Les responsables des forces rebelles ont précisé que trois civils avaient été blessés après que des casques bleus marocains aient ouvert le feu sur des manifestants qui s’étaient rassemblés lundi matin devant le quartier général des forces de l’ONU à Bouaké.
Dans un communiqué, l’opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI) a déclaré que les forces de maintien de la paix basées à Bouaké ont tiré en l’air, démentant catégoriquement les allégations des rebelles selon lesquelles des coups de feu ont été tirés sur les manifestants.
«Les casques bleus de l’ONU, qui ont reçu l’ordre d’intervenir avec la plus grande retenue, ont respecté les règles d’engagement et n’ont, à aucun moment, ouvert le feu sur des civils,» a précisé le communiqué.
Le porte-parole de l’ONUCI, Jean-Victor Nkolo, a indiqué que simultanément un coup de feu a éclaté dans le quartier général des forces de maintien de la paix, l’ancien bureau régional des télécommunications.
Le correspondant d’iIRIN présent sur les lieux a indiqué que les forces de maintien de la paix ont tiré plusiseurs fois en direction du millier de manifestants.
Les autorités des forces rebelles ont accusé des «soldats excités» d’avoir tiré sur une foule pacifique, mais le correspondant d’IRIN a confirmé que les manifestants lançaient des pierres et divers projectiles sur les forces de l’ONU.
Certains manifestants portaient des pancartes sur lesquelles on pouvait lire : «Nous ne voulons pas de l’ONUCI», ou «Pas de désarmement le 15 octobre si toutes les réformes politiques ne sont pas votées,» alors que la foule tentait de forcer la clôture de barbelés qui entourait le bâtiment des Nations Unies. Dans la confusion, plusieurs voitures ont été endommagées, a indiqué le correspondant IRIN.
Moins de quatre heures après le début de cette première confrontation, un autre groupe de 400 manifestants tout aussi indiscipliné a attaqué le quartier général des forces françaises à Bouaké, situé dans la cour de l’école française de la ville.
Le porte-parole des forces françaises, le colonel Henry Aussavy, a indiqué que trois soldats français ont été légèrement blessés lorsque la foule a défoncé les portails de la cour de l’école.
Plus tard, selon un autre porte-parole de l’armée française, les troupes françaises ont fait usage de gaz lacrymogène et tiré en l’air des coups de semonce pour faire reculer la foule.
Le colonel Aussavy a déclaré au correspondant Id’RIN que la situation à l’entrée de la base française était redevenue calme après le passage de responsables militaires des forces rebelles venus sur les lieux pour calmer et disperser la foule.
Les forces françaises et onusiennes de maintien de la paix basées dans la région sud contrôlée par le gouvernement sont souvent attaquées par les jeunes patriotes, un groupe de jeunes miliciens partisans du président Laurent Gbagbo.
La semaine dernière, les 4 000 hommes du contingent français et les 6 000 soldats des forces d’interposition de l’ONU avaient aussi été la cible des partisans des forces rebelles dans le nord du pays.
Jeudi dernier, trois soldats marocains des forces d’interposition de l’ONU ont été blessés et un véhicule de l’ONU a été saccagé par des manifestants devant l’entrée des bureaux de l’ONUCI à Bouaké.
Samedi dernier, des témoins ont raconté que des manifestations semblables ont été organisées contre la présence des forces françaises dans la région de Man, la grande ville de l’ouest tenue par les rebelles. Un porte-parole militaire français a précisé lundi à IRIN que, pendant cette manifestation, les militaires français ont fait usage de grenades lacrymogènes et tiré des coups de semonce, mais que 10 soldats avaient été blessés.
Les observateurs constatent une montée de la tension à travers tout le pays ces dernières semaines, après l’échec de la dernière rencontre internationale, organisée en juillet au Ghana pour mettre fin à la guerre civile qui dure depuis plus de deux ans en Côte d’Ivoire.
Après les dernières manifestations qui se sont déroulées à Bouaké, Guillaume Soro, leader des forces rebelles, ne s’est pas rendu lundi à Yamoussoukro, la capitale de la Côte d’Ivoire, où était prévue une réunion avec le président Gbagbo et les responsables militaires des forces armées gouvernementales, des forces rebelles et des forces de maintien de la paix.
Cette réunion avait pour objectif de trouver un moyen pour faire avancer le fragile processus de paix après que Gbagbo se soit avéré incapable d’appliquer les réformes politiques promises avant le début du désarmement prévu le 15 octobre.
Gbagbo et la plupart des 41 ministres du gouvernement de réconciliation nationale sont arrivés à Yamoussoukro avec le responsable militaire des forces rebelles, le colonel Soumaila Bakayoko. Toutefois, un correspondant d’IRIN sur place a constaté que seulement un ministre était présent à cette réunion, sur les sept que compte les Forces Nouvelles dans le gouvernement
Le week end dernier, Soro a clairement indiqué que la rébellion qui contrôle la moitié nord du pays ne serait pas désarmée tant que la constitution n’intégrera pas les réformes politiques promises par l’accord de paix de Linas-Marcoussis de janvier 2003.
Citant Guillaume Soro, le journal de l’opposition, le Patriote, a indiqué qu’après s’être réuni pendant trois heures samedi soir avec les responsables politiques et militaires des forces nouvelles, Soro a déclaré que «les réformes politiques ne sont pas appliquées. En conséquence, il n’y aura pas de désarmement le 15 octobre, ni de cantonnement des troupes à cette date.»
«Le 30 septembre, les projets de loi de l’accord de Marcoussis ont été bloqués par les députés du parti de Laurent Gbagbo et rien ne s’est passé. Le 15 octobre, il n’y aura pas de désarmement et rien ne se passera.»
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