« Nous ne faisions jamais d’expériences [scientifiques] dans mon école », a confié Sadio Touré.
Sadio Touré fait partie des 40 élèves burkinabés sélectionnés pour participer au « camp d’excellence », un programme de deux semaines qui se déroule pendant l’été et dont l’objectif est d’inciter les filles à s’orienter vers les filières scientifiques, où elles sont sous-représentées.
Les filles qui ont participé au camp ont été choisies en raison de leurs excellents résultats scolaires en mathématiques et en physique chimie.
Dans les écoles du Burkina Faso, les garçons sont plus nombreux que les filles et seulement neuf pour cent des jeunes filles font un cycle secondaire. Selon le Fonds des Nations unies pour l’Enfance (UNICEF), seulement 32 pour cent des enfants burkinabés vont à l’école primaire.
Identifier les obstacles
Le camp a été créé à l’initiative de l’association des femmes scientifiques du Faso pour la promotion de l’éducation scientifique et technologique des femmes (FESCIFA/PRESCITEF).
« Nous savons tous que l’éducation est la clé du développement et que la science est le moteur du développement. Pour faire démarrer ce moteur, il faut associer les femmes et cela passe d’abord par la formation des jeunes filles aux sciences », a déclaré Blanche Ouedraogo, présidente de FESCIFA/PRESCITEF.
Les résultats d’une étude menée en 2001 par l’organisation de Mme Ouedraogo ont révélé les différentes raisons pour lesquelles les filles ne s’orientent pas vers les disciplines scientifiques. Ainsi selon l’étude, les filles sont plus réservées que les garçons car elles ont peur que leurs camarades se moquent d’elles lorsqu’elles se trompent, les professeurs hommes n’encouragent pas la participation des filles et enfin les jeunes filles ne semblent pas vouloir participer à la réalisation des expériences scientifiques.
« De manière générale, le pays manque de scientifiques. La situation est encore moins reluisante pour les femmes. Il faut impérativement trouver des solutions », a affirmé Robert Foro, conseiller technique du ministère des Enseignements secondaire, supérieur et de la recherche scientifique.
« A l’école, les jeunes filles sont intelligentes, mais elles ne réussissent pas par manque de confiance en elles », a-t-il ajouté.
Impliquer les jeunes filles
Selon Blanche Ouedraogo, la meilleure façon d’impliquer les jeunes filles est de leur donner une vision plus positive des sciences et de renforcer leur confiance en elles.
Après l’issue de cette étude, FESCIFA/PRESCITEF a organisé des cours d’initiation à la science destinés aux jeunes filles et a créé le camp d’excellence.
Les activités proposées dans le cadre du camp permettent de démystifier les matières scientifiques. Par exemple, les filles apprennent comment le quartz peut être utilisé pour cuire des gâteaux et ont la possibilité de rencontrer des femmes chef d’entreprise.
La santé de la reproduction, la question du genre et le développement sont également abordés pendant le camp.
« D’un point de vue psychologique, ce camp nous a aidé à surmonter certains problèmes de genre que nous rencontrons en classe car les pairs éducateurs étaient des femmes et c’est motivant de voir qu’elles ont réussi », a confié Nadia Kinda, une jeune élève de dix-huit ans, inscrite au Lycée Nelson Mandela de Ouagadougou.
« Ces femmes nous ont donné envie de persévérer pour devenir comme elles », a-t-elle poursuivi.
Bien que sa famille et ses amis lui répètent que les sciences sont une discipline réservée aux hommes, Nadia Kinda souhaite faire des études scientifiques et devenir médecin.
« J’ai compris qu’il ne fallait pas être obligatoirement un homme pour réussir dans les sciences. Nous aussi, les filles, pouvons relever le défi, pour cela il faut avoir confiance en soi », a déclaré Nadia, qui voudrait faire figure de modèle pour les autres filles de son pays.
Blanche Ouedraogo prévoit d’organiser le camp d’excellence chaque année et espère recevoir des financements pour créer des camps régionaux afin de s’adresser à davantage de filles.
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