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Cinq grands défis pour le nouveau Haut-Commissaire aux réfugiés

UN High Commissioner for Refugees, Filipo Grandi Amanda Voisard/UNHCR
Reprendre le travail après les fêtes de fin d’année peut être difficile. Mais pensez à Filippo Grandi, qui est arrivé cette semaine à Genève pour entamer un mandat de cinq ans à la tête du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR).

Non seulement il remplace António Guterres, qui a suscité l’admiration en dirigeant le Haut Commissariat pendant dix ans, mais il le fait alors qu’un nombre record de personnes dans le monde fuient les persécutions et les conflits et ont besoin de la protection et du soutien du HCR.

Contrairement à nombre de ses prédécesseurs, il ne provient pas du milieu politique. Il a mené une longue carrière au sein des Nations Unies et a notamment dirigé pendant un temps l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens (UNWRA). Il est particulièrement apprécié au sein du Haut Commissariat pour son expérience dans les secteurs de l’humanitaire et de l’aide aux réfugiés, mais il devra faire preuve d’un talent diplomatique considérable pour mener à bien son rôle de principal solliciteur de fonds et de défenseur des droits des réfugiés à une époque aussi cruciale dans l’histoire de l’agence.

Voici cinq grands défis qui risquent de fort l’occuper pendant les prochains mois :

1. Offrir protection et soutien à plus de 60 millions de personnes déplacées de force Les chiffres préliminaires pour 2015 indiquent que l’année qui vient de s’écouler a encore battu des records en matière de déplacements forcés, avec cinq millions de personnes nouvellement déplacées entre janvier et juin. Les chiffres pour le deuxième semestre ne sont pas encore disponibles, mais le nombre de réfugiés, de demandeurs d’asile, d’apatrides et de personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays relevant des compétences du HCR devrait dépasser les 60 millions. Un peu plus de 20 millions d’entre eux sont des réfugiés, chiffre qui n’avait pas été atteint depuis 1992. 

2. S’attaquer au problème des déplacements prolongés – Le rythme de retour en toute sécurité des réfugiés n’a jamais été aussi bas en plus de trente ans. Le mois dernier, lors de sa conférence de presse de fin de mandat, M. Guterres a rappelé que lorsqu’il était entré en fonction dix ans plus tôt, le HCR avait aidé un million de personnes à rentrer chez elles. En 2014, seulement 124 000 personnes ont pu le faire. Les conflits et les déplacements se prolongent et M. Grandi et son équipe doivent continuer à aider les réfugiés au-delà de la phase d’urgence. Cela signifie, dans une large mesure, qu’ils devront aider les réfugiés à trouver une manière de gagner leur vie grâce à des programmes d’amélioration des moyens de subsistance et en défendant leurs droits auprès des pays d’accueil réticents à les autoriser à travailler ou à vivre en dehors des camps.

3. Faire davantage avec moins de moyens – Alors que le nombre de réfugiés dans le monde continue d’augmenter, l’une des principales tâches de M. Grandi sera de persuader les bailleurs de fonds de faire face au coût de plus en plus élevé de l’aide à ces populations. Les programmes du HCR dépendent presque entièrement des contributions volontaires des gouvernements et des bailleurs de fonds privés. En cinq ans, le budget de l’agence a plus que doublé, atteignant 7,2 milliards de dollars en 2015. Les contributions des bailleurs de fonds n’ont cependant pas suivi le rythme et 53 pour cent du budget de 2015 n’avait pas encore été financé à la fin de l’année. Avec un projet de budget de 6,5 milliards de dollars pour 2016, M. Grandi doit trouver de toute urgence des solutions créatives et innovantes pour combler le déficit de financement croissant qui touche les programmes de santé, d’éducation, d’amélioration des moyens de subsistance et même d’assistance de base. Il devra sans doute se tourner vers le secteur privé et d’autres donateurs non traditionnels pour permettre à l’agence de ne plus dépendre uniquement d’une poignée de gouvernements pour la majorité des contributions. 

4. Défendre la protection des réfugiés face à la peur croissante de l’insécurité – M. Grandi prend les rênes du HCR dans un contexte de bipolarisation et de politisation plus forte que jamais des attitudes envers les réfugiés. Cette situation s’explique en partie par l’arrivée d’un million de demandeurs d’asile en Europe en 2015, qui sème parmi les populations locales la crainte d’une surcharge du marché du travail et des services publics. Or ces craintes ont été aggravées par des préoccupations sécuritaires, surtout depuis les attentats de novembre à Paris et la révélation qu’au moins un des assaillants était entré en Europe par la Grèce en se faisant passer pour un réfugié syrien. Plusieurs États membres, dont la France, l’Allemagne, la Suède et le Danemark, ont depuis imposé des contrôles aux frontières qui rendent plus difficiles les déplacements des demandeurs d’asile en Europe. Dans un tel climat de xénophobie et d’hostilité, M. Grandi devra défendre une position qui préserve le droit des demandeurs d’asile à une protection internationale malgré les contrôles de sécurité et la surveillance des frontières. Le HCR a publié le mois dernier un certain nombre de recommandations quant à la manière d’y parvenir. 

5. S’attaquer aux causes profondes des déplacements – La seule manière d’inverse la tendance à la hausse des déplacements dans le monde est d’en résoudre les principaux facteurs, à commencer par les conflits. « Nous devons travailler à rétablir la paix dans les régions en proie à l’instabilité [...] Le résultat des pourparlers et les processus actuels pour le retour de la paix en Syrie, en Libye et au Yémen auront une large incidence sur les déplacements de populations en 2016 », a dit M. Guterres lors de sa conférence de fin de mandat. Avant sa nomination au poste de Haut-Commissaire, alors qu’il n’était qu’un candidat parmi d’autres, M. Grandi avait présenté longuement sa vision de ce poste en réponse à un questionnaire envoyé par le CIAB, un réseau mondial d’ONG. « Le HCR n’est pas un acteur politique ni d’aide au développement », mais « il doit intensifier son plaidoyer auprès de ceux qui le sont — les dirigeants mondiaux, les autres organisations et la société civile — et appeler à une action urgente », avait-il écrit. Il doit pour cela « élever le ton et se montrer plus convaincant », avait-il ajouté. 

ks/ag-xq/amz
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