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La sélection d’IRIN : surveillance des crises, guerres meurtrières et réflexions sur le Burundi

Protestors in the Bujumbura neighbourhood of Musaga pretend to feed beer to a dead bird that is intended to represent, and to denigrate, Burundi’s ruling party, whose symbol is an eagle. Jessica Hatcher/IRIN
Protestors denigrate Burundi ruling party by feeding beer to a dead bird
Voici la liste des lectures recommandées par IRIN. Chaque semaine, notre réseau mondial de correspondants spécialisés partage sa sélection d’articles de recherche, de podcasts, de rapports, de billets de blogues et d’articles de fond à ne pas manquer pour rester au fait de l’actualité mondiale en matière de crises. Nous signalons également les conférences importantes à venir, les publications de livres et les débats sur les politiques.

 À lire : notre Top 5

Les crises en 2016…

Vous avez égaré votre boule de cristal ? Pas de souci : l’ACAPS, une organisation basée à Genève « qui se consacre à l’amélioration de l’évaluation des besoins humanitaires dans les crises et les urgences complexes », a publié ses projections en ce qui concerne les tendances et les risques pour 2016. Le document est le premier effort de l’organisation pour consolider les données recueillies pendant trois ans afin d’identifier les tendances à long terme en ce qui concerne les besoins humanitaires et de prévoir les scénarios les plus probables. Comme on pouvait s’y attendre, l’Afghanistan, la République centrafricaine (RCA), la Somalie, le Soudan du Sud, la Syrie et le Yémen font partie des 11 pays où les besoins humanitaires devraient être les plus importants en 2016. Ceux qui suivent de près le travail de l’ACAPS ne seront pas surpris par la majeure partie des données, mais certains des scénarios projetés sont intrigants. L’organisation prévoit notamment que l’évolution de la situation au Cameroun en 2016 dépendra de la capacité de Boko Haram à déstabiliser le pays et que les élections en RCA ne permettront probablement pas de ramener la stabilité. Le document fait aussi état d’une probabilité élevée de sécheresses et d’inondations en Éthiopie (dans le sud pour ce qui est des inondations), d’une détérioration continue et inévitable de la situation au Yémen et de perspectives particulièrement sombres pour la Syrie, que le gouvernement fasse des gains ou des pertes militaires ou aucun des deux. Sur une note plus positive, il est fort probable que la transition du pouvoir se fasse paisiblement au Myanmar.

Rapport sur les conflits armés

Les conclusions du rapport sur les conflits armés [War Report] publié la semaine dernière par l’Académie de droit international humanitaire et de droits humains à Genève n’apportent pas non plus un grand réconfort. Quelque 171 400 personnes auraient en effet été tuées ou blessées dans des conflits l’an dernier, soit deux fois plus qu’en 2013. La plupart d’entre elles étaient des civils. L’Irak est le conflit ayant fait le plus de victimes (45 450), suivi de près par la Syrie (31 253) et l’Afghanistan (23 578). L’Académie a enregistré 42 conflits armés en 2014, dont 29 impliquant différents pays. De nombreux États présentent plus d’un conflit interne, notamment la Syrie et la République démocratique du Congo (RDC). L’analyse révèle également une augmentation de l’utilisation des armes explosives dans des zones très peuplées comme Gaza et les villes de l’est de l’Ukraine qui sont situées sur le front.

 Des progrès difficiles en matière de transparence

La semaine dernière, le site web de Devex a publié une analyse accablante portant sur le succès limité – au mieux – de l’Initiative internationale pour la transparence de l’aide (IATI, selon le sigle anglais). Lancée dans l’enthousiasme général il y a quatre ans, l’IATI avait été conçue pour permettre aux bailleurs de fonds, aux organisations non gouvernementales (ONG) et aux entrepreneurs du secteur privé de publier des données à jour au sujet des projets financés ou mis en oeuvre dans le but de démêler le processus complexe de l’aide et d’ainsi fournir une aide mieux ciblée et plus intelligente. Quatre ans plus tard, toutefois, l’IATI a admis n’avoir eu qu’un impact minime, voire nul sur les vies des personnes affectées. Au sein de l’organisation, on soutient qu’il est trop tôt pour constater de réels résultats, mais Devex présente six moyens qui pourraient permettre à l’IATI de hausser son jeu, notamment en assurant un suivi des impacts en plus des flux financiers, en améliorant la qualité des données et en faisant la promotion du projet. L’un des auteurs d’une récente étude du PNUD sur le travail de l’IATI a en effet admis qu’il n’avait jamais entendu parler du projet avant qu’on l’embauche pour rédiger le document.

 Les femmes sur la ligne de front syrienne

Il est rare ces jours-ci d’entendre parler de la Syrie par des gens qui y vivent, et plus encore par des femmes. Or il y a deux semaines, par un pluvieux après-midi à New York, trois femmes nouvellement arrivées du front ont partagé leurs fascinantes histoires avec les journalistes. Elles apparaissent toutes les trois dans une nouvelle série de films documentaires intitulée Syria’s Rebellious Women [Les femmes rebelles de la Syrie]. Les films ne sont pas disponibles en ligne, car certaines femmes qui y racontent leurs histoires vivent et travaillent toujours en Syrie. Deux des trois femmes qui se sont rendues à New York sont des auxiliaires médicales et la troisième, une journaliste indépendante. L’une d’elles a passé un an en prison. À sa sortie, ses parents l’ont exhortée à se marier pour effacer le stigmate, mais elle a plutôt décidé de quitter le domicile familial. Selon elles, le conflit a en quelque sorte permis à certaines femmes syriennes de s’émanciper : elles ont acquis des compétences et assumé des rôles qui étaient auparavant hors de leur portée. « Avant, le rôle des femmes syriennes était de se marier et d’avoir des enfants, mais elles font tout aujourd’hui », a dit Ahed, 28 ans. Ces femmes ont l’impression que le rôle important joué par les femmes dans la révolution n’est pas bien compris. « Tout ce que les hommes ont fait pendant la révolution, les femmes l’ont fait aussi », a dit Zein, l’une des auxiliaires médicales. « Nous avons un slogan qui dit que la révolution est une femme. »

 Une autre vision de la situation au Burundi

Le risque que le Burundi plonge de nouveau dans la guerre civile ou devienne le théâtre d’un génocide – ce qui est moins plausible – a fait beaucoup de bruit diplomatique et poussé de nombreux journalistes à rédiger articles et analyses. Les médias parlent surtout des événements qui surviennent dans la capitale, Bujumbura, et des abus commis par les forces de sécurité officielles et non officielles contre ceux qui se sont opposés à la tentative du président Pierre Nkurunziza d’obtenir un troisième mandat – un pari qu’il a d’ailleurs remporté. Or, la plupart des articles publiés sont signés par des étrangers. Roland Rugero, un blogueur et journaliste burundais qui a voyagé à l’extérieur de la capitale pour prendre le pouls de la situation dans les régions rurales, offre une vision plus nuancée. Dans ce billet de blogue, il fait écho à l’affirmation du gouvernement selon laquelle il est exagéré de parler de conflit. « Les paysans n’ont aucune envie de voir une nouvelle guerre », écrit-il. (Environ 300 000 personnes ont perdu la vie pendant la guerre civile de 1993-2005. De nombreux civils avaient alors pris les armes et s’étaient joints à une myriade de groupes rebelles.) M. Rugero rejette également l’idée reçue selon laquelle il existe deux camps bien définis respectivement formés des partisans et des opposants du président. À la campagne, toutefois, le conflit est considéré comme « une bataille interne entre les Abategetsi, ou ceux qui ont le pouvoir, qui cherchent tous à revendiquer leur part du gâteau… [C’est] une confrontation menée par les élites, c’est-à-dire par ceux qui savent parler français et discuter avec les Blancs, qui possèdent des voitures et qui manipulent de gros billets. Bref, il s’agit d’un conflit qui concerne les intérêts de moins de 2 pour cent de la population burundaise. »

 À écouter :

Vaut mieux prévenir que guérir

À Paris, à l’occasion de la COP21, les humanitaires ont travaillé dur pour persuader les autres acteurs d’agir [pour limiter] l’impact [du changement climatique] sur les personnes les plus pauvres et les plus vulnérables de la planète. Quelques idées nouvelles ont émergé des discours. Dans ce podcast, Maarten van Aalst, expert en matière de réduction des risques et directeur du Centre du changement climatique de la Croix-Rouge/Croissant-Rouge, explique de quelle façon les projets de financement fondés sur les prévisions pourraient permettre d’améliorer la résilience des communautés en débloquant automatiquement l’argent dont elles ont besoin en cas de risque élevé de catastrophe, sans qu’il soit nécessaire d’attendre que l’événement extrême se produise. « Nous disposons souvent des informations scientifiques démontrant un accroissement spectaculaire du risque », dit-il. « Or, typiquement, nous attendons que la catastrophe survienne pour agir ; nous venons en aide aux gens lorsqu’il est déjà trop tard. » Ainsi, en débloquant des fonds plus tôt, on « déclenche un ensemble d’actions convenues à l’avance qui permettent de réduire l’impact ». Des projets pilotes sont déjà en place en Ouganda et au Pérou, deux pays qui risquent d’être durement touchés par le phénomène climatique El Niño.

 Une publication d’IRIN :

L’éducation est-elle la plus grande victime de Boko Haram ?

Depuis quelques semaines, le monde a les yeux rivés sur la Syrie, en particulier sur le territoire actuellement occupé par le groupe autoproclamé État islamique (EI). À des milliers de kilomètres de là, toutefois, un groupe terroriste encore plus cruel – il serait responsable d’un plus grand nombre de décès que l’EI – continue d’infliger des dommages importants au tissu social du Nigeria. Dans cet article, IRIN examine de quelle façon les ravages provoqués par Boko Haram – dont le nom signifie « l’éducation occidentale est interdite » – affectent les écoles nigérianes. Tandis que les kidnappings et les bombardements font les manchettes, dans le nord-est du Nigeria, le système d’éducation s’effondre lentement. Quelque 600 enseignants ont été tués, plus de 1 000 écoles ont dû fermer leurs portes et des gardes armés surveillent celles qui continuent d’opérer malgré tout. Les éducateurs craignent que les progrès réalisés au cours de la dernière génération dans le système éducatif nigérian ne soient anéantis.

iw/am/ag
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