Quelque 1 300 activistes venus d’Afrique, d’Europe et d’Amérique du Nord se sont rassemblés dans ce pays enclavé d’Afrique de l’Ouest pour participer au forum organisé du 6 au 9 juillet par la Coalition des alternatives africaines dette et développement (CAD), une institution malienne.
Il s’agit du quatrième forum de ce type organisé par la CAD au Mali en parallèle avec le sommet du G8. Il se tient à Fana, un centre de fabrication et de commerce de coton situé à 120 km à l’est de Bamako, la capitale malienne.
Très critiquées, les subventions versées par les Etats-Unis et l’Europe pour la culture du coton et d’autres produits agricoles ont contribué a appauvrir les pays en voie de développement et constituent la principale pomme de discorde dans les négociations menées par l’Organisation mondiale du commerce.
Le coton constitue le pilier de l’économie rurale au Mali, un pays semi-aride qui, selon l’Indice de développement humain des Nations unies, serait la quatrième nation la plus pauvre du monde.
« Les dirigeants des huit pays les plus riches du monde gouvernent le monde sans légitimité aucune », a déclaré Barry Aminata Touré, présidente de la CAD, lors de la cérémonie d’ouverture du forum de Fana mercredi.
« Leur pouvoir, qu’ils utilisent pour dominer et exploiter le monde, fait régner le chaos dans les pays en voie de développement », a-t-elle ajouté.
Après les attentats terroristes de Londres, jeudi dernier, les dirigeants des pays du G8 étaient déterminés à reprendre, vendredi, les débats sur la pauvreté en Afrique.
L’un des principaux objectifs de la CAD est d’informer le public que les souffrances quotidiennes des Africains démunis sont liées aux politiques en vigueur actuellement dans les domaines du commerce international et de l’économie, et de proposer des solutions alternatives, selon Samba Ibrahim Tembelly, le secrétaire permanent de la CAD.
Boubacar Bah, secrétaire du Parti africain pour la solidarité et la justice, un parti d’opposition malien, a le même point de vue que Samba Ibrahim Tembelly et soutient les efforts de la CAD. Selon lui, il est du devoir des Africains de faire entendre leur opinion à propos des pratiques économiques injustes qui sont en vigueur actuellement. « Le forum de Fana vise à montrer qu’il existe une autre vision du monde, en dehors de celle du G8 ».
Selon Bah, les subventions sur le coton ne sont pas le seul fléau de l’Afrique, qui pâtit également de subventions sur les produits laitiers, la viande et le sucre. « Ces subventions ruinent l’agriculture africaine ». La solution serait, en partie, de mettre fin à toutes les subventions et de réduire les exigences en matière de normes de qualité à l’exportation.
« Nous souhaitons que les leaders du G8 prennent des mesures concrètes pour respecter leur engagement à lutter contre la pauvreté », a déclaré Dounantie Daou, le secrétaire général de la CAD.
Il a appelé les leaders du G8 « à prendre immédiatement des mesures visant à mettre un terme aux disparités qu’ils ont créées dans le monde et à annuler sans condition la dette des pays du Tiers Monde dans son intégralité ».
Le mois dernier, les ministres des Finances des pays du G8 ont annoncé l’annulation de la dette de 18 nations, dont 14 Etats africains. Toutefois, les défenseurs du commerce équitable ne sont pas satisfaits. Selon eux, cette décision est loin d’être suffisante pour apporter l’aide dont ont grandement besoin les pays défavorisés.
L’Union africaine (UA) a récemment exhorté les pays du G8 à annuler les dettes de tous les pays d’Afrique.
Anne Marchand d’Attac, une coalition alter-mondialiste française , a révélé à IRIN qu’il y avait cette année plus de non-Africains parmi les participants au forum que les années précédentes.
Selon elle, de plus en plus d’activistes originaires du monde industrialisé se sentent concernés par les doléances des pays en voie de développement. « Les liens qui existent entre les mouvements de résistance du nord et du sud deviennent de plus en plus forts », a-t-elle affirmé.
D’après Mme Marchand, le forum a réuni cette année, outre des représentants de neuf pays d’Afrique centrale et de l’Ouest, des activistes belges, canadiens, français, allemands et italiens.
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