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Espions sans frontières ?

Comment l’entreprise Palantir, en lien avec la CIA, a percé dans le secteur humanitaire (et pourquoi cela en inquiète certains dans le milieu)

KayVee.INC/Flickr

  • L’organe de surveillance du nucléaire des Nations Unies, l’AIEA, a bradé un contrat avec Palantir concernant l’Iran et la Corée du Nord
  • Palantir a failli participer à la lutte contre Ebola, mais a fini par y renoncer
  • Le bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies a engagé Palantir pour une démonstration de faisabilité aux Philippines
  • La « licorne » de la Silicon Valley s’intéresse au secteur non lucratif pour se couvrir face à une baisse des opportunités dans la lutte contre le terrorisme
  • Son succès est limité par un souci de confidentialité, pour des raisons politiques et par le choc des cultures entre les deux secteurs 

C’est un logiciel incroyable. Un intégrateur de données tout puissant qui passe au peigne fin des documents, des sites Internet, des réseaux sociaux et des bases de données, transforme ces informations en individus, en lieux, en évènements et en objets et fait apparaître les liens entre eux sur votre écran d’ordinateur pour vous permettre de les examiner et de les analyser.

Cet outil, mis au point par la mystérieuse entreprise de la Silicon Valley Palantir, peut être utilisé pour traiter tout un tas de problèmes humanitaires : du trafic d’êtres humains et d’armes aux inondations. Il pourrait révolutionner la coordination, l’organisation des opérations et les interventions en cas de catastrophe.

Mais des humanitaires du monde entier s’inquiètent. Palantir entretient des liens extrêmement étroits avec le renseignement américain et la frontière entre la politique et l’action humanitaire est sans cesse mise en péril et de plus en plus repoussée.

IRIN a mené l’enquête pendant un mois et a découvert que d’éventuels partenaires humanitaires étaient effrayés par ces liens politiques et sécuritaires qui ont récemment fait capoter un important contrat avec une agence des Nations Unies de premier ordre.

Les capacités d’analyse de données par profil du logiciel de Palantir sont déjà exploitées par de grandes organisations humanitaires américaines comme le Centre Carter, la Fondation Clinton, la Fondation Rockefeller et l’organe de lutte contre l’argent sale du projet Enough, parrainé par George Clooney. 

Map of the Syrian conflict
Carter Center
Palantir powers the Carter Center's Syria conflict tracking, one of numerous non-profit deployments for the technology firm.

« C’est un outil révolutionnaire », a dit Andrew Brenner, de l’initiative « 100 villes résilientes », lancée par la Fondation Rockefeller. « L’intervention de Palantir à Norfolk (ville de Virginie sujette aux inondations) a complètement changé le système d’aménagement de la ville et ses opérations et ce n’est pas rien, de changer le mode de fonctionnement d’une ville. »

Le logiciel d’analyse de données a cependant d’autres applications moins bénignes. Palantir, qui compte parmi ses premiers investisseurs le fonds de capital-risque de la CIA In-Q-Tel, est étroitement lié aux services de sécurité américains. Si étroitement qu’une rumeur court selon laquelle cette entreprise privée basée à Palo Alto aurait aidé à retrouver la trace d’Osama Ben Laden.

L’organe de surveillance du nucléaire des Nations Unies, l’Agence internationale de l’énergie atomique, a elle aussi eu recours à Palantir. L’AIEA est chargée de la difficile tâche de vérifier les accords de non-prolifération — en Iran et en Corée du Nord, par exemple — et a investi 500 000 dollars en 2014 dans le logiciel Gotham de Palantir pour analyser les données auxquelles elle avait accès. 

« Il est stupide de penser que Google, GPS, Microsoft et autres n’ont aucun lien avec les services de renseignement américains, » 

Que des humanitaires cherchent à travailler avec une entreprise si profondément impliquée dans des opérations secrètes semble contraire au principe du secteur et même au sens commun.

Dans de nombreuses régions du monde, avoir le logo de Palantir sur son ordinateur ne donne pas une très bonne image. On craint même presque instinctivement qu’avoir affaire avec Palantir revienne à inviter ouvertement la NSA (l’Agence nationale de sécurité des États-Unis) à lire ses courriers électroniques et à ajouter ses données à la vaste base de renseignements mondiale de l’agence.

Mais selon Andrew Schroeder, directeur de recherche et d’analyse de l’organisation humanitaire américaine Direct Relief, l’un des premiers partenaires philanthropes de Palantir, travailler avec cette entreprise ne revient pas à compromettre ses données et à ouvrir la porte à la CIA.

« Palantir n’est sûrement pas la seule firme de logiciels liée au renseignement. Il est stupide de penser que Google, GPS, Microsoft et autres n’ont aucun lien avec les services de renseignement américains, » a dit M. Schroeder, qui a travaillé avec Palantir aux Philippines lorsque la société a fourni un service d’analyse de données pour un projet de santé de Direct Relief.

« Je pars toujours du principe que s’ils veulent nos données, ils trouveront un moyen de mettre la main dessus. Les humanitaires ne sont de toute façon pas bons en matière de protection des données, » a-t-il fait remarquer. « Mais je ne vois pas ce que ça pourrait apporter aux services de renseignement de connaître les acheminements de matériel médical de Direct Relief. Ils peuvent trouver ça sur notre site Internet. »

Keyboard
Keyboard

Justin Richmond, ancien employé de Palantir, est catégorique : « Ils n’ont pas de programme caché […] Les contrats stipulent que les données ne seront pas transmises aux services de renseignement. »

Paul Currion, conseiller humanitaire, s’inquiète cependant de questions plus fondamentales.

« La technologie est souvent perçue comme étant neutre et c’est comme ça qu’on nous la présente. Mais en réalité, les codes des logiciels sont fondés sur des hypothèses », a-t-il dit.

« Les hypothèses du milieu du renseignement ne sont pas les mêmes que les nôtres. Les logiciels conçus à partir de leurs hypothèses ne servent pas forcément nos objectifs, même si les outils sont en soi utiles. »

Il déconseille de travailler avec une société comme Palantir pour des raisons essentiellement politiques. « La question est de savoir si les organisations humanitaires devraient partager nos préoccupations politiques. Je suis convaincu que oui, que les principes humanitaires devraient réellement se traduire par une préoccupation concernant la surveillance militaro-industrielle et ses prestataires. »

Tom Longley, chercheur en droits de l’homme et technologie, a mentionné un scandale qui a eu lieu en 2011 et a révélé l’implication d’un ingénieur de Palantir dans la planification d’une cyberattaque contre WikiLeaks. L’ingénieur a été suspendu puis renouvelé. « Cela m’intrigue », a écrit M. Longley dans un échange de courriels. « Que faudrait-il pour que Palantir devienne un allié inacceptable ? »

Sanjana Hattotuwa, chercheur au Centre for Policy Alternatives et conseiller spécial de la fondation ICT4Peace, estime que dans ce monde post-Edward Snowden personne ne peut se faire d’illusions : « si vous vous inquiétez de la sécurité [de vos données], vous ne devriez pas être sur Internet ».

« Je pense que Palantir offre un service considéré utile », a-t-il dit. Si on leur découvrait « de profonds liens avec une infrastructure-espionne », ils « seraient finis en tant qu’entreprise et c’est donc dans leur intérêt de dire la vérité ».

« Je ne pense pas qu’ils cachent ce qu’ils sont », a expliqué le directeur d’une organisation à but non lucratif basée à Genève dont l’équipe analyse des données concernant des crises à partir de programmes open source. « Ils présentent leur logiciel comme un outil pour trouver les méchants. »

Cet humanitaire apprécie particulièrement Palantir parce qu’il « ne voi[t] pas d’autre logiciel aussi pratique […] Je veux avoir le meilleur outil et il se trouve que c’est Palantir. »

Palantir n’est d’ailleurs pas la seule startup financée par le fonds de capital-risque de la CIA à intervenir dans l’humanitaire. Recorded Futures, soutenue par In-Q-Tel et Google, surveille le Web pour effectuer une « analyse des menaces en temps réel ». Le Programme des Nations Unies pour le développement a fait appel à ses services après le conflit entre la Géorgie et la Russie afin de rechercher sur les réseaux sociaux des indices d’éventuelles crises à venir.

La coordination de l’action humanitaire va inévitablement devenir de plus en plus difficile. La croissance exponentielle des données se traduit par des informations plus fragmentées, par plus de formats, plus d’outils, plus de complexité et plus d’urgence.

« C’est de plus en plus un problème de logiciel », a dit Jonathan Stambolis, ancien responsable des partenariats internationaux de Palantir et actuel fondateur de Zenysis Technologies. « La difficulté, c’est de rationaliser les informations, de les nettoyer, de les mettre en ordre, de les gérer et de les intégrer. »

L’humanitaire, ou, pour reprendre le terme de Palantir, « l’ingénierie philanthrope », est presque le pan bénévole de l’entreprise, évaluée actuellement à 20 milliards de dollars, ce qui en fait la quatrième entreprise soutenue par un fonds de capital-risque la plus riche au monde (Peter Thiel, l’un des fondateurs de Palantir, possède également d’importantes parts dans le service d’hébergement Airbnb, situé au troisième rang).

Palantir a été lancé en 2004. Son activité principale couvre trois grands domaines : les marchés publics (dans la défense et la sécurité, mais aussi concernant le FBI et le maintien de l’ordre) ; le secteur financier, où son logiciel aide à détecter les fraudes ; et la recherche juridique — appelée « renseignement juridique » par l’entreprise — qui relie les données et aurait participé à la condamnation de l’escroc à la Ponzi Bernard Madoff.

L’entreprise tire ses revenus de la vente de licences de son logiciel innovant, en version standard ou sur mesure. Mais ce qui lui rapporte le plus, ce sont les employés super-intelligents qu’il envoie pour exécuter le programme à la place du client — ses « ingénieurs déployés en avant », dans l’argot militaire de Palantir.

Selon M. Richmond, un système minimal aux taux du marché coûterait 7 millions de dollars par an. Avec toutes les options, le prix s’élève à 12 à 15 millions de dollars, même s’il varie énormément en fonction de l’échelle et de la mission.

Palantir offre cependant ses services aux organisations humanitaires pour presque rien. Pour les propositions de partenariat avec le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA), puis avec la Mission des Nations Unies pour l’action d’urgence contre l’Ebola, Palantir avait offert de telles remises que ces contrats auraient posé problème pour les procédures de passation des marchés des Nations Unies, ont dit à IRIN de hauts fonctionnaires au courant des détails.

« La branche philanthropique de Palantir a tendance à s’intéresser davantage aux problèmes posés qu’à la capacité de paiement [du secteur de l’aide] », a dit M. Schroeder.

« Ils trouvent qu’il est dans l’intérêt de l’entreprise, du point de vue du recrutement, que leurs ingénieurs travaillent sur les problèmes les plus durs au monde, comme le trafic d’êtres humains ou les secours post-catastrophes, des sujets qui ont du sens. »

« Je pense qu’ils ont sous-estimé notre paranoïa concernant le côté obscur. »

Au départ, Palantir semblait davantage s’intéresser au secteur non lucratif dans le but de changer de modèle d’entreprise plutôt que par altruisme. Direct Relief a été l’un de ses premiers partenaires et selon M. Schroeder, avant l’émergence de l’autoproclamé État islamique, la lutte contre le terrorisme semblait en déclin et ne présentait pas les mêmes opportunités de croissance qu’aujourd’hui.

« Rétrospectivement, je nous vois comme une sorte de projet de recherche », a dit M. Schroeder. Ils savaient qu’il y avait des clients plus « payants » dans le secteur des secours d’urgence, « nous n’en faisions simplement pas partie ».

En 2013, le typhon Haiyan a donné à Palantir l’occasion de démontrer aux humanitaires les capacités de son logiciel. Leur porte-parole était alors M. Stambolis, qui avait été conseillé du secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-moon et connaissait Valerie Amos, alors directrice d’OCHA. « C’est comme ça qu’ils ont fait leur entrée dans le secteur », a dit un fonctionnaire d’OCHA.

Ils étaient très motivés pour comprendre les difficultés relatives aux données et ont mis en œuvre un service « qui, quoi, où » en parallèle avec OCHA. L’une des questions qui leur ont été demandé d’étudier, ce qu’ils ont fait avec succès, c’était l’éventuelle utilisation politique de la distribution de l’aide alimentaire. La réponse n’a pas été rendue publique par OCHA.

Bien que M. Stambolis dit n’avoir eu vent d’aucun malaise concernant les liens de Palantir avec le renseignement, plusieurs employés d’OCHA ont confirmé que l’accord avait avorté à cause de telles craintes. « Le personnel [des relations avec les bailleurs de fonds] d’OCHA a dit que nous devions faire très attention à notre mode de collaboration avec eux », a écrit à IRIN un fonctionnaire fort d’une longue expérience dans les secours post-catastrophes.

« Je suis sûr qu’ils pensaient pouvoir devenir l’infrastructure centrale d’information de la communauté humanitaire », a dit le directeur humanitaire basé à Genève. « Si c’est bien le cas, ils ne sont pas sur la bonne voie. Je pense qu’ils ont sous-estimé notre paranoïa concernant le côté obscur. »

Sa demande d’anonymat en est un bon exemple. Il a montré son intérêt à Palantir et les a rencontrés au moins une fois dans leur bureau de Washington, mais ils ne lui ont pas encore fait d’offre. « Ils doivent être occupés », a-t-il dit.

Mais il n’a pas voulu que son nom ni celui de son organisation soient mentionnés dans cet article. « Si notre utilisation de ce logiciel était dévoilée, notre crédibilité en prendrait un coup et nous deviendrions le mouton noir du secteur de l’humanitaire. »

John Naccarato/Flickr

Cela en dit long sur la différence culturelle entre les traditions humanitaires des États-Unis et d’Europe, comme le montre l’utilisation de Palantir par l’élite du secteur non lucratif américain. Pour M. Currion, la philanthropie américaine est davantage « wilsonienne » — c’est-à-dire encline à travailler dans le sens des objectifs de politique étrangère du gouvernement — par opposition aux valeurs plus « dunantistes » d’indépendance, d’impartialité et de neutralité.

Selon M. Richmond, ancien ingénieur « déployé en avant », Palantir est confronté à un problème plus critique : « [l’entreprise] ne comprend pas vraiment le monde de l’humanitaire — ils ne parlent pas le même langage ».

Palantir aborde par exemple la coordination comme un exercice de distribution des tâches logistique. En offrant une vue opérationnelle commune, il est possible de la rendre extrêmement efficace. Mais tous les humanitaires ne sont pas habitués à un tel niveau de partage d’objectifs.

« Il y a une différence entre le modèle opérationnel militaire et nous », a dit le candidat au partenariat avec Palantir basé à Genève. « Le niveau tactique n’existe pas pour nous. Je n’ai pas besoin de savoir où se trouve chaque camion, quel pont est écroulé. Nous nous trouvons à un niveau bien plus stratégique (savoir, par exemple, si on cible le bon district). »

Pour reprendre l’image de M. Richmond : « C’est une Ferrari et on n’a pas toujours besoin d’une Ferrari. »

 Palantir a travaillé avec :

Le Centre national pour les enfants disparus et exploités

Le LRA Crisis Tracker

Le Consortium international des journalistes d’investigation

Médecins pour les droits de l’homme

La Fondation Grameen (Ouganda) 

Palantir a été bien plus proche de conclure un marché avec les Nations Unies pour la lutte contre Ebola, à l’époque où le virus était considéré comme la plus grande menace contre la santé mondiale. Mais, cette fois, c’est l’entreprise qui a fait machine arrière.

« Vous ne pouviez pas trouver un désordre plus grand avec une telle nécessité d’intégration de données », a dit une source de haut rang du département de l’appui opérationnel des Nations Unies. « Mais je pense qu’ils ont eu peur de prendre le risque d’envoyer du personnel sur le terrain, à cause de la maladie. Mais sans personnel sur le terrain, ça n’aurait pas marché. »

M. Stambolis, qui négociait l’accord, mais qui a quitté l’entreprise avant la date de signature prévue, est du même avis, mais a ajouté un élément supplémentaire : « Pour bien faire le travail, il aurait fallu y consacrer énormément d’attention et de ressources », alors que l’entreprise se développait incroyablement vite dans de nombreux autres domaines plus lucratifs.

C’est parce que Palantir n’a pas décidé de se consacrer uniquement au secteur humanitaire que M. Stambolis a créé Zenysis Technologies. Après deux ans passés dans l’entreprise « à essayer de surmonter les obstacles institutionnels, j’ai réalisé que pour réellement libérer le potentiel [de la Silicon Valley] pour résoudre les problèmes qui nous tenaient à cœur, il fallait créer une nouvelle organisation, uniquement consacrée à servir la communauté humanitaire mondiale. »

« Avec le temps, je pense que le modèle philanthropique de Palantir a changé », a dit M. Schroeder. « Ils avaient hérité d’un ensemble de pratiques d’entreprise de leurs autres clients et ils essayaient de trouver comment les appliquer aux organisations à but non lucratif. Je pense que ce qui les a surpris, c’est à quel point ils devaient changer pour adapter leur technologie au contexte caritatif. »

Palantir pourrait bien avoir décidé ne pas avoir besoin de s’embêter avec l’humanitaire. M. Richmond pense d’ailleurs que le secteur a davantage besoin de Palantir que l’entreprise, occupée à engloutir des espaces de bureau à Palo Alto, n’a besoin de lui. Palantir n’a pas souhaité répondre aux nombreuses questions d’IRIN.

Même si l’entreprise a enregistré une croissance ahurissante, elle n’est pas immune aux turbulences qui secouent actuellement les marchés. Cela pourrait la rendre encore plus pointilleuse en matière de choix de partenaires philanthropes.

Le directeur basé à Genève attend toujours patiemment leur appel. « J’ai pris contact avec eux, mais ils n’ont pas saisi l’occasion », a-t-il dit. « Peut-être que notre discours ne les intéresse pas. »

oa/ag/bp/ha-ld/amz 

Publié le 9 mars 2016

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