1. Accueil
  2. Southern Africa
  3. Angola

L’épidémie de VIH gagne du terrain, le tourisme et le pétrole en cause

Le taux d’infection au VIH à Sao Tome et Principe pourrait tripler d’ici cinq ans en raison du développement touristique et pétrolier de cette petite île isolée du golfe de Guinée, selon l’un des principaux acteurs de la lutte contre le sida. “A moins que des mesures de prévention soient immédiatement prises, le nombre de personnes séropositives dans ce pays pourrait tripler d’ici cinq ans”, a dit lors d’une conférence de presse Antonio Amado Vaz, le directeur exécutif de l’association de Sao Tome pour la protection de la famille (ASPF), une ONG très impliquée dans les campagnes de sensibilisation contre le sida. Le programme national de lutte contre le sida (PNLS) a pour l’instant beaucoup de mal à faire face à la situation. Son directeur, Amado Vaz, un médecin formé à Cuba, a démissionné en décembre pour protester contre les lourdeurs bureaucratiques qui ont conduit la Banque mondiale à suspendre les financements destinés à la lutte contre l’épidémie. Il s’est insurgé, la semaine dernière, contre les incohérences d’une politique qui empêche aujourd’hui de nombreux patients de bénéficier des traitements antirétroviraux (ARV) qui prolongent leur vie. Ainsi, bien que le Brésil ait offert à Sao Tome suffisamment de médicaments pour soigner 100 personnes dans un département spécial de l’hôpital principal, moins de 30 patients sont aujourd’hui sous traitement. Selon Amado Vaz, le taux de prévalence dans cet ilôt endormi à 300 kilomètres des côtes du Gabon pourrait être beaucoup plus élevé que l’estimation officielle de un pour cent de personnes infectées. Il a affirmé que 159 cas de sida ont été enregistrés sur l’île de Sao Tome, mais aucun sur la petite île voisine de Principe, 150 kilomètres plus au nord. Mais selon Vaz, entre 3 000 et 6 000 personnes pourraient être infectées par le VIH/SIDA soit deux à quatre pour cent des 140 000 habitants de l’archipel, un chiffre supérieur au taux officiel de prévalence, estimé en 2002, à 1,5 pour cent. Quelques soient les chiffres, Amado Vaz et les agences des Nations Unies se disent inquiets du risque de progression rapide de la pandémie qui coinciderait avec l’arrivée de visiteurs étrangers. Dans un rapport publié l’année dernière, le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (Unicef) avait dit craindre une augmentation sensible du taux d’infection au VIH au cours des prochaines années, qui pourrait alors atteindre cinq pour cent de la population générale. Un taux de cinq pour cent de personnes infectées signifie que l’épidémie est “généralisée” et donc difficilement contrôlable. Les touristes sont de plus en plus attirés par l’archipel poissonneux de Sao Tome et Principe, dont les quelques stations balnéaires ne dénaturent pas un paysage et une vie animale toujours préservés. Touristes et pétroliers Mais à Sao Tome, on s’inquiète du risque de développement du tourisme sexuel avec la venue de voyageurs venus du Portugal et d’Afrique du sud grâce à des vols réguliers avec Lisbonne et Johannesbourg -- un pédophile portugais a d’ailleurs été condamné et emprisonné par les autorités l’année dernière. De plus en plus d’hôtels se construisent à présent sur les plages vierges bordées de cocotiers et si les touristes ne sont aujourd’hui qu’une poignée, Amado Vaz craint qu’ils soient rapidement des centaines et que les infections sexuellement transmissibles (IST) commencent à se propager dans l’archipel. Ce flux croissant de voyageurs est alimenté par celui des pétroliers, venus explorer les eaux profondes de la zone conjointe de développement partagée avec le géant nigérian. “Le pays n’est pas du tout préparé à cela”, a estimé Amado Vaz. Le premier bloc de la zone pétrolifère commune, en réalité une extension des champs du Nigeria, a été accordé en février à un consortium conduit par le pétrolier américain Exxonmobil qui prévoit les premiers forages pour 2007. Du coup, le gouvernement américain pourrait étendre la piste du petit aéroport de Sao Tome et construire un nouveau port en eaux profondes pour un coût estimé à 500 millions de dollars, autant que Sao Tome pourrait gagner en 100 ans d’exportation de fèves de cacao, sa principale source de devises. Pour les acteurs de la lutte contre le sida, le risque est grand d’assister à une explosion de l’épidémie de VIH/SIDA à Sao Tome, comme cela s’est passé en Guinée équatoriale voisine qui a vu, après le début de l’exploitation pétrolière en 1991, son taux de prévalence bondir à 7,2 pour cent. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le taux d’infection au VIH en Guinée équatoriale ne cesse de grimper au point de frôler les 10 pour cent. Or, à Sao Tome, aucune association de personnes vivant avec le VIH/SIDA ne défend les droits des séropositifs et la pandémie prospère sans que rien ne vienne briser les tabous qui l’entourent, selon Amado Vaz. Il a ajouté que les personnes infectées sont souvent rejetées par leurs communautés et leurs propres familles. Seule l’ASPF tente de faire passer des messages de prévention via un réseau d’activistes volontaires, qui distribuent gratuitement des préservatifs. Rares sont ceux qui savent comment se protéger et, selon l’Unicef, seulement 30 pour cent de la population utilisent une méthode de contraception. Une jeune fille de 18 ans interrogée dans la rue a dit ne pas savoir comment le sida se transmet, ajoutant qu’elle et son ami utilisaient des préservatifs pour éviter une grossesse malencontreuse. Sao Tome a enregistré un premier cas de sida en 1987 mais il y a eu une rapide accélération du nombre de personnes infectées en 1998 à la suite de l’expulsion par les autorités gabonaises de 3 000 Sao Toméens, selon Adamo Vaz. Le taux de prévalence du VIH/SIDA est particulièrement élevé dans ce petit Etat pétrolier d’Afrique centrale, où 8,1 pour cent de la population sont infectés par le virus. Ainsi, Amado Vaz a admis que, contrairement à ce que l’on constate dans la plupart des pays africains, plus d’hommes que de femmes étaient séropositifs dans l’archipel, en raison de la forte mobilité de la population masculine.

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

Partager cet article

Get the day’s top headlines in your inbox every morning

Starting at just $5 a month, you can become a member of The New Humanitarian and receive our premium newsletter, DAWNS Digest.

DAWNS Digest has been the trusted essential morning read for global aid and foreign policy professionals for more than 10 years.

Government, media, global governance organisations, NGOs, academics, and more subscribe to DAWNS to receive the day’s top global headlines of news and analysis in their inboxes every weekday morning.

It’s the perfect way to start your day.

Become a member of The New Humanitarian today and you’ll automatically be subscribed to DAWNS Digest – free of charge.

Become a member of The New Humanitarian

Support our journalism and become more involved in our community. Help us deliver informative, accessible, independent journalism that you can trust and provides accountability to the millions of people affected by crises worldwide.

Join