Ses deux principaux adversaires à l’élection présidentielle du 11 octobre, John Fru Ndi et Adamou Ndam Njoya, ont accusé le gouvernement de fraude massive et introduit un recours en annulation auprès du Conseil constitutionnel.
Une équipe de 1 200 observateurs, envoyés par l’église catholique à travers le Cameroun, a elle aussi signalé de nombreux dysfonctionnements dans le déroulement des élections.
Toutefois, les équipes d’observateurs envoyées par les Etats-Unis et par l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) se sont déclarées relativement satisfaites du déroulement des élections.
Le ministre de l’intérieur, Hamidou Yaya, a indiqué à la presse, jeudi, que les bulletins comptabilisés jusque là faisaient apparaître une nette victoire de Biya, avec 75,24 pour cent des voix.
Agé de 71 ans et apparaissant rarement en public, le président camerounais est depuis 1982 à la tête de cet état de 16 millions d’habitants.
Fru Ndi, le leader du parti d’opposition le Social Democratic Front dont la plupart des sympathisants proviennent des régions montagneuses du sud-ouest du Cameroun, arrive en deuxième position avec 17,13 pour cent des voix, a indiqué Yaya.
Ndam Njoya, ancien ministre et diplomate qui représentait la coalition de neuf partis d’opposition appelée Coalition pour la réconciliation nationale et la reconstruction (CNRR) se classe en troisième position avec 4,71 pour cent des voix, a ajouté Yaya.
Le ministre de l’intérieur a déclaré que le taux de participation était de 80 pour cent, réfutant ainsi les allégations de la presse selon lesquelles l'affluence dans les bureaux de vote avait été faible.
Fru Ndi, qui avait été crédité de 35 pour cent des votes lors de sa première confrontation avec Biya en 1992, a déclaré qu’il avait remporté les dernières élections.
«Les résultats partiels en notre possession montrent que le candidat du SDF arrive en tête avec 45 pour cent des voix, alors que M. Biya, candidat du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) n’obtient que 39 pour cent,» a indiqué vendredi Fru Ndi à IRIN.
«Des gens ont voté plusieurs fois, les urnes étaient bourrées de bulletins de vote, nos observateurs ont été battus et expulsés des bureaux de vote dans la plupart des régions du pays,» a t-il déploré.
Ndam Njoya a qualifié les élections de «mascarade».
Le quotidien francophone de Yaoundé, le Messager, a émis des doutes sur le caractère indépendant de la délégation des observateurs américains qui ont avalisé le résultat des élections.
Sous le titre «Biya achète les observateurs américains», le Messager a indiqué vendredi que les membres de la délégation américaine n’étaient que des faire-valoir recrutés par le groupe de pression Patten & Boggs pour valider le résultat des élections.
Selon le Messager, le gouvernement camerounais a payé 400 000 dollars américains à Patten & Boggs pour qu'ils fassent venir une équipe d’observateurs américains acquise à la cause du gouvernement camerounais qui espérait ainsi éviter des critiques aussi virulentes que celles émises par les observateurs américains indépendants présents aux élections de 1997 et 1992.
Le Messager a noté qu’un seul membre de l’équipe conduite par l’ancien sénateur texan Greg Laughlin s'était déjà rendu en Afrique.
«Les élections ont été justes,» a déclaré Laughlin à la BBC. «Nous n’avons jamais vu une manière aussi transparente de désigner celui qui a obtenu le suffrage».
Selon Norbert Ratsirahonana, chef de la mission des observateurs de l’OIF, les élections ont été bien organisées et les votes se sont déroulés correctement. Mais il a ajouté que les candidats de l’opposition n’ont pas eu accès aux médias pendant la campagne et qu’il y a eu une controverse sur la manière dont les listes électorales ont été établies.
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