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Les communautés villageoises se mobilisent pour lutter contre le paludisme

Un sourire de reconnaissance illumine le visage de Zenabou Nikiema, alors qu’elle allaite son bébé de deux ans et que lui revient en mémoire cette nuit durant laquelle son fils a souffert d’une forte fièvre et a failli perdre connaissance.

« Il était très tard et mon fils avait une forte fièvre, je suis vite allée acheter des médicaments avec le médecin communautaire », a déclaré Zenabou Nikiema. « Maintenant, nous n’avons plus besoin d’aller très loin…et comme le prix des médicaments est abordable, c’est une raison de plus pour se procurer rapidement les traitements. »

C’est ainsi que Zenabou Nikiema a pu éviter que son fils ne figure parmi les 15 000 enfants qui meurent chaque année du paludisme au Burkina Faso – soit une moyenne d’un enfant toutes les 30 minutes.

Selon les Nations Unies, le paludisme, une infection transmise à l’homme par les moustiques, tue un million de personnes par an en Afrique subsaharienne.

Le traitement que Zenabou Nikiema a pu se procurer pour soigner son fils est subventionné par un projet pilote de Prise en charge à domicile. Dans le cadre de ce projet dont l’objectif est de lutter contre la propagation du paludisme chez les enfants, des médicaments sont mis en vente dans des cliniques communautaires à un prix très abordable, entre 100 et 200 francs CFA (entre 10 et 20 cents américains).

En règle générale, en pharmacie, le coût d’un traitement peut s’élever jusqu’à 4 500 francs CFA (9 dollars américains).

Un nouveau traitement

Ce programme sur trois ans, qui a commencé l’année dernière et qui est en partie financé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), propose un nouveau traitement pour éliminer les parasites du paludisme résistants à la chloroquine. Le ministère de la Santé a lancé sur le marché burkinabé le Coartem, une association médicamenteuse dont le principe actif, l’artémisinine est tiré de l’armoise douce, une plante utilisée depuis des siècles en Chine pour soigner la fièvre.

Le projet pilote étudiera la manière dont la population tolère le Coartem et l’efficacité du médicament.

« Ce projet a été mis en place pour combattre l’une des principales causes de mortalité chez les enfants qui vivent dans les régions rurales et dont les mères ne sont pas instruites. Nous voulons également évaluer la tolérance du médicament et regarder si le parasite du paludisme développe une résistance au traitement », a expliqué le docteur Sodiomon Bienvenu Sirima, responsable du Centre national de recherche et de formation sur le paludisme (CNRFP) et du Programme de développement d'un vaccin contre le paludisme.

Quelque 41 000 adultes et enfants de 39 villages situés dans la région de Saponé, au sud de Ouagadougou, la capitale, participent au projet. Des bénévoles reçoivent une formation pour savoir administrer et gérer les ventes du Coartem, un médicament qu’on peut se procurer dans un entrepôt local. Ils reçoivent également des brochures et apprennent ainsi à sensibiliser les villageois.

Un meilleur accès aux services de santé

Selon les autorités sanitaires, la commercialisation de médicaments antipaludiques bon marché, plus accessibles et plus efficaces permettra à la population d’avoir plus facilement accès aux services de santé. Ainsi, les agents sanitaires auront davantage de temps à consacrer aux autres patients.

« Pendant la saison des pluies, les inondations empêchent les populations de se rendre jusqu’aux centres sanitaires. Les parents attendent parfois trois jours, jusqu’à ce que l’état de santé de l’enfant devienne critique, pour venir nous voir. En conséquence, les assistants sanitaires présents dans les communautés sont d’une aide précieuse », a déclaré Joseph Sawadogo, responsable du centre de santé de Kossilcy. « Puisque nous n’étions que deux, nous passions notre temps à peser les enfants, à faire plein d’autres choses et certains patients devaient attendre ou repartaient sans avoir reçu de soins », a-t-il ajouté.

Désormais, Joseph Sawadogo n’intervient que dans des cas graves de paludisme. Grâce à la mise en place du projet pilote, il peut se consacrer à d’autres tâches importantes, comme la vaccination des enfants. Les membres de la communauté proposent, quant à eux, bénévolement leur aide.

« Ces sont [les bénévoles] des citoyens, des mères, des leaders d’opinion choisis au sein de la communauté et par les membres de la communauté. Ils ont appris à prescrire les traitements et savent quand il faut orienter un patient vers les agents sanitaires », a signalé le docteur Sodiomon Bienvenu Sirima. « Même s’il y a un centre sanitaire à proximité, c’est toujours la communauté qui prend une décision lorsque le patient a de la fièvre », a-t-il poursuivi.

Adjaratou Nikiema, une bénévole du village de Kouglapaka, a expliqué que l’implication des membres de la communauté était nécessaire car malgré le faible coût du traitement, certains villageois n’avaient souvent pas les moyens de se soigner.

« Nous venons en aide aux femmes qui n’ont pas d’argent, qui font partie de la communauté et qui remboursent les médicaments deux ou trois jours plus tard », a-t-elle affirmé. « Les profits que nous enregistrons nous encouragent à aller de l’avant et à sensibiliser davantage de mères sur les conséquences du paludisme et sur les moyens de lutter contre la maladie. »

Des résultats encourageants

D’après les agents sanitaires, les premiers résultats sont encourageants, même s’ils ne sont pas définitifs. Sur une période de deux mois, les bénévoles ont fourni des traitements à 6 000 patients et seulement 145 malades se sont rendus dans un centre sanitaire de la région où le programme pilote est implanté. En outre, seuls 2 500 traitements ont été prescrits parmi un groupe témoin.

« S’il s’agit du paludisme, l’enfant est soigné dans les 24 heures, si ce n’est pas le cas, la mère doit se rendre dans un centre sanitaire », a précisé le docteur Sirima. « Mais comme le médicament n’est ni onéreux ni toxique, il n’y a rien à craindre », a-t-il conclu.

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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