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Controverse autour de l’intervention du Fonds de secours népalais

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La décision du gouvernement népalais d’acheminer l’ensemble des dons en faveur des victimes du séisme vers le compte bancaire du Fonds de secours du Premier ministre s’est avérée un fiasco en matière de relations publiques, en éveillant les soupçons d’une politisation de l’aide malgré l’absence de preuve de fraude.

« Les bailleurs de fonds pour le Népal risquent d’interrompre leur collecte de crainte que le gouvernement se saisisse des dons », a titré le quotidien britannique The Telegraph ; « Inquiétude des bailleurs de fonds face à l’intention du gouvernement de se saisir des dons », a repris le quotidien irlandais Independent – pas vraiment de quoi rassurer les donateurs privés sur l’absence de risque de corruption passive ou de manipulation encouru par leur argent.

 Le gouvernement a tenté d’expliquer la logique derrière sa décision. « Le Fonds cherche à offrir un service unifié aux personnes affectées en regroupant les sommes, en évitant les doubles emplois et en garantissant un accès équitable et proportionnel aux secours à toutes les victimes dans le besoin dans l’ensemble des [zones] affectées », a dit Narayan Gopal Malego, le secrétaire du Fonds de secours du Premier ministre, dans un communiqué en date du 2 mai.

« Bien que le gouvernement soit sensible à chacune des initiatives sincères en faveur des victimes, il est également de son devoir de réguler la collecte de fonds publics et de contributions menée au nom de la catastrophe, afin d’éviter toute utilisation abusive des fonds de solidarité et de protéger les droits des victimes », est-il dit dans le communiqué.

Le gouvernement cherche à empêcher que des organisations fantômes – qui voient le jour à chaque catastrophe – ne se fassent de l’argent sur le dos du tremblement de terre du 25 avril, qui a fait plus de 7 300 victimes et a détruit ou endommagé plus de 366 220 habitations.

Kunda Dixit - le rédacteur en chef du Nepali Times, un hebdomadaire respecté – a tenté de dissiper les craintes relayées par les médias internationaux. « Tout d’abord, soyons clairs : les ONG enregistrées peuvent recevoir des fonds de l’étranger », a-t-il écrit dans un billet de blog ce samedi. 

« Le gouvernement a déclaré que tous les fonds versés de l’étranger à des ONG créées spécialement pour venir en aide aux victimes du séisme seront réacheminés vers le Fonds de secours du Premier ministre. Les ONG dont l’enregistrement est antérieur à la catastrophe ne sont pas concernées par cette mesure. Les fonds versés à ces ONG ne seront pas saisis. »

Les « organisations communautaires locales en lien avec les villages affectés » ne seront pas affectées par la décision du gouvernement.

« Ces organisations de moindre envergure ont une excellente capacité à mobiliser des fonds, même relativement modestes, parce qu’elles comprennent le Népal, sont gérées par des Népalais, et sont résolues à prendre soin de leurs propres communautés. Ces organisations ont besoin et peuvent utiliser rapidement les dons modestes versés par la diaspora népalaise et d’autres soutiens », a écrit M. Dixit.

Climat de soupçon

Mais la décision du gouvernement a éveillé les soupçons autour d’une possible utilisation abusive des fonds. 

Dans sa déclaration, M. Malego a souligné que le Fonds « ne [pouvait] être utilisé pour financer des dons ou des frais généraux et administratifs, y compris ceux liés aux infrastructures et aux indemnités des fonctionnaires ou autres titulaires de charge publique ». Le Fonds fera l’objet d’un audit annuel de la part du vérificateur général des comptes, a-t-il également précisé.

Le gouvernement insiste sur le fait que la fourniture de l’aide doit être gérée à l’échelle des districts, car cela permet aux fonctionnaires locaux de déterminer les priorités en matière de secours en se fondant sur leur connaissance du terrain.

Cependant, d’après un haut fonctionnaire des Nations unies, qui a demandé à rester anonyme afin de pouvoir s’exprimer plus librement, certaines personnes au sein de la communauté internationale du développement craignent que la « fourniture [de l’aide] soit dictée par la classe politique et le patronage ».

La principale source d’inquiétude concerne le fait que le gouvernement cherche à contrôler les dépenses en déployant des fonctionnaires dans les circonscriptions électorales et les districts.

« Ça sent la politisation à plein nez. Ça n’a pas la moindre logique », a dit le fonctionnaire de Nations unies à IRIN.

M. Dixit, en revanche, pense que ces nouvelles règles ont été mal interprétées. Selon lui, il est essentiel d’étouffer les rumeurs de façon à ce que « les fonds continuent de circuler sans interruption, et que l’aide atteigne les communautés les plus négligées et les plus touchées ».

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