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Une victoire d'étape contre la stigmatisation

En obtenant son diplôme en journalisme, Fred Adegboye a remporté bien plus qu’une victoire personnelle: pour tous les activistes qui se sont battus pendant des mois afin que cet étudiant séropositif puisse étudier, sa réussite symbolise une étape dans la lutte contre la stigmatisation.

«Je suis tellement heureux d’avoir accompli mon rêve de devenir journaliste en dépit de la stigmatisation... à laquelle j’ai été confronté à cause de mon statut [sérologique]», a-t-il dit à IRIN/PlusNews. «Ca n’a pas été facile, mais je remercie Dieu d’avoir été capable de surmonter tous les obstacles et de prouver qu’être séropositif ne fait pas de quelqu’un un être inférieur, sur le plan universitaire ou autre.»

Admis en juin 2004 à l’Institut nigérian de journalisme (NIJ), Fred Adegboye en avait été renvoyé un mois plus tard après avoir révélé aux autorités de l’école qu’il était infecté au VIH, déclenchant une vague de sympathie et de soutien de la part des media et des activistes de la lutte contre le sida au Nigeria.

Cette mobilisation avait fini par obliger le NIJ à réintégrer cet homme de 47 ans en avril 2005, après plusieurs mois de manifestations, dans un pays où la stigmatisation liée au virus est encore très forte.

En terminant sa formation au terme de ses d’études, grâce à une aide financière du Comité national de lutte contre le sida, et en obtenant son diplôme, Fred Adegboye est devenu le premier journaliste séropositif à avoir ouvertement révélé son statut au Nigeria.

«L’expérience m’a appris que pour les personnes séropositives confrontées à une forme de discrimination ou à une autre, la vie ne nous donne pas ce que nous méritons mais ce que nous demandons et ce pour quoi nous travaillons dur», a-t-il dit, lors d’une rencontre à Lagos, la mégapole portuaire du sud du Nigeria.

Les activistes de la lutte contre le sida ont accueilli avec enthousiasme une victoire qu’ils considèrent comme un signe que des progrès ont été accomplis dans la lutte contre la discrimination et la stigmatisation au Nigeria, le troisième pays au monde le plus touché par l’épidémie en nombre de personnes infectées, après l’Inde et l’Afrique du Sud -selon les Nations unies, 3,9 pour cent des quelque 126 millions d’habitants vivent avec le virus.

«C’est un exemple de campagne réussie et une grande victoire qui ne doit pas être sous-estimée», a dit le docteur Pat Matemilola, coordinateur national du Réseau des personnes vivant avec le VIH au Nigeria, le NEPWHAN.

M. Adegboye étant le seul journaliste ouvertement séropositif dans le pays, le docteur Matemilola a émis l’espoir qu’il «servira d’exemple, celui d’un journaliste qui travaille dur et obtient des résultats, mais aussi qu’il montrera au monde entier que le VIH/SIDA ne rend pas incapable».

Tout en se disant heureuse de la réussite de M. Adegboye, le docteur Morenike Upong, coordinatrice nationale du groupe nigérian de plaidoyer VIH en faveur des vaccins et des microbicides, a estimé que cette victoire dans la lutte contre la stigmatisation devrait ouvrir la voie à d’autres.

«Nous sommes heureux d’avoir gagné dans ce cas particulier et nous sommes fiers qu’Adegboye ait terminé avec succès sa formation, comme ceux qui ne sont pas séropositifs [mais] nous ne nous faisons pourtant pas d’illusions sur le fait que nous n’avons pas atteint nos objectifs de mettre un terme à la stigmatisation, on ne peut pas se reposer sur nos lauriers», a-t-elle dit.

Pour l’organisation nigériane Journalistes contre le sida (Jaaids, en anglais), à l’avant-garde de la mobilisation en faveur de la réintégration d’Adegboye au sein du NIJ, il y a lieu de célébrer Fred Adegboye comme l’exemple d’une personne séropositive qui est prête à faire des sacrifices personnels pour faire avancer la lutte contre la stigmatisation.

«Le prix qu’il a payé est énorme parce que les informations qu’Adegboye avait sur le VIH ... n’étaient pas suffisantes pour lui permettre de révéler publiquement son statut, mais il l’a fait», a dit Kingsley Obom-Egbulem, responsable de la section Communication et recherche de Jaaids. «Cela aurait pu échouer mais nous sommes heureux que cela se soit révélé payant et qu’il ait accompli son rêve.»

M. Obom-Egbulem a reconnu qu’il restait encore beaucoup de chemin à parcourir avant de pouvoir éradiquer la stigmatisation, et que cette réussite était pour l’instant une victoire isolée.

«Au moment même où nous parlons, il y a de nombreuses organisations qui n’emploieraient pas de personnes séropositives ou des écoles qui refuseraient les enfants infectés au VIH ou nés de parents eux-mêmes infectés», a dit M. Obom-Egbulem. «Nos résultats ne sont peut-être pas assez bons mais nous devrions voir le cas d’Adegboye comme un signe que nous pouvons gagner la bataille contre la stigmatisation si nous essayions plus dur.»

Fred Adegboye a indiqué qu’il allait maintenant se mettre à la recherche d’un emploi.


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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