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13 000 déplacés de l'Ituri restent au camp de l'aéroport de Bunia

Un an après les affrontements entre milices ethniques qui ont poussé des milliers d'habitants du district de l'Ituri, au nord-est de la République Démocratique du Congo (RDC), à se réfugier dans le camp de déplacés de l'aéroport de Bunia, la plupart ne sont toujours pas rentrés chez eux.

"Ils sont aujourd'hui au nombre de 13 000, au lieu de 15 000 en avril 2003, lors de la reprise des affrontements" indique Modibo Traore, du Bureau pour la Coordination des Affaires Humanitaires de l'ONU (OCHA) à Bunia, principale ville d'Ituri.

Les différents acteurs humanitaires ont pourtant établi un programme d'assistance au retour volontaire des déplacés. Mais malgré la relative stabilité en Ituri, peu de candidats se sont manifestés pour bénéficier du programme.

"Nous poursuivons ce programme qui se fait sur une base volontaire, même si très peu de gens acceptent de regagner leur domicile" explique Traore.

"Depuis près de deux mois, un programme de distribution de kits non-alimentaires aux retournés [anciens déplacés qui ont fait le choix de regagner leur domicile] est mis en oeuvre par OCHA, en collaboration avec la Mission des Nations Unies en RDC (MONUC), d'autres agences comme le Programme alimentaire mondial (PAM), le Fonds des Nations Unies pour l'Enfance (UNICEF), l'Office d'Aide Humanitaire de la Commission Européenne (ECHO), et l'organisation non-gouvernementale Atlas Logistique, mais l'opération ne suscite pas beaucoup d'engouement auprès des déplacés" indique Matteo Frontini, responsable de l'UNICEF à Bunia.

Les déplacés qui décident de rentrer chez eux sont transportés par camions, et les kits qui leurs sont fournis comprennent des bâches, casseroles, savons et couvertures, afin de faciliter leur réinstallation.

Mais seules près de 2 000 personnes ont choisi de regagner leurs domiciles. "En mars dernier, Atlas Logistique, grâce à l'appui d'OCHA et de la MONUC, a ramené 192 personnes, qui étaient parties au nord de Bunia" a indiqué Traore

"Je ne peux pas rentrer dans ma maison car les miliciens m'ont tout prix, ne me laissant que ma femme et deux enfants, mais si j'avais ce qu'il faut pour vivre ailleurs et en toute sécurité, je quitterais bien ce camp" explique Maki Ayanga, l'un des déplacés.

La plupart des déplacés viennent de Bunia elle-même, ou du territoire de Djugu, au nord de la ville. Ils ont fui les combats, qui ont opposé de nombreuses milices, dont notamment l'Union des Patriotes Congolais (UPC), une milice à dominance ethnique Hema, et le Front des Nationalistes Intégrationnistes (FNI), à dominance Lendu.

Les affrontements auraient fait 8 000 victimes, principalement d'avril à juin 2003, selon un rapport de la section des droits de l'homme de la MONUC publié le 9 août.

Les conditions sécuritaires restent aujourd'hui la première préoccupation des déplacés. Certains miliciens occupent encore leurs maisons, empêchant tout retour. "La situation est encore précaire. La plupart [des déplacés] viennent du quartier de Muzipela, dominé par les miliciens de l'UPC, les [ressortissants d'autres ethnies] n'y sont pas en sécurité" affirme Traore.

Pourtant, le camp de Bunia offre peu de confort. Les déplacés se plaignent souvent de la faim, malgré la ration alimentaire du PAM qu'Atlas Logistique leur distribue chaque mois, selon un humanitaire qui a souhaité garder l'anonymat. L'UNICEF gère une école primaire gratuite, et traite les enfants soldats qui doivent être démobilisés, ainsi que les femmes et filles victimes de violences sexuelles.

"Le viol des femmes reste encore un problème majeur. Il n'y a plus de combats, mais les groupes armés sont encore présents, et sont maintenant des brigands" explique Frontini.

Fuyant l'insécurité, certaines personnes passent la journée en ville, mais reviennent au camp à la nuit tombée.

La MONUC a déployé environ 5.000 casques bleus en Ituri il y a un an. Ils ont pour mandat de désarmer les miliciens. C'est le but de l'opération baptisée "Bunia sans armes". Mais la prolifération des groupes armés dans la région rend la tache ardue.

"Quand on parle de 'Bunia sans armes', cela ne s'applique qu'à l'extérieur de la ville, Bunia n'est pas sans armes; la nuit, il y a beaucoup de vols à main armée" explique Traore.

Un Acte d'Engagement devant garantir un cessez-le-feu a été signé le 14 mai par sept des milices, dont l'UPC et le FNI, sous l'égide de la MONUC. Mais début juillet, la milice des FAPC (Forces armées populaires congolaises) et le FNI reprenaient les hostilités.

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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