En revenant à Ganta, un bourg autrefois très animé situé à la frontière nord du Liberia avec la Guinée, David eu la surprise de ne plus retrouver ses quatre enfants.
« J’ai été séparé de mes enfants lorsque les combats ont éclaté et j’ai toujours pensé qu’ils avaient été tués compte tenu de la violence des bombardements et des échanges de tirs», a confié Wilson à IRIN.
Pendant 18 mois, David a pleuré la perte de ses enfants.
En réalité, ses enfants étaient toujours vivants. Pensant que leurs parents avaient péri au cours des combats, ils ont fuit et ont passé la frontière guinéenne pour finir dans un camp de réfugiés.
Espérant qu’un de leur parent pourrait encore être vivant et serait susceptible de les reconnaître, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a diffusé les photos des enfants de David Wilson sur des affiches dans différentes places publiques du Liberia, dans le cadre de sa campagne de réunification de milliers d’enfants séparés de leurs familles.
Et en novembre dernier, c’est un père tout heureux qui découvre sur une affiche collée sur un puits de Ganta, le visage de ses quatre enfants : Geekor, David, Cecilia et Davidetta.
Il a leur transmis immédiatement un message par le biais du CIRC, et ils lui ont répondu tout aussi promptement. Finalement, c’est à bord de la Toyota Landcruiser du CICR que les quatre enfants ont été reconduits à la frontière de Ganta pour d’heureuses retrouvailles avec leur père.
«Je ne pensais pas revoir mes parents après avoir été séparé d’eux par les combats», a expliqué Geekor, 13 ans. «Je les croyais morts».
«Dieu a exhaussé mes prières lorsque j’ai vu leurs photos sur les affiches du CICR où figuraient d’autres enfants portés disparus, à la recherche de leurs parents. J’étais comblé de joie a l’idée de savoir que mes enfants encore vivants», a confessé le père de 60 ans en pleurant de joie.
Depuis le début de la guerre civile en août 2003 au Liberia, le CIRC a permis à 2 300 enfants de retrouver leur famille grâce à cinq campagnes d’affichage de photos d’enfants disparus.
Jusqu’à présent, plus de 600 enfants ont ainsi retrouvé leur famille. A l’instar des quatre enfants Wilson, la plupart de ces enfants s’étaient retrouvés dans un camp de réfugiés en Guinée.
Selon Vasily Fadeev, le porte-parole du CIRC en Guinée, la Croix-Rouge permet à environ 30 enfants libériens par mois de retrouver leur famille. Le CIRC a même réussi à ramener chez eux des orphelins libériens qui pensaient d’ailleurs ne plus avoir de famille.
Gorgboyee Paye, un gamin de 6 ans est de ceux-là.
Il vivait dans un orphelinat de 54 enfants à Ganta géré par une organisation religieuse. Mais, lorsque les combats ont éclaté en mars 2003, provoquant la séparation de la famille Wilson, Gorgboyee s’est retrouvé au milieu d’une foule de civils apeurés fuyant vers la frontière guinéenne.
Une femme en fuite avec ses trois enfants a vu Gorboyee, perdu et pratiquement nu, et l’a pris sous son aile. Comme les enfants Wilson, ils ont fini au camp de réfugiés de Lainé près de Nzerekore, la préfecture de la région forestière au sud-est de la Guinée.
Le Révérend Cyrus Saye, directeur de l’orphelinat de Ganta, était à la frontière pour accueillir le petit Gorgboyee. Le jeune garçon, qui avait revêtu pour la circonstance des habits propres, est descendu du véhicule de la Croix-Rouge sans mot dire, mais tout sourire.
Dans un communiqué, le CIRC a fait savoir que la division chargée de la recherche des familles travaillait actuellement sur 716 autres cas d’enfants séparés, dont 441 ont été recensés dans les camps de réfugiés en Guinée.
Selon le HCR, il y avait près de 150 000 réfugiés libériens en Guinée a la fin du conflit au Liberia, mais depuis, bon nombre de ces réfugiés ont rejoint leur domicile
Des dizaines de milliers de réfugiés sont rentrés spontanément après la signature de l’accord de paix en 2003. En octobre 2004, le HCR a lancé une campagne officielle pour le retour volontaire et la réinsertion des réfugiés.
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