Cette mère de deux enfants de 20 ans craint de ne pas pouvoir trouver de quoi nourrir correctement son nouveau-né et sa petite fille.
« Mes enfants n’ont pas l’air bien », a dit Mme Tamang à IRIN, le visage soucieux. « Et il n’y a pas de centre de santé à proximité. »
Outre sa maison, la famille de Mme Tamang a perdu ses chèvres, ses bestiaux et toutes ses réserves de nourriture. Mme Tamang, son mari, leur fille de 14 mois et leur fils de trois semaines vivent désormais dans un abri improvisé avec des branches, du chaume et de la tôle.
Son mari Surendra, qui est âgé de 28 ans, a dit à IRIN qu’il n’avait pas réussi à trouver du travail depuis le tremblement de terre. Sans emploi, il a peur de ne plus pouvoir subvenir aux besoins de sa famille et acheter la nourriture dont sa femme allaitante et ses très jeunes enfants ont si désespérément besoin.
Des vivres ont été distribués récemment à Sankhu, une ville voisine ayant été gravement touchée par le tremblement de terre. Mais rien n’est parvenu au village de Mme Tamang.
« L’acheminement des secours concerne plutôt les zones où la destruction et les déplacements sont massifs, pas les endroits où les maisons ne sont qu’à moitié détruites », a expliqué Bikash Tamang, un travailleur social local.
Des programmes ciblés
Certains craignent que les femmes enceintes et allaitantes de certaines régions – ainsi que leurs bébés – ne reçoivent pas l’aide dont elles ont besoin en raison de la façon dont les priorités en matière d’aide sont établies au Népal.
« De nombreuses femmes perdent l’accès aux services fondamentaux de santé reproductive » après une catastrophe de cette nature, a dit à IRIN Giulia Vallese, la représentante de l’UNFPA au Népal. Cela signifie parfois que les femmes « accouchent dans des conditions épouvantables, sans accès à des services d’accouchement sûrs ou à des soins pouvant sauver des vies ».
Sumnima Tuladhar, la directrice générale de Child Workers in Nepal (CWIN), une organisation non gouvernementale (ONG) qui lutte contre le travail des enfants, est également d’avis que des programmes ciblés sont nécessaires pour protéger les mères et les enfants.
« Nous devons nous montrer extrêmement vigilants à présent, en particulier en ce qui concerne la situation des nouveau-nés. Il faut agir vite pour intensifier les services pédiatriques », a dit Mme Tuladhar.
CWIN, qui s’est associé à la Société népalaise de pédiatrie, a déjà procédé à l’examen médical d’environ 1 800 enfants dans 11 des districts les plus gravement touchés.
Les besoins physiques des enfants sont relativement simples à identifier et à satisfaire, mais leur bien-être psychologique au lendemain d’une catastrophe de grande ampleur est souvent bien plus difficile à évaluer. D’après les experts, il est fondamental que les enfants de tous âges puissent s’exprimer librement.
« Certains enfants sont hyperactifs, tandis que d’autres sont très renfermés. Il est important de créer un environnement adapté à chacun », a dit la psychologue Akanchha Karki, qui travaille pour CWIN.
L’importance du jeu
Un certain nombre d’espaces dits « adaptés aux enfants » ont été créés à Katmandou et dans d’autres districts affectés par la catastrophe. Des jeux et des activités sportives y sont notamment organisés.
« Cela fait une énorme différence lorsque vous voyez des enfants assis entre eux dans un camp qui cherche à créer un environnement d’apprentissage », a dit Mme Shakya à IRIN.
L’UNICEF a également lancé une émission quotidienne intitulée Herdai Sundai (« parler et écouter »). L’émission, qui s’adresse aux enfants, est diffusée en direct sur Radio Nepal, la plus importante chaîne du pays. Celle-ci prétend atteindre plus de 70 pour cent des 28,5 millions d’habitants que compte le Népal.
Il n’existe cependant aucun projet humanitaire ciblant les grands enfants et les adolescents dans de nombreuses régions situées à l’extérieur de la capitale.
« Beaucoup d’enfants ont vu ou entendu d’autres enfants mourir, et il est temps à présent que des psychologues soient mobilisés dans l’ensemble des zones touchées par le tremblement de terre », a dit Mme Karki.
Manju Tamang, 12 ans, a témoigné de la résilience dont les enfants sont capables en se frayant un chemin parmi les ruines de son école.
« Ça tremblait tellement tous les jours... Je n’ai plus peur des tremblements de terre maintenant », a-t-elle dit d’un ton résolu.
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