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La méningite, une maladie handicapante pour les survivants

Alors que l’épidémie de méningite continue de faire des morts au Burkina Faso, la famille d’Adèle Kaboré est encore confrontée aux séquelles de la maladie qu’elle a contractée il y a cinq ans.

« Elle semble normale, mais tous ceux qui vivent avec elle savent qu’il y a parfois quelque chose qui ne va pas », a expliqué son père Alexis Kabore. « Elle est nerveuse et a des réactions imprévisibles et violentes ».

Agée aujourd’hui de 18 ans, Adèle était autrefois une bonne élève destinée à un brillant avenir. Mais tout a changé depuis qu’elle a été atteinte de méningite.

En effet, outre son changement de comportement, elle a des pertes de mémoire et doit faire de gros efforts de concentration avant de répondre à une question. Elle passe son temps à aider sa mère à la cuisine ou à se balader dans le marché local pour donner un coup de main aux vendeuses de bière ou d’épices.

Dans près de 10 pour cent des cas, la maladie est mortelle et 10 à 20 pour cent des personnes qui s’en sortent souffrent de séquelles neurologiques, de perte de l’ouïe et de troubles de l’apprentissage.

L’épidémie a déjà fait 1 337 morts et au moins 2 000 handicapés au Burkina Faso où, selon les autorités du pays, 19 549 personnes ont été atteintes de la maladie cette année.

En Afrique, la maladie a déjà fait plus de 1 600 morts en 2007, d’après les statistiques de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Treize pays sont touchés par l’épidémie dont huit en Afrique de l’Ouest (Burkina Faso, Bénin, Côte d’Ivoire, Ghana, Mali, Niger, Nigeria, Togo) et deux en Afrique centrale (Cameroun et Tchad).

L’épidémie touche également d’autres pays tels que le Soudan, la République centrafricaine, la République démocratique du Congo et l’Ethiopie.

Tous ces pays se trouvent dans la région aride de la « ceinture de la méningite » qui va du Sénégal, à l’ouest, à l’Ethiopie, à l’est.

Chaque année pendant la saison sèche, de décembre à juin, les pays sahéliens semi-arides sont frappés par une épidémie de méningite déclenchée par les vents de sable et les nuits fraîches, qui rendent les personnes plus vulnérables aux infections respiratoires.

Selon les experts sanitaires internationaux, les pays de la région de la ceinture de la méningite pourraient être confrontés à une épidémie d’une ampleur semblable à celle qui a sévi entre 1995 et 1997 et qui a fait 25 000 morts parmi les 250 000 personnes infectées.

L’OMS s’est dite particulièrement préoccupée par l’apparition d’une forme atypique de méningite au Burkina Faso et au Niger.

Pour faire face à une éventuelle épidémie cette année, le Burkina Faso a mis en place, dès janvier, un plan de prévention et de lutte contre la maladie avec le concours des Nations Unies.

Cela n’a pas empêché le pays d’être confronté à une épidémie de méningite qui, cette année, s’est propagée plus rapidement que l’année précédente. Trente-cinq des 55 districts sanitaires du pays sont touchés par l’épidémie, ont indiqué les autorités sanitaires burkinabè.

Alors que le gouvernement se démène pour se procurer des vaccins et des médicaments, plusieurs partenaires de santé ont apporté leur concours.

Outre la subvention de 1,8 million de dollars versée le 3 avril par le CERF (Fonds central d’intervention d’urgence des Nations Unies), l’UNICEF (Fonds des Nations Unies pour l’enfance) et l’OMS participent à la lutte contre la propagation de la maladie, selon le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA).

Lors d’un atelier organisé l’année dernière à Bamako sur la situation de la méningite, qui a vu la participation de nombreux pays africains, les délégués ont pris note des risques d’une épidémie majeure en 2007-2008 et recommandé la mise en place de mesures préventives tant au niveau national qu’international.

A cet effet, un groupe d’experts sanitaires régional a été créé à Dakar pour assurer une bonne coordination entre les partenaires humanitaires.

L’OMS a créé le Groupe international de coordination pour l’approvisionnement en vaccin antiméningococcique (ICG) pour favoriser l’accès rapide et équitable à des vaccins et médicaments bon marché destinés à juguler les graves épidémies qui ont frappé l’Afrique en 1995 et 1997. Un seul laboratoire produit encore des vaccins antiméningococciques, mais sa production a considérablement baissé.

Si une grave épidémie de méningite survenait dans les prochaines années, près de 52 millions de doses seraient nécessaires, selon le scénario le plus pessimiste, a indiqué l’OMS.

Pour s’assurer de disposer d’un stock suffisant de vaccins antiméningococciques, l’ICG recherche de nouveaux laboratoires producteurs de vaccins. En outre, la mise au point d’un nouveau vaccin aux effets plus prolongés est actuellement en cours, mais ce vaccin ne sera pas disponible avant 2009 ou 2010.

Toutefois, les experts sanitaires craignent que toutes ces mesures ne puissent être appliquées suffisamment tôt pour éviter une épidémie majeure.

« Les faibles infrastructures sanitaires pourraient être débordées et des milliers de vies humaines pourraient être menacées », a dit OCHA.


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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