populaires d’Asie étaient en effet déserts. Les voyageurs annulaient leurs projets de voyage, ou prenaient soin de ne pas passer par un pays ne serait-ce que vaguement lié à la maladie. Air Transport World, le magazine de l’industrie, a rapporté que Lufthansa perdait chaque semaine jusque 50 millions d’euros en raison du SRAS et de la guerre en Irak, tandis que Cathay Pacific Airways avait dû demander à ses employés de prendre un mois de congé sans solde.

Les aéroports ont dû s’équiper en technologies d’imagerie thermique pour mesurer la température des passagers, et les hôpitaux ont construit des chambres d’isolation. Les ménages ne sortant pas de chez eux, la consommation a dégringolé. Aux Etats-Unis, la presse rapportait que la population évitait les restaurants et les quartiers chinois.

Pendant quelques mois, en 2003, la vie comme elle avait été vécue jusque-là semblait avoir changé pour de bon. Puis, presque aussi rapidement qu’il était arrivé, le SRAS a disparu. Vers la fin du mois de mai 2003, les pays touchés par le SRAS ont été déclarés « sans SRAS », l’un après l’autre. Mais alors, que s’est-il passé ?

Internet

«...si les technologies du 19e siècle – la quarantaine, la prise en charge des contacts étroits, l’isolation – ont été employées avec succès pour contenir la propagation du SRAS, l’Internet a également été un précieux allié dans la lutte contre cette maladie du 21e siècle »
Selon Peter Cordingley, porte-parole de l’OMS au bureau régional du Pacifique occidental, sis à Manille, si les technologies du 19e siècle – la quarantaine, la prise en charge des contacts étroits, l’isolation – ont été employées avec succès pour contenir la propagation du SRAS, l’Internet a également été un précieux allié dans la lutte contre cette maladie du 21e siècle.

La toile a en effet permis de diffuser les nouvelles et les informations qui concernaient le SRAS plus rapidement que la propagation même du virus par voyage aérien, selon M. Cordingley. « Globalement, tout le monde était au courant de tout. Il n’y a pas eu de surprise désagréable », a-t-il expliqué.

L’Internet a également facilité la découverte rapide du coronavirus, le virus à l’origine du SRAS, grâce à un réseau de médecins et de laboratoires privés sans précédent, tous reliés par la toile, selon le porte-parole de l’OMS. Une fois que l’on eut bien compris le fonctionnement du virus – en gros, qu’il se manifestait par des symptômes de grippe classiques avant de devenir contagieux – le SRAS est devenu plus facile à maîtriser.

Information, panique, pertes économiques

Mais cet afflux d’informations a sans doute également contribué à semer la panique plus qu’il n’était nécessaire, entraînant ainsi d’énormes pertes économiques. « L’OMS a été accusée d’avoir exagéré le problème, et rétrospectivement, je suppose que c’est probablement vrai. Comme tout le monde, nous apprenions – et nous n’avons pas tout réussi du premier coup », écrivait le docteur Shigeru Omi, directeur régional pour le Pacifique occidental, dans un ouvrage publié par l’OMS en 2006 et intitulé SARS: How a Global Epidemic was Stopped [SRAS : Comment l’épidémie mondiale a été maîtrisée].


Photo: WHO/Philippines
La propagation du SRAS chez l’homme a été enrayée, mais le coronavirus – un virus animal – n’a pas été éradiqué.
Certes, il est possible que le SRAS ait été quelque peu monté en épingle, mais, comme dit l’OMS, cela a permis de sortir la communauté mondiale de la santé publique de sa torpeur relative. « Le SRAS, malgré la terreur et les souffrances qu’il a causées, a permis d’améliorer considérablement les systèmes de santé publique », écrivait le docteur Omi.

La propagation du SRAS chez l’homme a été enrayée, mais le coronavirus – un virus animal – n’a pas été éradiqué. Toutefois, si le SRAS refait surface, le monde sera désormais mieux équipé pour y réagir. Au début de l’année 2004, des milliers de chats ont d’ailleurs été tués car on craignait qu’ils ne soient porteurs du coronavirus.

A un moment où la grippe aviaire fait planer la menace d’une autre pandémie humaine, les enseignements tirés du SRAS sont également utiles. « Nous prendrions exactement les mêmes mesures que pour le SRAS, mais l’important, c’est de savoir comment la grippe aviaire infectieuse va agir chez l’homme », a indiqué M. Cordingley.

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This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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