Faute de preuves suffisantes, les juges d’instruction ont annoncé mercredi qu’ils abandonnaient les charges qui pesaient contre l’adjudant Marcel Kafando. Le procureur a déclaré qu’un des principaux témoins ne se rappelait plus des détails d'une réunion avec Kafando quelques jours avant le meurtre de Zongo.
«Marcel Kafando a été inculpé sur la base d’une déclaration de témoin. Et dès lors que le témoin est revenu sur sa déclaration, et à partir du moment où il subsiste un doute, c’est un principe de droit, [cela] profite à l’accusé», a expliqué Abdoulaye Barry, procureur général de la cour d’appel de Ouagadougou.
Kafando était le seul inculpé dans ce procès et Zongo enquêtait sur une affaire dans laquelle il avait déjà été condamné pour meutre.
« C’est scandaleux et honteux pour le système judiciaire de notre pays », a déclaré Jean Claude Meda, président de l’Association des journalistes du Burkina Faso (AJB). « Et comme il s’agit d’un assassinat politique, nous ne pouvions pas exclure les pressions faites sur le juge qui a finalement pris une ordonnance de non-lieu.
Zongo était l’éditeur de l’Indépendant, une revue hebdomadaire. Il a été tué en décembre 1998 alors qu’il enquêtait sur le meurtre de David Ouédraogo, chauffeur du frère cadet du Président Blaise Compaoré. Les corps de Zongo et de ses trois compagnons ont été retrouvés brûlés et criblés de balles dans la voiture de Zongo, à 100 kilomètres de Ouagadougou, la capitale.
En 1999, une commission d’enquête indépendante a conclu que la mort de Zongo avait un lien avec l’enquête qu’il menait à l’époque et que six gardes du corps du Président faisaient partie des principaux suspects dans ce meurtre.
« C’est alarmant de voir que malgré la commission d’enquête indépendante et huit années d’investigation, les autorités ont abandonné les poursuites », a déclaré Joël Simon, directeur du comité de protection des journalistes basé à New York.
« Si l’affaire Zongo a été classée, cela enverra un signal terrible d’impunité aux meurtriers des journalistes, et le meurtre de Zongo continuera de faire de l’ombre à la presse indépendante du pays. »
La mort de Zongo a déclenché des séries de problèmes sociopolitiques sans précédent au Burkina Faso. Le président a accepté de constituer une commission d’enquête indépendante et de procéder à quelques réformes politiques.
Entre temps, l’avocat de la famille Zongo a fait appel de la décision du tribunal.
« Je suis sceptique quant à la capacité de notre système judiciaire et quant aux hommes qui en sont responsables pour que ceux-ci prennent une décision vraiment honnête ».
This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions