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Des associations au chevet des personnes infectées dans les zones rurales

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IRIN
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Parce que les centres de prise en charge des personnes vivant avec le VIH/SIDA sont rares dans les campagnes camerounaises, une association a fait de l’accompagnement des patients un crédo. «A cause de l'enclavement et du mauvais état des routes en zone rurale, l'accès aux unités de prise en charge est très difficile [pour les personnes infectées]», a dit Crépin Djemna, le coordonnateur de Kasafro, une association locale qui intervient dans la province du littoral, où se trouve la grande ville portuaire de Douala. «En milieu rural, les patients reçoivent rarement la visite d'un médecin», a-t-il ajouté, soutenu par le professeur Jacques Philippe Tsala Tsala, un psychologue clinicien qui collabore avec le Comité national de lutte contre le sida (CNLS). «Les unités de prise en charge sont concentrées en milieu urbain et en période de grosses pluies, l'accès aux villages est quasi-impossible», a-t-il dit. Selon le docteur Juerge Noeske, de la coopération allemande GTZ à Douala, il n’existe que 21 centres de prise en charge dans les dix provinces du pays, et ils sont en général ouverts dans les villes – certaines pouvant en abriter deux ou trois alors que les campagnes n’en ont aucun. Dix centres de traitement sont concentrés dans la seule province du littoral, selon le docteur Fritz Ntone Ntone, le directeur de l’hôpital Laquintinie de Douala. Partant de ce constat, les responsables de Kasafro-Actions sans frontière – ce qui signifie ‘les diminués’, dans l'un des 250 dialectes qui cohabitent au Cameroun – ont crée l’association en 2003 à Penja, une ville du département du Moungo dans la province du Littoral. Grâce à l’appui d’une organisation non-gouvernementale italienne, Cogito Excellenti, et la participation financière de ses 113 membres, Kasafro accompagne les personnes qui vivent avec le VIH/SIDA dans leur quotidien, souvent pénible faute de médicaments, d’argent pour se nourrir convenablement, d’informations et de soutien psychologique. «Nous leur donnons des soins à domicile», a expliqué M. Djemna, ajoutant que les membres de l’association nettoient la maison, lavent la vaisselle et font la cuisine. «Nous leur montrons comment associer les différents aliments dont ils disposent pour avoir une alimentation riche», a-t-il ajouté. Le manioc est ainsi râpé, séché et transformé en coucous ou en tapioca pour une plus grande variété de repas. Kasafro a vu le jour dans le département du Moungo, mais ses 113 membres, la plupart vivant avec le VIH/SIDA, habitent aussi Nkam, Wouri, et Sanaga Maritime, les trois autres départements de la province du Littoral. Cette province, située dans le sud-ouest du pays, une région proche du Nigeria, affiche un des taux de prévalence au VIH parmi les plus élevés du pays, soit huit pour cent contre une moyenne nationale de 6,8 pour cent, selon des statistiques officielles en 2004. Un relais entre la maison et l’hôpital «L'association sert surtout de relais entre l'hôpital et la maison», a expliqué M. Djemna, ajoutant qu’elle veillait à ce que les patients prennent régulièrement leurs traitements, que ce soit des antirétroviraux (ARV) ou des médicaments contre les infections opportunistes, qui apparaissent sur des organismes affaiblis par le virus. Une vingtaine de personnes recevrait actuellement un traitement ARV dans les deux hôpitaux, l’un privé, l’autre public, que compte la localité -- 23 patients sauf M. Djemna, séropositif depuis sept ans. Pour leur permettre d’honorer leurs rendez-vous avec les médecins des hôpitaux de Monkoupé et de Nkoungsamba, Kasafro héberge régulièrement les patients venus de loin, souvent pour échapper aux questions de leur entourage. «A cause de la stigmatisation, les personnes séropositives se rendent souvent dans des centres de santé éloignés de chez eux», a expliqué M. Djemna. Pour faciliter l’existence des patients au sein de leurs communautés, l’association a ouvert ses portes aux personnes séronégatives, qui peuvent ainsi dialoguer et mieux comprendre leurs concitoyens vivant avec le virus. Une maison, appelée RJN² (pour Rémi Jusquin Ndiene Nzeppa, un cardiologue camerounais aujourd’hui décédé), accueille ainsi une trentaine d’enfants orphelins du sida ainsi que des femmes, rejetées par leur époux après l'annonce de leur statut sérologique. Selon M. Djemna, certaines femmes sont même interdites de séjour chez leurs propres parents. «La femme restera alors à la maison RJN² en attendant que nos démarches aboutissent et que l'époux accepte de la reprendre», a-t-il expliqué. Les statistiques officielles révèlent que plus de 60 pour cent des personnes infectées par le virus sont des femmes, les jeunes femmes de moins de 25 ans étant les plus touchées. Dans cette tranche d’âge, 7,5 pour cent des filles de la province du Littoral sont infectées au VIH, selon les Nations unies. L’immense majorité des femmes dépend financièrement du mari, selon les acteurs de la lutte contre le VIH au Cameroun. Elles n’ont souvent pas la possibilité d’imposer le port du préservatif, d’empêcher leur mari d’avoir des relations sexuelles extra-conjugales ou de refuser les rapports non protégés. Les enfants ne sont pas mieux lotis, a expliqué M. Djemna. «Les membres de la famille ne diront jamais que les parents d'un enfant sont morts du sida, a-t-il dit. «Ils ne veulent pas que les gens sachent.» Les enfants, logés à l’enseigne de la discrimination La maison RJN², qui s’est installée dans les locaux d’un ancien hôpital, loge 31 orphelins du sida, la plupart d’entre eux sont séropositifs. Ils y reçoivent l’attention et la formation (en couture, cuisine, informatique, coiffure) qui leur fait défaut, selon M. Djemna, grâce à un personnel à demeure qui les entoure et les réconforte. Des travaux agricoles, sur des terres louées par l’association, permettent de nourrir tout le monde, voire de générer des revenus par la vente des fruits et des légumes. Les enfants passent leur journée avec ceux de la communauté, les parents amenant leur progéniture au centre avant d’aller travailler dans les champs. Les membres de Kasafro ont reçu en 2004 une formation dispensée par la GTZ pour assister les communautés à la prise en charge des personnes séropositives en milieu rural. D’autres ONG internationales, telles que Care international et Médecins sans frontières, interviennent auprès de ces associations camerounaises, pour leur donner les compétences techniques nécessaires à cet accompagnement. Ainsi, a expliqué Crépin Djemna, les membres de l’association assistent les personnes qui apprennent leur séropositivité, une tâche difficile qui demande un savoir-faire spécifique. «Nous apportons les conseils nécessaires pour faire face à la nouvelle réalité que cette personne va affronter», a raconté M. Djemna. «Un prêtre ou un imam peuvent être mobilisés pour lui remonter le moral». «A cause de la complexité linguistique et des pratiques culturelles, les associations communautaires de base sont plus à même d'approcher les populations rurales», a dit le professeur Tsala Tsala à PlusNews. Le CNLS a reconnu l’importance d’une telle implication des communautés de base, au point de mettre en place, en 2002, une section ‘réponses locales’, qui applique un processus participatif des collectivités de base, appelées à proposer des plans communautaires de lutte.

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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