1. Accueil
  2. West Africa
  3. Guinea

Ouvrir les robinets pour vaincre Ebola

Many families in Guinea still rely on streams and lakes for their water needs. Jennifer Lazuta/IRIN
Par une cruelle ironie du sort, bon nombre des meilleurs médecins et personnels infirmiers de Guinée, du Liberia et de Sierra Leone ne seront pas là pour participer à la reconstruction des systèmes de santé après Ebola, car ils ont succombé au virus. Ceux qui sont encore là seront confrontés à des défis majeurs liés à l'électricité, à l'assainissement et surtout à l'eau.

« Comment construire ou reconstruire, comme on dit, un centre de santé ou un hôpital sans [accès à] l'eau qui est un élément essentiel pour assurer le fonctionnement d'un établissement ? », a demandé Moses Tamba, porte-parole du ministère des Travaux publics du Liberia. « C'est impossible. Il faut de l'eau ».

Le responsable d'une organisation d'aide internationale a prévenu récemment que, si l'épidémie d'Ebola devait réapparaître aujourd'hui, les autorités sanitaires d'Afrique de l'Ouest ne seraient pas mieux préparées que l'année dernière pour y faire face. Il est donc temps de se concentrer sur ce qu'il est possible de faire.

Avant même le début de l'épidémie en décembre 2013, les trois pays qui ont été les plus sévèrement frappés avaient les systèmes de santé parmi les moins performants au monde. Les cliniques et les hôpitaux les mieux équipés de Guinée, du Liberia et de Sierra Leone devaient faire face à de fréquentes coupures de courant et à des pénuries d'eau presque tous les jours.

Pendant l'épidémie, qui a fait plus de 11 150 victimes dans la région et qui sévit encore en Guinée et en Sierra Leone, le manque d'accès à l'eau dans les foyers et les établissements de santé publics a permis au virus – qui se transmet par contact avec des individus infectés ou du matériel souillé – de continuer à se propager.

Bon nombre de personnes ignoraient qu'elles devaient désinfecter leur logement et leurs biens ou elles n'en avaient pas les moyens.

« Il faut faire bouillir de l'eau pour laver le linge de lit, les vêtements, les ustensiles de cuisine, les équipements, etc. », a dit M. Tamba. « Il faut de l'eau potable pour le personnel des hôpitaux et les patients. L'électricité est aussi essentielle pour le fonctionnement des établissements de santé. C'est important et chaque établissement de santé a besoin de ces [nécessités de base] ».

Leçons retenues

Plus de 2,5 milliards de personnes dans le monde n'ont pas encore accès à des installations sanitaires adéquates, y compris des toilettes, d'après le rapport conjoint publié le 12 juin par la Banque mondiale et l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

En Guinée, un quart de la population n'a pas accès à une source d'eau potable, d'après WaterAid, une organisation internationale de développement. En Sierra Leone et au Liberia, 40 pour cent et 25 pour cent de la population, respectivement, n'a pas un accès durable à l'eau potable.

« Ces chiffres peuvent expliquer les problèmes liés aux habitudes en matière d'hygiène et le contexte qui a favorisé la propagation d'Ebola », a dit à IRIN Mariame Dem, responsable de WaterAid dans la région de l'Afrique de l'Ouest. « Si l'on ne peut pas garantir l'application de pratiques d'hygiène adéquates et la disponibilité de toilettes dans les centres de soins…et si l'on ne peut pas garantir un accès à l'eau potable 24 heures sur 24...cela aura un impact négatif sur la santé et l'hygiène [des populations] ».

Aller de l'avant

Les trois pays, avec le soutien de leurs partenaires internationaux, se sont engagés à améliorer leur système de santé publique, même si l'épidémie d'Ebola les a contraints à puiser dans des ressources déjà limitées.

Le gouvernement guinéen a alloué plus de 200 millions de dollars à la modernisation et à l'équipement de l'hôpital de Donka de Conakry : l'établissement bénéficiera d'un meilleur accès à l'eau et d'installations sanitaires améliorées. Trois milles pompes à main vont être installées à l'extérieur des hôpitaux et des établissements de santé du pays afin que les « patients restent propres », a dit à IRIN Remy Lamah, ministre de la Santé.

Le gouvernement guinéen a fait construire un nouveau barrage afin de garantir une « alimentation constante en électricité » des hôpitaux et des cliniques de Conakry et de ses environs. Il fait également installer des générateurs dans plusieurs de ces établissements pour parer aux pannes d'alimentation.
Mais pour bon nombre de personnes, c'est trop peu, trop tard.

« Si le gouvernement avait pris l'initiative d'améliorer le système de santé guinéen avant…le virus Ebola aurait pu être détecté et éradiqué depuis longtemps », a dit Mohamed Toure, épidémiologiste à l'hôpital de Donka où se trouve le plus grand centre de traitement d'Ebola du pays.

En Sierra Leone, Jonathon Abass Kamara, responsable des relations publiques au ministère de la Santé, a dit à IRIN que le gouvernement « travaille d'arrache-pied pour que les services de santé soient plus performants qu'avant ».

Il a cependant parlé d'un problème de financement.

La Sierra Leone consacre seulement 1,7 pour cent de son PIB aux dépenses de santé publique, d'après la Banque mondiale.

Mais Mme Dem a prévenu que l'argent ne suffirait pas à résoudre le problème.

« Évidemment l'argent, ou plutôt le manque d'argent, est l'une des raisons [pour lesquelles l'eau et l'assainissement restent modestes] dans ces pays », a-t-elle dit. « Mais il faut aller plus loin, parce que… la volonté politique est l'élément le plus important – pas seulement au niveau gouvernemental, mais aussi au niveau mondial ».

Le monde a déjà atteint la cible de l'objectif du Millénaire pour le développement (OMD) qui visait à diviser par deux le pourcentage de la population qui n'avait pas un accès durable à l'eau potable avant 2015, mais Mme Dem a dit que cela n'était pas suffisant pour combattre Ebola.

« Nous devons aller au-delà de ces engagements », a-t-elle dit. « Si vous investissez dans les systèmes d'eau et d'assainissement, non seulement vous favorisez la mise en place de services de santé de meilleure qualité, mais vous allégez aussi le fardeau, vous allégez l'impact financier et humain d'Ebola et d'autres maladies en période de crise ».

jl/kk/js/pc/ag-mg/amz 

Partager cet article

Get the day’s top headlines in your inbox every morning

Starting at just $5 a month, you can become a member of The New Humanitarian and receive our premium newsletter, DAWNS Digest.

DAWNS Digest has been the trusted essential morning read for global aid and foreign policy professionals for more than 10 years.

Government, media, global governance organisations, NGOs, academics, and more subscribe to DAWNS to receive the day’s top global headlines of news and analysis in their inboxes every weekday morning.

It’s the perfect way to start your day.

Become a member of The New Humanitarian today and you’ll automatically be subscribed to DAWNS Digest – free of charge.

Become a member of The New Humanitarian

Support our journalism and become more involved in our community. Help us deliver informative, accessible, independent journalism that you can trust and provides accountability to the millions of people affected by crises worldwide.

Join