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Des programmes d'aide communs au Liban

Mohammed Hussein Ataya, a Syrian refugee from the Ghouta suburb of Damascus, works picking litter from the gutter in the Bekaa Valley of Lebanon. Joe Dyke/IRIN
Mohammed Ataya, un réfugié syrien, travaille en tant que ramasseur d'ordures dans la vallée de la Bekka
Mohammed Ataya est en nage ; il fait une pause sur le bord de la route, dans la chaleur brûlante de la vallée de la Bekaa, au Liban. Cet homme de 63 ans discute et sourit un moment, puis il s'excuse et retourne ramasser les ordures qui jonchent les caniveaux.

Plusieurs centaines de milliers de Syriens ont trouvé refuge dans la région. Ils vivent dans des campements de fortune et, en général, ils abandonnent leurs déchets – la majorité finit dans les caniveaux. Et ces déchets polluent les réserves d'eau utilisées par les réfugiés et les résidents libanais.
  
« Si l'eau n'est pas propre, les agriculteurs sont obligés de pomper plus d'eau dans le puits et cela leur coûte beaucoup plus cher », a expliqué Mohammed Mazoub, un représentant de la municipalité locale.

Ainsi, M. Ataya et ses sept collègues syriens ramassent les déchets qui s'accumulent dans des milliers de kilomètres de caniveaux. Ils travaillent pour la municipalité, mais leurs salaires sont principalement pris en charge par l'organisation non gouvernementale (ONG) Mercy Corps qui sélectionne les plus nécessiteux – M. Ataya a dix parents à nourrir et n'a quasiment pas travaillé depuis qu'il a quitté la Syrie il y a deux ans.

Mais seulement environ la moitié des travailleurs sont syriens – les autres sont libanais. M. Mazoub a expliqué que, jusqu'à il y a quelques années, il aurait été très difficile de trouver un Libanais prêt à faire ce travail pour seulement 15 dollars par jour. La situation a changé.

L'ampleur de l'impact économique est au cœur de nombreux débats, mais l'évaluation la plus pessimiste de la Banque mondiale a conclu que jusqu'à 170 000 Libanais pourraient basculer dans la pauvreté à cause de la crise syrienne. De nouvelles restrictions ont été imposées récemment, mais bon nombre de Syriens continuent de travailler au Liban – pour un salaire souvent inférieur à celui des employés libanais.

George Antoun, directeur-pays de Mercy Corps au Liban, a dit à IRIN que les tensions s'intensifiaient entre les résidents libanais et les réfugiés. Les Syriens se plaignent du comportement hostile des Libanais, alors qu'au moins un camp de réfugiés été incendié. Il est donc essentiel que tous les programmes d'aide humanitaire adoptés apportent une aide équitable aux deux communautés, d'après M. Antoun.

« En général, les réfugiés choisissent de s'installer au sein des communautés pauvres, car les loyers y sont moins chers. Les services publics de ces communautés étaient déjà débordés – les écoles, les cliniques de santé, les infrastructures routières, l'eau. Maintenant, il y a une pression supplémentaire sur le système – c'est la raison pour laquelle des tensions apparaissent ».

« Certaines communautés libanaises disent 'Nous vivons ici. Les Syriens sont venus. Ils reçoivent de l'aide de la communauté internationale, mais pas nous'.

Le Comité international de secours (International Rescue Committee, IRC) fait partie des ONG qui travaillent à l'élaboration de programmes d'aide qui bénéficieront aux Syriens et aux Libanais.

Au début de l'année 2015, il a testé le programme ServiceInfo. Ce projet novateur propose le même genre de services que des sites comme TripAdvisor - qui permet à ses utilisateurs de chercher des hôtels et des restaurants, et de noter ces services - mais il a pour objectif d'aider les réfugiés à trouver les docteurs, les supermarchés et les ONG les plus proches d'eux. David Miliband, le président de l'IRC, l'a appelé le « Yelp des réfugiés ».
  
Les Syriens sont la principale cible du programme, mais Jocelyn Knight, responsable de la coordination de la protection pour l'IRC au Liban, a expliqué que ce programme pourrait également être utile à la population locale.

Au Liban, il n'y a pas vraiment de noms de rue et de numéros, on s'oriente à partir des monuments locaux. L'utilisation du système de géolocalisation par GPS pourrait aider le pays à développer un réseau d'information plus fiable.

« L'idée est d'aider les utilisateurs – les réfugiés comme les membres de la communauté hôte - à trouver les services dont ils ont besoin », a dit Mme Knight.

« Dans un pays comme le Liban, c'est très important. Il peut être très difficile de trouver des informations sur la localisation des services de base ».

Regroupement

Ces programmes découlent d'une prise de conscience de la nécessité de mieux coordonner l'aide au développement à long terme et l'aide humanitaire à court terme. Les deux systèmes ont longtemps été séparés et cela constitue un sujet brûlant dans les cercles de l'aide au développement.

Mais les crises prolongées de réfugiés, comme la crise syrienne, ont déclenché une prise de conscience : les solutions à court terme ne sont pas viables. Les agences d'aide humanitaire n'ont pu éviter une réduction drastique de l'aide alimentaire aux Syriens, alors il est d'autant plus important de leur trouver du travail.

Moshed, un agriculteur libanais, emploie dix travailleurs syriens dans sa ferme de production de tomates, située à quelques kilomètres à l'intérieur de la vallée de la Bekaa. L'année dernière, a-t-il dit, les précipitations ont été tellement faibles que la récolte a été très maigre.

Cette année, avec l'aide de Mercy Corps, il a planté une nouvelle variété de tomates vendue deux fois plus cher et mieux adaptée à son sol. Grâce aux profits réalisés, il a pu étendre ses cultures et embaucher plus de personnel.

« Les Syriens ne partiront pas de si tôt, alors nous devons commencer à penser à la mise en place d'infrastructures et de services », a dit M. Antoun. « J'aime prendre l'exemple de l'eau. Au lieu de réparer le système d'approvisionnement en eau de la communauté, nous continuons à acheminer de l'eau par camion citerne, ce qui coûte cher aux réfugiés ».

Mais l'innovation devient un défi quand les fonds commencent à manquer. M. Antoun a dit que les bailleurs de fonds hésitaient encore à financer les solutions à plus long terme dans les situations de crise à court terme.

« Pour bon nombre de bailleurs de fonds, il s'agit de projets de développement, mais ils préfèrent se concentrer sur les programmes qui peuvent sauver des vies – c'est-à-dire les programmes d'aide alimentaire. Ils sont nécessaires, mais pas durables ».

jd/ag-mg/amz
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