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La crise ivoirienne paralyse la petite ville frontalière de Zegoua

[Mali] Civil protection officials in the Malian town of Zegoua, on the border with Cote d'Ivoire. IRIN
Une fois enregistrés à leur arrivée au Mali, les migrants se fondent dans la nature
La crise ivoirienne affecte les pays voisins et Zegoua n’y a pas échappé, la petite ville à la frontière malienne a vu son économie s’effondrer en l’espace de quelques jours faisant craindre une crise humanitaire imminente.

Les hôpitaux, le réseau électrique et les commerces ont tous été affectés dans cette petite ville à cheval sur la frontière, située à moins de 500 km au sud de Bamako sur l’axe reliant la capitale malienne à la Côte d’Ivoire.

«Si ça continue, c’est le spectre de la crise humanitaire qui se profile,» a déclaré à IRIN Fatogoma Ouattara, le maire de cette commune. «La crise ivoirienne a sérieusement secoué Zégoua.»

Dans la ville frontalière, le commerce est au ralenti puisque les voitures ne traversent plus la frontière depuis jeudi dernier, le jour où les forces armées ivoiriennes ont commencé à bombarder des villes du nord de la Côte d’Ivoire.

La veille du début du bombardement l’électricité a soudainement été coupée à Zegoua et dans le nord de la Côte d’Ivoire. D’après les informations recueillies par Ouattara, le maire de la ville, la coupure de courant est le fait d’un sabotage des autorités d’Abidjan mais ne relève pas d’une panne technique, comme le laissaient penser les forces rebelles.

Cette situation n’a fait que paralyser les services sanitaires de la ville. «Sans la lumière, on ne peut pas travailler correctement,» a indiqué à IRIN le docteur Yaya Coulibaly, médecin-chef du centre hospitalier de Zégoua, avant d’ajouter : «Quand la source de lumière n’est pas suffisante, ça joue sur la qualité de nos interventions.»

Sans électricité, il n’y a ni téléphone ni communications radio au centre hospitalier. Pour Coulibaly et son équipe, cela a de graves conséquences. A l’instar des autres petits centres de santé qui ne possèdent pas d’ambulance, ils utilisent la radio pour en commander une à l’hôpital de référence le plus proche.

«En cas de complication grave, le malade pourrait mourir parce que l’hôpital de référence est à Kadiolo,» situé à 15 km a indiqué Coulibaly.

La seule boulangerie de la ville fonctionne à l’électricité et est actuellement fermée. Le pain vient désormais de Sikasso, la capitale régionale, à 100 km de Zegoua, ce qui a entraîné le doublement du prix de la miche, passé de 75 à 150 francs CFA. Selon Aminata Dante, une mère de famille, le pain de glace a été multiplié par huit ou par 10.

La crise en Côte d’Ivoire a aussi des répercussions économiques sur Zegoua et sur le Mali de manière générale.

La ville, où résident 22 000 personnes, se trouve sur la nationale 7, la voie qu’empruntent les camions de coton, la principale ressource d’exportation, vers le port d’Abidjan, et pour faire entrer des marchandises importées notamment les fruits, les légumes et le ciment.

«Avec la crise, les gros porteurs se sont arrêtés et, comme par enchantement, la ville s’est vidée,» a indiqué Ouattara. «Les transitaires et autres opérateurs économiques ont quitté la ville.»

Selon Chiaka Sangaré, le régisseur de la mairie, la municipalité perçoit chaque mois un million de francs (2 000 dollars américains) de taxe sur les activités liées au commerce transfrontalier. Depuis la semaine dernière, cette source de revenu s’est tarie.

«Nous n’avons pas encaissé un seul centime,» a déclaré à IRIN le régisseur de la mairie.

Bakary Coulibaly, le chef du bureau des douanes, est également très inquiet. «Même si ce n’est pas officiel, la frontière est fermée,» a t-il fait remarquer. «Il y a aucun camion, aucune activité depuis le déclenchement de la crise.»

Près de 700 camions traversent chaque jour la frontière à Zegoua, ce qui rapporte à l’état malien entre 180 millions et 200 millions de francs CFA (environ 360 000 à 400 000 dollars) par mois, a indiqué Coulibaly.

Lorsque la guerre civile a éclaté en Côte d’Ivoire en septembre 2002, coupant le pays en deux – le nord aux mains des rebelles et le sud contrôlé par le gouvernement --, une vague de réfugiés a traversé la frontière de Zegoua.

La semaine dernière, pendant que des bombes tombaient sur Bouaké et sur d’autres localités tenues par les rebelles dans l’est et l’ouest de la Côte d’Ivoire, Zegoua se préparait à recevoir un autre flot de réfugiés.

Mais lundi dernier, seules 28 personnes ont rejoint la ville – 26 maliens dont huit blessés venant de Bouaké, le quartier général des rebelles, un Ivoirien et un Nigérian –selon les responsables de la gendarmerie et des services de la protection civile à Zegoua.


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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