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Un rapport des Nations Unies sur les crimes de guerre au Sri Lanka

Vijitha Pavanendran holds a photo of her husband who was killed by unknown attackers during Sri Lanka's civil war   Amantha Perera/IRIN
Vijitha Pavanendran montre la photo de son mari, tué par des individus non identifiés lors de la guerre civile srilankaise
Thavarasa Utharai dit qu'elle n'est pas sûre d'où se trouve Genève, mais elle attend avec impatience la publication dans la ville suisse d'un rapport qui devrait dénoncer les crimes de guerre commis pendant la guerre civile au Sri Lanka.

Après avoir accédé à la demande du gouvernement srilankais de reporter de six mois la publication du rapport, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme devrait enfin présenter les résultats de son enquête d'ici deux semaines.

Les victimes comme Mme Utharai espèrent que ce rapport leur donnera des informations sur des proches disparus lors de la guerre qui a déchiré le Sri Lanka pendant plusieurs dizaines d'années, opposant les forces du gouvernement aux Tigres de libération de l'Eelam tamoul (ou Tigres tamouls). Lors de ce conflit, des exactions ont été commises par les deux camps.

Mme Utharai a tenté de découvrir ce qui était arrivé à son mari depuis qu'il a disparu alors qu'il veillait sur son troupeau le 20 mars 2009 à Unnichchi, village à près de 350 kilomètres à l'est de Colombo, la capitale du pays.

« Je me suis tournée vers toutes les autorités que j'ai pu », a-t-elle dit à IRIN en mentionnant l'unité des enquêtes pénales de la police, une commission présidentielle, des fonctionnaires d'État et le Comité international de la Croix-Rouge (CICR).

« Je n'en sais pas plus sur le sort de mon mari qu'en 2009. »

Au lieu d'obtenir des informations, Mme Utharai a dit avoir été l'objet d'intimidations. Lorsqu'elle a tenté de se renseigner auprès de la police en 2013, elle s'est vu dire qu'il serait plus sûr pour elle de déclarer son mari comme décédé plutôt que de continuer à poser des questions sur ce qui lui est arrivé.

Le mari de Mme Utharai fait partie des milliers de civils disparus pendant le conflit de 1976-2009, qui a opposé le gouvernement srilankais, dominé par des membres de l'ethnie majoritaire cinghalaise, et les Tigres tamouls, en rébellion après des attaques contre la minorité tamoule.

Outre l'investigation des Nations Unies sur les violations de droits de l'homme, une commission présidentielle srilankaise enquête sur les personnes disparues depuis 2013 et a jusqu'à présent reçu 20 000 plaintes déposées par des personnes dont des proches ont disparu. Ce chiffre compte à la fois des civils et des combattants des deux camps. Le CICR a enregistré 16 064 cas de personnes portées disparues depuis 1990.

Le gouvernement du Sri Lanka s'est montré réticent à creuser trop profondément ces questions. C'est d'ailleurs parce que l'État srilankais ne le faisait pas que le Conseil des Nations Unies pour les droits de l'homme a décidé d'enquêter sur les allégations de crimes de guerre. Le rapport qui va bientôt être publié devrait donner des éclaircissements sur les atrocités commises telles que les enlèvements et les attaques contre des civils pendant les dernières années de la guerre, y compris lors de l'assaut final de mai 2009 contre les Tigres tamouls par les forces gouvernementales, à l'occasion duquel ces dernières ont bombardé des zones de sécurité où des dizaines de milliers de civils avaient cherché refuge.

La dynamique politique au Sri Lanka a changé en janvier, lorsque l'ancien ministre de la Santé, Maithripala Sirisena, a infligé un cinglant revers à Mahinda Rajapaksa, qui achevait son deuxième mandat, après une campagne présidentielle serrée. Le nouveau gouvernement de M. Sirisena s'est montré plus enclin à remuer le passé afin de favoriser la réconciliation entre les Cinghalais et les Tamouls.

Sur l'engagement du gouvernement à coopérer dans le domaine des droits de l'homme, le Conseil des Nations Unies pour les droits de l'homme a accepté en février de reporter de six mois la publication de son rapport.

Les élections du mois d'août ont donné encore plus de courage au gouvernement pour chercher les responsables de ces exactions, car le parti de M. Sirisena a obtenu la majorité au Parlement, neutralisant ainsi l'opposition des alliés de son prédécesseur, tenant d'une ligne plus dure. La semaine dernière, M. Sirisena a prolongé le mandat de l'enquête présidentielle sur les personnes disparues, qui devait expirer ce mois-ci. Les membres du cabinet du président ont dit que le gouvernement prévoyait d'aller plus loin en mettant sur pied un organisme distinct avec des conseillers étrangers pour enquêter sur les crimes de guerre afin de condamner les coupables.

« Le président va maintenant sans doute avancer dans la mise en place d'une nouvelle commission d'enquête, puisqu'il a le soutien du Parlement », a dit un fonctionnaire sous couvert d'anonymat en raison du caractère sensible de ce sujet.

Des victimes et des défenseurs des droits de l'homme ont dit que cela ne serait pas suffisant. Ils veulent que les personnes accusées de crimes de guerre soient poursuivies devant un tribunal international.

« Comment pouvons-nous avoir confiance dans un mécanisme national ? Certains d'entre nous ont cherché des réponses pendant des décennies et l'État n'a jamais apporté de réponse satisfaisante », a dit Pasthapoddi Eswaran, dont le mari a été tué par des personnes non identifiées en 1990. « Nous voulons un mécanisme fiable et qui ne soit en aucun cas partial. »

ap/jf/ag-ld/amz 
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